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Économie - Conférence

Médicaments : l’industrie locale face au manque de débouchés

Les professionnels réunis au sixième congrès annuel de l'industrie pharmaceutique au Liban se heurtent à un marché local saturé et des marchés étrangers très difficiles d'accès.

Les médicaments fabriqués au Liban sont soumis à de nombreuses barrières à l’export. Photo C. Hd

« Des pays de 90 millions d'habitants importent autant de médicaments que le Liban. Nous courrons à la ruine ! », a lancé à la salle le ministre de l'Industrie Hussein Hajj Hassan, lors de la cérémonie d'ouverture de la sixième édition du congrès annuel de l'industrie pharmaceutique au Liban, Health Insight, organisée jeudi et vendredi à Dbayé par MCE Group.

« Le marché local est saturé », résume pour L'Orient-Le Jour la présidente du syndicat des industries pharmaceutiques libanaises, Carol Abi Karam. De fait, alors que la facture pharmaceutique des Libanais est particulièrement élevée, représentant environ 3,1 % du PIB en 2014, selon Business Monitor International, les médicaments importés représentent environ 80 % du marché selon le syndicat des importateurs de médicaments.
« Nous sommes fiers du niveau atteint par l'industrie pharmaceutique nationale, en dépit de la forte concurrence des industries étrangères et arabes », avance pourtant le directeur général du ministère de la Santé, Walid Ammar, lors de son discours d'ouverture. Car la part de marché des producteurs locaux a malgré tout triplé en dix ans pour atteindre environ 100 millions de dollars.


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Barrières
Mais pour les laboratoires libanais, ce n'est pas suffisant. « La plupart des pays du monde importent un produit princeps (NDLR : le médicament original distribué sous son nom commercial), ainsi que deux génériques du même produit et laissent le reste de la production à l'industrie locale ; tandis qu'au Liban, pour la même molécule, nous avons plus de 15 produits similaires importés de tous les pays. Le gouvernement doit mettre en place des mesures minimums pour nous aider à nous développer et les administrations devraient donner la priorité à l'industrie locale pour leurs appels d'offres », plaide Mme Abi Karam.
« Ce n'est pas en important moins de médicaments que l'on encourage la fabrication locale. L'industrie nationale doit s'imposer par elle-même sur le marché, grâce à la qualité de ses produits, afin de gagner plus de parts de marché, et elle possède tous les atouts pour le faire », conteste Armand Pharès, président du syndicat des importateurs de médicaments.

En attendant, « l'export est essentiel pour la continuité et le développement de notre industrie, du fait de cette saturation sur le marché local », affirme Mme Abi Karam. Mais, là encore, les barrières sont nombreuses. « La politique d'inondation du marché libanais avec des médicaments importés, alors que les médicaments libanais n'ont pas accès aux marchés étrangers, crée un large déficit de la balance commerciale », poursuit M. Hajj Hassan. Si les exportations pharmaceutiques libanaises ont augmenté de 52 % entre 2013 et 2015 – à 55 millions de dollars –, elles sont loin de contrebalancer les 1,12 milliard d'importations enregistrées en 2015.

Et pour cause : alors que l'enregistrement des médicaments – une procédure administrative nécessaire à l'importation d'un produit pharmaceutique – se fait avec beaucoup de facilité au Liban, l'inverse, lui, n'est pas le cas. « En 2016, nous avons importé pour 8 millions de dollars de médicaments d'Argentine, alors que nos exportations sont nulles. Et avec la Jordanie, nous sommes à 18 millions de dollars d'importations contre seulement 1 million d'exportations », détaille Mme Abi Karam. « Nous voulons exporter dans les pays arabes en premier lieu et cibler l'Europe par la suite. Mais, déjà avec les pays de la région nous avons de nombreuses barrières à l'export alors que les échanges commerciaux entre ces pays sont courants. Il est très difficile d'enregistrer nos produits dans ces pays, ils nous font attendre des années pour que la procédure soit terminée. Ils considèrent le Liban comme un pays sous-développé alors que nous avons les mêmes critères de qualité et les mêmes ressources humaines, voire meilleures », poursuit-elle.

« Les pays arabes ne permettent pas l'enregistrement des médicaments libanais alors que nous avons signé un accord de libre-échange. Les conditions d'enregistrement des médicaments importés au Liban n'incluant pas de clause de réciprocité, le ministère de la Santé ne peut donc pas interdire l'importation de produits d'un certain pays sous prétexte que celui-ci n'importe aucun médicament libanais », explique Armand Pharès. « Nous devons demander une certaine réciprocité, comme le font bon nombre de pays afin de protéger notre industrie », rétorque le ministre Hajj Hassan.

 

 

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