Des familles ont regagné leurs foyers et les écoles ont rouvert samedi dans les secteurs rebelles d'Alep, après la prolongation de 72 heures de la trêve dans la deuxième ville de Syrie dévastée par les combats.
"Nos familles ont eu peur des bombardements et avaient décidé de ne plus nous envoyer à l'école mais, grâce à Dieu, les bombardements se sont arrêtés et nous sommes retournés à l'école", confie à l'AFP Ahmed, un écolier de primaire dans la partie orientale d'Alep, tenue par les rebelles.
Une trêve initiée par Moscou et Washington dans la ville (nord), censée expirer samedi à 01H01 locales a été prolongée jusqu'à mardi 00H01 (lundi 21H01 GMT), a annoncé Moscou, allié du régime du président Bachar el-Assad.
Encouragées par l'arrêt des bombardements qui ont fait près de 300 morts du 22 avril au 5 mai, des familles ont commencé à regagner leurs foyers, selon un correspondant de l'AFP sur place. "J'ai décidé de rentrer avec ma famille", a affirmé à l'AFP Abou Mohammad, père de six enfants, dans le quartier de Kallasseh.
"Nous avions fui car il y a eu des massacres ici, les raids aériens (du régime) étaient inouïs", dit-il, espérant ne pas devoir se déplacer de nouveau.
Les commerces et les écoles ont également rouvert dans les quartiers rebelles, soumis pendant une dizaine de jours à des raids aériens intensifs du régime. "Presque tous les élèves sont revenus en classe", a indiqué Bara', un enseignant en primaire dans une école du quartier Chaar. Mais l'interruption des cours durant deux semaines a "engendré une réduction du programme scolaire", déplore l'instituteur Abou Amar.
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Importance capitale
La trêve temporaire à Alep est entrée en vigueur jeudi, après qu'une cessation des hostilités dans l'ensemble du pays entre régime et rebelles appliquée depuis le 27 février a volé en éclats avec la reprise des combats dans la ville.
Principal champ de bataille de la guerre qui ravage la Syrie depuis plus de cinq ans, Alep revêt une importance capitale. Pour les analystes, si le régime s'empare des quartiers rebelles, il remporterait la guerre déclenchée par la répression de manifestations prodémocratie.
Quant aux rebelles, un échec à Alep signifierait un coup quasi-fatal, alors que la montée en puissance des jihadistes du Front al-Nosra, branche syrienne d'el-Qaëda, et du groupe État islamique (EI), qui contrôlent de vastes territoires, a éclipsé leur influence.
La guerre se poursuivait toutefois sur d'autres front dans la province d'Alep ainsi que dans les gouvernorats de Deir ez-Zor (est), Damas, Homs (centre) et Deraa (sud), entre régime et rebelles, régime et jihadistes ou encore entre insurgés et jihadistes venus en grande partie de l'étranger.
(Reportage : Alep reprend vie après deux semaines de tueries)
Fronts de guerre
Sont impliqués également dans le conflit, les Russes, le Hezbollah et l'Iran au côté du régime, et la coalition internationale dirigée par les États-Unis qui soutient les rebelles et effectue des frappes aériennes contre l'EI.
Samedi, les médias en Iran ont indiqué que 13 "conseillers militaires" iraniens ont été tués et 21 blessés ces derniers jours dans des combats dans la région d'Alep, qui ont opposé forces prorégimes aux jihadistes d'al-Nosra.
Dans la province centrale de Homs, des combats étaient en cours entre soldats et l'EI près du champ gazier d'al-Mahr. Dans le nord de la province d'Alep, six personnes dont des femmes et des enfants ont péri dans des frappes nocturnes menées vraisemblablement par des avions de la coalition sur deux fiefs de l'EI et 12 jihadistes de l'EI ont péri dans une bataille contre des rebelles, selon l'OSDH. Le Front al-Nosra est exclu, au même titre que l'EI des trêves.
Par ailleurs à Hama (entre), un assaut des forces syriennes contre la prison a échoué à mettre fin à une mutinerie. Les prisonniers, pour la plupart politiques, s'opposent à leur transfert vers un pénitencier de la région de Damas où auraient été exécutés de nombreux détenus. Le coordinateur du Haut comité des négociations (HCN), réunissant les principaux groupes rebelles et de l'opposition, Riad Hijab, a appelé le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-Moon "à une intervention du Conseil de Sécurité pour garantir la sécurité des détenus de la prison de Hama".
L'Onu tente en vain depuis des mois de trouver un règlement à cette guerre qui a fait depuis mars 2011 plus de 270.000 morts et poussé à la fuite des millions de personnes.
Repère
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