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Économie - Santé publique

Les dépenses pharmaceutiques vont-elles continuer à augmenter ?

Pays le plus dépensier en médicaments de la région, le Liban devrait voir cette tendance s'accroître, selon un rapport international, contesté par les acteurs locaux.

Selon BMI, les dépenses pharmaceutiques, à 3,15 % du PIB en 2015, s’établiront à 3,22 % du PIB en 2020. Photo First One Stock/Bigstock

Le Liban reste le pays qui dépense le plus en médicaments de la région. Et à en croire le dernier rapport de Business Monitor International (BMI) sur le secteur pharmaceutique libanais, cité par le Lebanon Brief de la Blom Bank, la situation ne devrait pas changer de sitôt.
Selon l'étude, les ventes totales de médicaments au Liban ont atteint 1,63 milliard de dollars en 2015 – en hausse de 6,53 % par rapport à 2014 – et devraient atteindre 2,20 milliards en 2020. La facture médicamenteuse par habitant passera, elle, de 279 dollars en 2015 à 374 dollars en 2016 ; tandis que les dépenses pharmaceutiques du pays, la part la plus importante de la zone Mena, à 3,15 % du PIB en 2015, s'établiront à 3,22 % du PIB en 2020.

« Chiffres parachutés »
Cependant, ces résultats sont loin de faire l'unanimité. « Comme chaque année, ces chiffres sont parachutés tels quels, sans décrire les produits couverts, ni citer les sources ni l'unité de mesure utilisée, et encore moins les données socio-économiques leur permettant de calculer la consommation per capita ou le pourcentage du PIB », fustige le président du syndicat des importateurs de médicaments, Armand Pharès.
« Nos chiffres sont basés sur les sources de la société internationale de services d'information du secteur de la santé IMS, des institutions publiques libanaises, et sur un nombre d'habitants de 6 millions, incluant donc les réfugiés syriens », indique-t-il. Ils font état d'une baisse de 3,3 % des revenus du secteur en 2015, avec des dépenses per capita ayant diminué de 3,5 %, à 170 dollars en 2015. Les revenus des pharmacies libanaises auraient, eux, baissé de 7,4 %, à 745 millions de dollars en 2015.

« Les prix des médicaments ont baissé suite aux deux décisions ministérielles d'avril 2014 et de mai 2013, revoyant la tarification de certains médicaments », rappelle le directeur général du ministère de la Santé, Walid Ammar. La première a aligné leur prix de référence au prix le plus bas dans 7 pays de référence européens. La seconde impose aux prix des génériques d'être inférieurs de 30 % par rapport aux prix des produits princeps – les originaux distribués sous leur nom commercial. Selon le syndicat, les deux décisions du ministère de la Santé ont ainsi entraîné une baisse des prix de 20 à 50 % de 1 383 médicaments importés, tandis que 621 autres ont vu leur prix baisser de 10 à 20 %, sur un total de 3 454 médicaments recensés à l'importation entre la fin de l'année 2013 et celle du premier semestre 2015.
« Mais cela ne veut pas dire que les dépenses pharmaceutiques ont baissé, car l'accès aux diagnostics s'est élargi et de nouveaux médicaments de pointe sont apparus sur le marché. De fait, des dépenses médicamenteuses élevées ne reflètent pas la cherté des médicaments », nuance M. Ammar, sans tirer de conclusions sur l'évolution générale des dépenses. « Ces deux pressions contradictoires se sont traduites par une légère baisse du marché, d'autant qu'aux deux décisions ministérielles s'est ajoutée la chute en parallèle de 19 % du prix de l'euro entre juillet 2014 et fin 2015 », insiste M. Pharès.

Couverture santé
Ainsi, l'impact des dépenses pharmaceutiques devrait se refléter sur la Caisse nationale de Sécurité sociale (CNSS), le parc hospitalier libanais étant composé à 90 % d'hôpitaux privés dont les soins sont subventionnés par l'État à travers la CNSS. Selon BMI, « les dépenses de la CNSS sont estimées à la hausse sur les cinq prochaines années, passant de 1,83 milliard en 2015 – soit 51,1 % des dépenses totales de santé – à 2,71 milliards en 2020 (52 %). Un défi problématique, étant donné que la CNSS souffre d'un déficit chronique et ses revenus futurs sont mis en danger par le vieillissement de la population », note le rapport.
Le directeur général de la CNSS, Mohammad Karaki, n'a pas été en mesure de confirmer ces chiffres : « En 2013, nous étions excédentaires, mais, en 2014 et 2015, nous sommes en déficit, car l'État n'a rien payé, même si nous n'avons pas encore de données précises pour ces deux années. »

Pour M. Ammar, les révisions tarifaires des médicaments ont « permis à la CNSS de faire des économies remarquables ». « Du fait de ces économies, il a été convenu que la CNSS augmente de 80 % à 95 % le taux de couverture des médicaments de plus de 300 dollars, soit la nouvelle catégorie de prix introduite en avril 2014 », rappelle M. Pharès. « Nous y travaillons » , indique simplement M. Karaki.
Pour les patients non enregistrés à la CNSS, les médicaments pour traiter les maladies chroniques, comme le cancer, le sida, l'hépatite ou la sclérose, sont également couverts à 100 % par le ministère de la Santé. « En 2015, nous avons dépensé le même montant pour la couverture santé qu'en 2014 alors que nous avons augmenté nos services de 40 % », se félicite M. Ammar.

Les médicaments génériques resteront marginalisés en 2020, selon BMI
Au Liban, les princeps – les originaux distribués sous leur nom commercial – prescrits par un médecin dominent toujours le marché. En 2015, leurs ventes ont atteint 800 millions de dollars, soit 49 % des ventes totales. En 2020, ce ratio devrait grimper de deux points, à 51 %, selon un rapport du Business Monitor International (BMI).
En 2015, les dépenses en génériques prescrits ont atteint 494 millions de dollars (30 % des ventes totales) et celles des médicaments en vente libre, 339 millions (21 %). En 2020, elles pourraient respectivement évoluer à 33 % et 15 % des ventes totales.

 

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