L'Iran accuse une Irano-britannique, employée de la Fondation Thomson Reuters et détenue depuis le 3 avril, d'avoir voulu "renverser en douceur le régime" avec "le soutien de services d'espionnage" étrangers. Détentrice de la double nationalité iranienne et britannique, non reconnue en Iran, Nazanin Zaghari-Ratcliffe a été arrêtée alors qu'elle s'apprêtait à rentrer au Royaume-Uni avec sa fille après une visite à sa famille en Iran.
Mme Zaghari-Ratcliffe, 37 ans, "était membre de sociétés et fondations étrangères visant à préparer et exécuter des projets (...) avec pour objectif de renverser en douceur le régime sacré de la République islamique", ont accusé mercredi les Gardiens de la révolution, la puissante armée d'élite du régime.
La fillette de deux ans de Mme Zaghari-Ratcliffe avec qui elle voyageait, a été obligée de rester en Iran dans sa famille, son passeport britannique lui ayant été retiré au moment de l'arrestation de sa mère le 3 avril.
Interrogé par l'AFP à Londres, son mari Richard Ratcliffe a jugé "complètement absurdes" les allégations des Gardiens de la révolution. "Cela a pris 70 jours pour en arriver là et ce que cela signifie n'est toujours pas clair", a-t-il affirmé. Il a ajouté que son beau-père "avait pris un avocat" pour s'occuper du dossier avant de préciser que son dernier contact téléphonique avec son épouse remontait au 30 mai.
Un porte-parole du Foreign Office a déclaré que Londres cherchait à obtenir "d'urgence" auprès des autorités iraniennes des informations sur ces accusations contre Nazanin Zaghari-Ratcliffe. "Nous avons évoqué ce cas à plusieurs reprises au plut haut niveau et allons continuer à le faire à chaque occasion possible", a-t-il rappelé.
Nazanin Zaghari-Ratcliffe a été arrêtée le 3 avril à l'aéroport de Téhéran alors qu'elle s'apprêtait à rentrer au Royaume-Uni avec sa fille. "Ils ont d'abord parlé d'un problème de passeport, demandant à ma femme de confier notre fille à ses parents avant de les suivre", avait alors déclaré son mari.
Vendredi, il avait organisé un rassemblement devant l'ambassade d'Iran à Londres pour réclamer la libération de son épouse.
"Rien à voir avec l'Iran dans son travail"
La PDG de la fondation Thomson Reuters, Monique Villa, présente à ce rassemblement, avait indiqué que si la jeune femme travaillait bien pour la fondation, "elle n'a rien à voir avec l'Iran dans son travail, d'ailleurs la fondation ne travaille pas avec l'Iran".
Le communiqué des Gardiens de la révolution accuse Mme Zaghari-Ratcliffe d'être "l'une des principales responsables des réseaux de sociétés hostiles menant des activités criminelles sous la direction et avec le soutien de services d'espionnage de gouvernements étrangers".
Le texte a été émis par la section des Gardiens de la révolution de la région de Kerman (sud-est), où est détenue Mme Zaghari-Ratcliffe, et reproduit par l'agence Mizanonline liée à l'autorité judiciaire d'Iran.
"Durant sa détention à la prison de Kerman dans une pièce aménagée, elle était en contact téléphonique et direct régulier avec sa famille", assure le communiqué.
M. Ratcliffe avait affirmé que son épouse avait été placée en "isolement".
Les Gardiens précisent dans leur communiqué que le dossier a été envoyé à Téhéran pour les procédures judiciaires et que "des agents des services de renseignements des Gardiens de la révolution mènent actuellement des enquêtes complémentaires."
Pour mémoire
L'épreuve endurée par la femme du journaliste Rezaian pour sortir d'Iran
"C'était très éprouvant", raconte l'un des Iranos-Américains libérés par Téhéran
"Une Irano-Britannique accusée d'avoir voulu (renverser le régime) iranien." ! A elle toute seule ? Il doit être vraiment bien branlant, pour qu'une "bonne femme" pareille really toute seule puisse "menacer" un régime de môllâhs enturbannés pareils.... Yâ hassértéééh !
16 h 29, le 16 juin 2016