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Moyen Orient et Monde - Éclairage

« Les Tories nous ont poussés à nous entre-déchirer »

De gauche à droite : Nigel Farage, leader du parti europhobe et anti-immigration UKip, David Cameron, le Premier ministre britannique, et Boris Johnson, l’ancien maire conservateur de Londres (pro-Brexit). Daniel Leal-Olivas et Scott Heppell/AFP

« Le plus choquant avec ce référendum, c'est le tour personnel et injurieux qu'il a pris », regrette, en larmes, Anthony Dunn. C'est dire son soulagement que la campagne soit terminée et que les Britanniques se soient enfin prononcés pour rester ou non dans l'Union européenne.
Ce Londonien de 58 ans raconte qu'il a été accusé d'être un traître parce qu'il militait pour le « Remain » (rester), lors des meetings. On lui a même dit qu'il devait s'exiler. Toute cette violence, selon lui, c'est la faute en premier lieu des conservateurs du Premier ministre David Cameron, qui ont voulu ce référendum avant de se battre comme des chiffonniers sur son issue. « Je suis consterné en voyant ce que les Tories ont fait à ce pays. Ils nous ont poussés à nous entre-déchirer », dit-il.

 

(Lire aussi : Brexit : les principaux acteurs de la campagne)

 

Les accusations de mensonges ont fusé entre les deux camps, voire les insultes. Le camp du « In » a été taxé de « projet de la peur » pour avoir pronostiqué un effondrement économique en cas de sortie, celui du « Out » de « projet de la haine » pour ses dénonciations de l'immigration. Chacun des deux camps a été accusé par des organismes indépendants de déformer les faits. L'agressivité du débat a provoqué le malaise, encore plus après le meurtre de la députée pro-UE Jo Cox, la semaine dernière.

(Lire aussi : Sept conséquences pratiques d'un Brexit pour les Britanniques)


Les passions se sont déchaînées autour de deux principaux thèmes : l'économie et l'immigration. Si les Britanniques n'ont en général pas un amour démesuré pour l'UE, la plupart considéraient ces dix dernières années qu'il s'agissait d'une question secondaire, sur laquelle ils sont nettement mal informés. Une étude de l'institut Ipsos Mori montre ainsi que les idées fausses circulent sur de nombreux sujets, comme le niveau de subventions européennes versées au Royaume-Uni (sous-estimé) ou le nombre de citoyens européens vivant au Royaume-Uni (très surestimé). Sara Hobolt, de la London School of Economics, estime que la campagne électorale ne les a pas, ou peu, éclairés. « Elle a été très négative et s'est concentrée sur les peurs des gens, en jouant sur l'émotion, au lieu de donner des informations nuancées », estime-t-elle.

 

(Lire aussi : « La sortie du Royaume-Uni serait comparable à l'amputation d'un bras pour l'UE »)

 

Outre la confusion qui règne sur les arguments, l'inquiétude est forte de voir les divisions créées par les deux campagnes avoir des répercussions durables. Un sondage YouGov révèle que la moitié des Britanniques – et 70 % des électeurs qui veulent voter « Remain » – pensent que la campagne a contribué à diviser la société britannique. Le quotidien Daily Mirror, qui appelle à voter pour rester dans l'UE, a dénoncé la campagne « la plus clivante, vile et désagréable, de mémoire ». L'un des moments les plus controversés a été la publication, par le parti europhobe et anti-immigration UKip, d'une affiche montrant une file de réfugiés avec la mention « point de rupture ».
Et si le meurtre particulièrement violent de Jo Cox a offert un répit dans les attaques, entraînant la suspension de la campagne pendant quelques jours, il n'aura pas empêché les invectives de reprendre de plus belle sitôt le deuil terminé.

 

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