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À La Une - turquie

Davutoglu annonce son départ, Erdogan consolide son pouvoir

Le chef de l'opposition dénonce une "révolution de palais", fustigeant une intervention inacceptable du président dans les affaires de l'exécutif.

Le parti au pouvoir en Turquie tiendra fin mai un congrès extraordinaire qui ouvre la voie à un départ du Premier ministre Ahmet Davutoglu (g), en pleines divergences avec le président Recep Tayyip Erdogan, qui devrait consolider son pouvoir. AFP / ADEM ALTAN

Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a annoncé jeudi son retrait prochain de la tête du parti au pouvoir et du gouvernement, une décision qui devrait consolider l'emprise du président Recep Tayyip Erdogan sur le pays.

Le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) se réunira le dimanche 22 mai pour un congrès extraordinaire lors duquel "je ne pense pas que je serai candidat dans les circonstances actuelles", a déclaré, le visage grave, M. Davutoglu, lors d'un discours à Ankara au siège de la formation, au pouvoir depuis 2002. La mise à l'écart de M. Davutoglu, 57 ans, de la direction de l'AKP signifiera la fin de son mandat de Premier ministre, le chef du parti ayant toujours été également à la tête du gouvernement.

Cette décision a été prise lors d'une réunion de la direction de l'AKP au lendemain d'informations faisant état d'une rupture consommée entre MM. Davutoglu et Erdogan. Les tensions entre les deux hommes, longtemps restées discrètes, ont brusquement affleuré cette semaine, et une réunion de la dernière chance mercredi soir n'a pas permis de les surmonter.

M. Davutoglu, dont l'AKP a remporté haut la main les dernières élections législatives le 1er novembre lui conférant un mandat de quatre ans, a tenu à souligner que sa décision n'était "pas le fruit d'un choix (personnel), mais d'une nécessité", une critique à peine voilée des cadres de l'AKP loyaux au chef de l'Etat qui ont récemment décidé de raboter ses prérogatives au sein du parti.

Pendant son discours devant certains cadres en pleurs, le chef du gouvernement a défendu son bilan politique et économique et nié tout conflit avec M. Erdogan, le véritable maître de la Turquie qui tient les rênes de l'AKP, même s'il est censé être constitutionnellement au-dessus de tout parti.

 

(Lire aussi : Le tandem Erdogan-Davutoglu se fissure)

 

"Révolution de palais"
"Je n'ai pas de reproches, je n'éprouve ni colère, ni rancœur", a-t-il dit, assurant qu'il était déterminé à défendre l'"honneur de son frère" Erdogan, qui l'a nommé à la tête du gouvernement en août 2014 après avoir été élu à la présidence du pays.

Le départ de M. Davutoglu, qui ouvrirait la voie à une consolidation des pouvoirs du chef de l'Etat accusé par ses détracteurs de dérive autoritaire, pourrait ajouter aux turbulences au moment où la Turquie, partenaire clé de l'Europe dans la crise migratoire, fait face à de nombreux défis: menace jihadiste, reprise du conflit kurde après deux ans d'accalmie, extension de la guerre en Syrie à sa frontière sud.

M. Erdogan n'aurait pas apprécié partager l'affiche avec son Premier ministre qui a semblé négocier seul l'accord sur les migrants entre Bruxelles et Ankara et la volonté affichée de celui-ci de retourner à la table des négociations avec la rébellion kurde.
Le chef de l'opposition, Kemal Kiliçdaroglu a dénoncé une "révolution de palais", fustigeant une intervention inacceptable de M. Erdogan dans les affaires de l'exécutif.

 

(Lire aussi : « En Turquie, la liberté de presse est au niveau le plus bas de toute l'histoire de la République »)

 

Qualifié de "marionnette" de M. Erdogan à son arrivée au pouvoir, M. Davutoglu, perçu comme une figure modérée contrairement à l'agressif mais populaire président, s'est cependant taillé une place sur la scène politique.
Durant son mandat, Ankara a rejoint la coalition internationale anti-jihadistes menée par Washington. En politique intérieure, il a dû en revanche faire face aux nombreux attentats meurtriers qui ont secoué la Turquie ces derniers mois et effrité sa crédibilité.

Depuis son élection à la tête de l'Etat, M. Erdogan ne cache pas son ambition de modifier la Constitution pour instaurer un régime présidentiel, un projet publiquement soutenu par M. Davutoglu, qui a toutefois semblé peu pressé de le mettre en oeuvre.
M. Davutoglu a indiqué qu'il continuerait d'occuper son poste de député après le congrès.

Plusieurs noms sont cités dans la presse pour succéder à M. Davutoglu : Binali Yildirim, compagnon de route de M. Erdogan et actuel ministre des Transports, Mehmet Ali Yalçin, ex-président du Parlement, Yalçin Akdogan, vice-Premier ministre actuel, mais aussi le gendre du président, Berat Albayrak, ministre de l'Energie.
"Un départ d'Ahmet Davutoglu renforcera les préoccupations au sujet de la transition vers des politiques de plus en plus autoritaires dans le pays", a souligné Willam Jackson de Capital Economics.

Ces nouvelles ont provoqué une crispation des marchés : la livre turque a perdu mercredi près de 4% de sa valeur face au dollar, sa plus forte baisse quotidienne cette année, avant de reprendre des couleurs jeudi.

 

 

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Le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) se réunira le dimanche 22 mai pour un congrès extraordinaire lors duquel "je ne pense...

commentaires (2)

LE GRAND PACHA SE COURBE ET DEMISSIONNE DEVANT LE SULTAN...

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 57, le 06 mai 2016

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Commentaires (2)

  • LE GRAND PACHA SE COURBE ET DEMISSIONNE DEVANT LE SULTAN...

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 57, le 06 mai 2016

  • Une histoire à se tordre de rire . Le vizir qui veut devenir vizir à la place du vizir qui ne veut pas laisser ce vizir devenir vizir à la place de vizir ... .hahahahaahahahah, et l'occident qui signe avec ce vizir des accords que l'autre vizir ne veut pas reconnaître. . Hahahahah. .... Dire que la turquie de erdo est un fidèle membre de l'Otan et gardien des migrants pour l'occident , moyennant une exemption de visas pour les ......départs annoncés ou avortés. Lollllll. ...

    FRIK-A-FRAK

    15 h 37, le 05 mai 2016

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