La Libano-Américaine Razan Elbaba décroche la National Gold Medal grâce à ses photos

À la voir, l'entendre et lui parler, on a l'impression que Razan Elbaba ne réalise pas vraiment ce qui vient de se passer. Il est vrai que le succès de cette jeune lycéenne, qui termine ses études au sein d'une école publique à Vienne, dans l'État américain de Virginie, est inattendu.
Et pourtant, elle a bien remporté, du haut de ses 17 ans, la National Gold Medal ainsi qu'une bourse de 10 000 dollars décernées par l'Alliance pour les jeunes artistes et écrivains à New York. Elle est en outre la première femme à recevoir ce prix dans cette catégorie.
Tout commence lorsqu'elle participe à un concours national auquel sont envoyées plus de 320 000 œuvres d'art et d'écriture. Les catégories sont la poésie, la photographie, la sculpture, l'humour, la photo... L'originalité, la compétence technique et l'émergence d'une vision personnelle sont les trois critères qui ont permis aux photos de Razan de se distinguer. Ses clichés, elle les mixe avec du papier, les coupe, ajoute de la colle, les attache aux journaux. « Ce qui est beau dans le mixing media, c'est qu'on n'a pas besoin de recevoir une éducation pour le pratiquer. Je travaille avec ce qui se présente à moi. Je n'utilise pas de matériels fantaisistes. L'inspiration vient du fond de soi. Elle peut aussi avoir pour origine les expériences qu'on a vécues ou encore ce qui nous entoure. En gros, cette technique n'est pas réglementée et elle est très ouverte », explique la jeune fille. Pour Razan, les expériences vécues ont souvent rapport à ses origines musulmanes. Voilée, elle adore photographier des femmes portant le hijab. Sans doute dans le but de leur donner un autre visage, celui qui est souvent méconnu par l'Amérique. Outre sa religion, cette très active étudiante (elle est impliquée dans le club de photographie, l'art Honor Society, la National Honor Society et elle préside l'Association des étudiants musulmans au sein de son lycée) aime faire découvrir son Liban aux Américains. Son autre cheval de bataille sont les réfugiés. « Travailler avec les réfugiés a toujours été un de mes rêves. J'espère voyager au pays et raconter leurs histoires. Qu'ils proviennent de la Syrie ou du Liban, j'aimerais mettre l'accent sur eux. » Ce rêve devrait se concrétiser puisque sa famille garde de fortes attaches avec leur pays d'origine. Et ils se rendent au Liban au moins une fois tous les deux ans. Récemment, Razan l'a même visité plus de trois fois en un an. Preuve que, malgré ses réussites, la jeune étudiante n'oublie rien de ses racines.
C'est le 2 juin prochain que Razan sera honorée au Carnegie Hall de New York lors d'une cérémonie nationale, en présence de Ken Burns, le cinéaste et documentariste. Quant aux photographies qui lui ont valu la National Gold Medal, elles seront exposées au cœur de la ville qui ne dort pas. Pas de doute, l'avenir s'annonce prometteur pour la lycéenne qui commence ses études universitaires prochainement dans le domaine des arts visuels et multimédia.

Pauline MOUHANNA KARROUM, d'Atlanta, Géorgie