L'accident de l'avion d'Air Algérie, qui a fait 116 morts en juillet 2014 au Mali, est principalement dû à "la non-activation" par l'équipage du système antigivre, selon le rapport final des enquêteurs français rendu public vendredi à Bamako.
Ces conclusions confirment le rapport préliminaire. Les "capteurs de pression des moteurs avaient été obstrués, vraisemblablement par des cristaux de glace" et "les systèmes d'antigivrage" n'ont "pas été activés par l'équipage", a ainsi affirmé le ministère malien des Transports, Mamadou Hachim Koumaré, lors d'un point de presse pour présenter ce rapport mené par le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) français.
"L'obstruction des capteurs a perturbé le fonctionnement des moteurs, limitant la poussée à un niveau insuffisant pour que l'avion poursuive son vol à un niveau de croisière", a indiqué M. Koumaré, en présence de responsables des transports aériens au Mali.
Le vol Ouagadougou-Alger s'était écrasé peu après le décollage dans le nord du Mali, dans la région de Gossi, avec 110 passagers à bord, dont 54 Français, 23 Burkinabè, 19 Libanais, ainsi que des Algériens et six membres d'équipage, tous espagnols.
Le ministre malien a fait part de "difficultés rencontrées" dans l'enquête, citant les "données inexploitables d'un des enregistreurs de vol qui ont limité l'analyse du comportement de l'équipage en vol".
"L'enquête de sécurité s'achève par la publication du rapport final et l'émission de onze nouvelles recommandations de sécurité après l'analyse approfondie de l'enchaînement des séquences", a-t-il poursuivi, sans détailler ces recommandations.
Après Bamako, le même rapport doit être publié vendredi après-midi au Bourget, près de Paris, lors d'un point de presse prévu en présence du président de la commission d'enquête du Mali, N'Faly Cissé.
Le McDonnell Douglas MD 83 était affrété par Air Algérie auprès de la compagnie espagnole de leasing Swiftair.
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"Succession d'erreurs"
Le BEA avait déjà révélé que la cause principale de l'accident résidait dans la non-activation par les pilotes du système d'antigivre des moteurs, ce qui a pu provoquer le décrochage de l'avion.
"Les paramètres enregistrés indiquent qu'il n'y a pas eu de manœuvre de récupération du décrochage réalisée par l'équipage", avait indiqué le BEA en avril 2015, selon les premiers éléments de l'enquête.
L'avocat des familles des victimes, Me Bertrand Courtois, avait qualifié d'"accablants", pour la compagnie algérienne et Swiftair, les dysfonctionnements révélés par l'enquête judiciaire sur l'accident. "Il y a eu une succession d'erreurs, de maladresses et d'incompétences qui, à la fin, coûtent cher", avait estimé de son côté la présidente de l'association des victimes françaises, AH5017 Ensemble, Delphine Tricot.
La boîte noire de l'aéronef, qui n'était "plus en fonctionnalité depuis au moins un mois", n'a pu être exploitée par les enquêteurs, avait précisé Mme Tricot à l'AFP ajoutant que les pilotes, "trop fatigués", avaient "enchaîné les missions en Espagne sans repos depuis un certain temps".
L'avion avait par ailleurs un plan de vol initial qui indiquait qu'il partait d'abord pour la Mauritanie, avait-elle relevé, citant le rapport du BEA.
Les familles ont pris le "ferme engagement" de chercher la "vérité" sur ce qu'il s'est passé "dans ce vieil avion qui volait depuis vingt ans qu'on a envoyé tuer nos enfants, nos parents", avait affirmé Me Ouédraogo, le président des proches des victimes burkinabè, qui a perdu sa fille cadette dans l'accident.
Les familles des victimes avaient déploré les nombreuses "zones d'ombre", entourant l'accident, selon elles.
Le BEA a apporté son assistance technique à la commission d'enquête sur les accidents et incidents d'aviation civile malienne, à la demande du Mali.
Le Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'Aviation civile, ou BEA, est l'autorité responsable des enquêtes de sécurité dans l'aviation civile française. Il assure une assistance technique quand une autorité étrangère fait appel à ses compétences.
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