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Moyen Orient et Monde - Golfe

Bahreïn déchoit de sa nationalité le chef de la majorité chiite

Pour l'Iran, les autorités de Manama ont franchi « une ligne rouge ».

Des bahreïnies manifestent contre la décision du gouvernement de déchoir de sa nationalité le plus haut dignitaire chiite du pays, le cheikh Issa Qassem. Reuters/Hamad I Mohammad/File Photo

Le gouvernement bahreïni a déchu hier de sa nationalité le plus haut dignitaire chiite du pays et critique du pouvoir monarchique sunnite. Pour justifier sa décision de retirer sa nationalité au cheikh Issa Qassem, le ministère de l'Intérieur a accusé le cheikh de servir « des intérêts étrangers » et d' « encourager le confessionnalisme et la violence », alors que Bahreïn accuse l'Iran chiite, qui dément, de s'ingérer dans ses affaires et d'entretenir la violence.

Cheikh Issa Qassem « a adopté la théocratie et proclamé l'allégeance absolue aux dignitaires religieux, par ses discours et ses fatwas », a indiqué le ministère de l'Intérieur en l'accusant d'« avoir nui aux intérêts suprêmes du pays » et « entretenu des contacts réguliers avec des organisations étrangères et des parties hostiles au royaume ». Le ministère laisse entendre dans son communiqué que ce dignitaire n'était pas originaire de Bahreïn, mais ne précise pas à quelle date il a obtenu la nationalité bahreïnie, alors que différentes sources en ligne indiquent que l'homme est natif de Diraz.

Considéré comme le chef spirituel de la majorité chiite et officiant comme imam et prédicateur dans une mosquée de la localité de Diraz, cheikh Issa Qassem est connu pour ses critiques contre le gouvernement dans ses prêches prononcés à la prière hebdomadaire du vendredi. Aucune indication n'a été fournie sur le sort du cheikh Issa Qassem après le retrait de sa nationalité.

Aussitôt après l'annonce des autorités, des milliers de manifestants ont envahi les rues de Diraz, dans la banlieue ouest de la capitale Manama, en brandissant des portraits de leur leader et scandant des slogans hostiles au roi Hamad ben Issa al-Khalifa, selon des témoins. La police s'est déployée en nombre et a bouclé les accès au village, ont-ils ajouté.

Des organisations de défense des droits de l'homme affirment que c'est plutôt le pouvoir à Manama dirigé par une dynastie sunnite qui encourage la violence en réprimant la contestation animée par la majorité chiite qui réclame une véritable monarchie constitutionnelle.

 

 

(Lire aussi : Prison et retrait de nationalité pour huit chiites coupables d'avoir fondé le "Hezbollah bahreïni")

 

« Parties hostiles »
Le Premier ministre Khalifa ben Salmane al-Khalifa réaffirmé en Conseil des ministres hier « la fermeté » de la politique de son gouvernement pour « préserver la sécurité, renforcer la stabilité » du pays et prévenir « le confessionnalisme et la violence ». « Il n'y aura pas de place pour ceux qui incitent à la violation de la loi ou qui menacent la sécurité du pays », a-t-il martelé.

Le retrait de la nationalité au dignitaire religieux illustre le durcissement du régime qui a accéléré les mesures répressives contre l'opposition et les militants chiites, malgré les inquiétudes exprimées par les États-Unis et l'Onu.

En mai, le chef du principal mouvement d'opposition chiite al-Wefaq, Ali Salmane, emprisonné depuis décembre 2014, a vu sa peine alourdie en appel de quatre à neuf ans de réclusion, sous l'accusation de complot contre le régime et d'incitation à la désobéissance et la haine confessionnelle.

 

(Pour mémoire : A Bahreïn, la condamnation en appel du chef de l'opposition ravive les tensions)

 

« Complicité » de l'Iran
Les activités d'al-Wefaq ont été ensuite suspendues par les autorités, alors que l'opposant et militant des droits de l'homme Nabil Rajab a été de nouveau arrêté. À la suite de ces mesures, Washington s'est dit « profondément troublé » et a appelé Bahreïn à les « reconsidérer ».

Pour le général iranien Qassem Soleimani, commandant de la brigade al-Qods des gardiens de la révolution, les autorités de Bahreïn ont franchi « une ligne rouge » en prenant cette décision qui, ajoute-t-il dans un communiqué publié par l'agence de presse Fars, « ne laissera d'autre choix au peuple que de recourir à la résistance armée ». « Les Khalifa (la famille régnante sunnite de Bahreïn) en paiera le prix et leur régime assoiffé de sang sera renversé », ajoute le commandant de la force d'élite des pasdarans.

La justice a rendu plusieurs jugements retirant leur nationalité à des Bahreïnis souvent reconnus coupables de violences, que les autorités attribuent régulièrement à des « terroristes » bénéficiant selon elles de la « complicité » de l'Iran.

Siège de la Ve Flotte américaine, Bahreïn est le théâtre de troubles sporadiques depuis la répression d'un mouvement de contestation lancé en février 2011 dans la foulée du printemps arabe. Le pouvoir nie toute discrimination envers les chiites et accuse régulièrement l'Iran de « tentatives de déstabilisation ». Washington entretient des relations compliquées avec Manama et garde un œil sur le dossier ultrasensible des droits de l'homme.

 

 

Pour mémoire
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Le gouvernement bahreïni a déchu hier de sa nationalité le plus haut dignitaire chiite du pays et critique du pouvoir monarchique sunnite. Pour justifier sa décision de retirer sa nationalité au cheikh Issa Qassem, le ministère de l'Intérieur a accusé le cheikh de servir « des intérêts étrangers » et d' « encourager le confessionnalisme et la violence », alors que Bahreïn...

commentaires (4)

ILS VIENNENT DE PROVOQUER LES FURIES D,EOLE...

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 04, le 21 juin 2016

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • ILS VIENNENT DE PROVOQUER LES FURIES D,EOLE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 04, le 21 juin 2016

  • Il faudrait faire la même chose au Liban avec ceux qui ont trahi les intérêts de leur pays en épousant la nationalité de Wilayet El Fakih et en détruisant toutes les institutions libanaises.

    Saleh Issal

    12 h 39, le 21 juin 2016

  • On dira que ça sent la fin d'un régime de dictature, basé sur la confession , mais qui n'a pas le privilège d'être condamné, comme le sont les autres. Et pourquoi donc ?

    FRIK-A-FRAK

    11 h 15, le 21 juin 2016

  • PLUS GRANDE CONNERIE ILS NE POUVAIENT PAS FAIRE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 16, le 21 juin 2016

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