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Moyen Orient et Monde - Décryptage

Orlando : quelles conséquences pour la cause homosexuelle aux États-Unis ?

Près d'un an après la légalisation du mariage gay aux USA, la communauté est frappée par un drame.

Hier, à Athènes, lors d’une manifestation en solidarité avec les victimes gays de l’attaque d’Orlando. Louisa Gouliamaki/AFP

C'était il y a un an ou presque. Le 26 juin 2015, la Maison-Blanche se parait des couleurs de l'arc-en-ciel. Les Américains célébraient la décision de la Cour suprême de légaliser le mariage gay. Une décision historique dans le long processus de lutte mené par la communauté LGBT depuis des décennies, depuis l'activiste Harvey Milk jusqu'aux personnages publics d'aujourd'hui. Le président Barack Obama avait alors salué une « victoire » pour l'égalité du mariage. Une victoire historique qui a fait tache d'huile, en Irlande, en Colombie et bientôt en Finlande.


Mais un an après, la communauté homosexuelle est en deuil, aux États-Unis, après le massacre perpétré dans la nuit de samedi à dimanche, dans une boîte gay à Orlando, par un Américain d'origine afghane de 29 ans. Cette tuerie s'inscrit dans un climat d'homophobie prégnant, dans un pays où une partie de la population est toujours hostile à toute avancée en ce sens. Le thème de l'homosexualité suscite encore des débats brûlants, notamment durant la campagne présidentielle du côté des républicains, parfois de manière extrêmement virulente.

 

(Lire aussi : Le tueur d'Orlando, un "loup solitaire" au passé complexe)


En visant spécifiquement des homosexuels, l'assaillant a indéniablement commis un acte homophobe. Dans les médias et sur les réseaux sociaux, aux États-Unis, les débats vont bon train quant à la nature du crime et ses répercussions sur la course à la présidence américaine. Mais ils portent davantage sur la question de l'islam radical que sur celle de la montée de l'homophobie. Visés parce que gays, comme l'avaient été, le 9 janvier 2015 en France, des juifs parce que juifs, pourquoi cet attentat, qui a fait 49 morts et autant de blessés, est-il davantage présenté comme un acte terroriste que comme un crime homophobe ? Pour l'historien américain Georges Chauncey, interrogé hier par le journal Le Monde, « les gays ont le sentiment que beaucoup d'hommes politiques, surtout républicains, ainsi que certains médias n'ont pas assez insisté sur le fait que le Pulse est une boîte gay ». Selon lui, certains « vont tenter de détourner l'attention du caractère homophobe du massacre pour recentrer le débat sur l'islam (...) alors que la majorité des homosexuels ne considèrent pas l'islam ou l'immigration comme responsable de cette tuerie (...), mais pensent que c'est le résultat du sentiment antigays qui continue à exister partout aux États-Unis ». Y aura-t-il alors un avant et un après Orlando pour la cause LGBT, et quelles en seront les conséquences, dans un pays où les discriminations persistent ?

 

(Lire aussi : Islam ou lobby des armes, l’attentat d’Orlando révèle les divisions à l’approche de la présidentielle)

 

Soutien des démocrates
Nicole Bacharan, historienne, politologue, spécialiste des États-Unis, auteure de l'ouvrage Du sexe en Amérique. Une autre histoire des États-Unis (Robert Laffont, 2016), rappelle l'histoire des violences envers les gays, notamment l'épisode tragique en 1973, dans un bar gay de La Nouvelle-Orléans. 32 personnes avaient trouvé la mort dans un incendie volontaire, aux circonstances troubles. Le pyromane homophobe ne sera jamais appréhendé et l'affaire est passée sous silence. Même si « ces dernières années la marche vers l'égalité des droits a été très forte, les homosexuels se sentent toujours menacés », estime Nicole Bacharan, contactée par L'Orient-Le Jour. « Extrêmement bouleversés » après cet attentat sanglant, les gays se sentent toutefois « reconnus comme des membres à part entière de la nation ». Toute la nation ? La question mérite d'être posée, car si du côté des démocrates le soutien semble inconditionnel, la frange conservatrice du parti des républicains, fervente opposante à la cause des homosexuels, ne s'est pas exprimée. « Pour le moment, les ultraconservateurs, évangélistes ou autres ne sont pas allés dire du mal. Cela viendra peut-être plus tard », confie la politologue. Une heure seulement après le drame, le gouverneur adjoint du Texas, Dan Patrick, connu pour ses positions antigays, a écrit un tweet homophobe, reprenant un psaume de la Bible : « On ne se moque pas de Dieu. Ce qu'un homme aura semé, il le récoltera aussi. » Après avoir déclenché un véritable tollé, le tweet a été supprimé de la page de l'homme politique en question. Le candidat à l'investiture républicaine, Donald Trump, a quant à lui apporté son soutien à la communauté gay, toute comme son adversaire, la démocrate Hillary Clinton. Mais le milliardaire américain a accentué sa rhétorique antimusulmane pour jouer sur les peurs et critiquer Mme Clinton. Une islamophobie qui pourrait se répandre davantage au fil des jours, donc favoriser la victoire politique de M. Trump, sans toutefois atteindre la communauté gay. Pour Nicole Bacharan, il n'y aurait pas de risque, même si un attentat de la sorte « a toujours des répercussions sur certains individus hostiles à ce qui leur semble étranger ». Hillary Clinton avait souligné en juin 2015 que le « courage et la détermination de la communauté LGBT ont changé les cœurs, les opinions et les lois ».


Hier encore, le Washington Post évoquait un pasteur baptiste de Sacramento, en Californie, implorant les chrétiens de « ne pas faire le deuil des 50 sodomites ». Une preuve de plus que l'islam radical ne dispose pas du monopole de l'homophobie aux États-Unis.

 

 

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commentaires (2)

DERNIER DES SOUCIS...

LA LIBRE EXPRESSION

21 h 50, le 15 juin 2016

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Commentaires (2)

  • DERNIER DES SOUCIS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 50, le 15 juin 2016

  • Un article qui nous éclaire sur une discrimination dans la discrimination . Entre les 2 "maux" , la société a fait son choix , l'islamophobie est bien supérieur à l'homophobie, car les seuls à ne pas pouvoir procréer, mais qui prolifèrent quand même, c'est bien les gays.

    FRIK-A-FRAK

    16 h 53, le 15 juin 2016

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