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Économie - Conjoncture

Croissance : la Banque mondiale et le FMI de moins en moins optimistes

Cette semaine, les deux institutions internationales ont rabaissé leurs estimations de la croissance libanaise en 2015 de plus d'un point par rapport à celles d'il y a un an. Leurs analystes s'expliquent.

L’économiste en chef au FMI, chargé du secteur réel au Liban, Andrew Tiffin, et l’économiste spécialiste du Liban à la Banque mondiale, Wissam Haraké. Photos D. R.

La Banque mondiale (BM) et le Fonds monétaire international (FMI) ont tous les deux revu à la baisse cette semaine leurs estimations de croissance du PIB réel libanais entre 2015 et 2017. Pour 2015, la BM table désormais sur un taux de 1,5 %, contre 1 % pour le FMI. C'est la deuxième fois en un an que les estimations de croissance du PIB pour 2015 sont revues à la baisse par le FMI et la BM : en avril 2015, ils avaient tous deux prévu une croissance de 2,5 %, puis ramené leurs estimations à 2 %, respectivement en octobre 2015 et en janvier dernier. « Nos chiffres restent provisoires, les statistiques finales seront publiées fin mai dans notre rapport de printemps sur l'économie libanaise », indique Wissam Haraké, économiste spécialiste du Liban à la BM.

Manque de données
Ces divergences très nettes dans les estimations tiendraient d'abord à la difficulté d'établir des prévisions fiables sur l'économie libanaise. « Nous ne disposons pas de statistiques récentes qui nous permettraient de travailler dans les meilleures conditions », rappelle M. Tiffin. Pour pallier ce manque, la BM comme le FMI utilisent généralement les données de la Banque du Liban, de l'Institut de la finance internationale et d'autres institutions, en les combinant à d'autres indicateurs sectoriels comme les permis de construction, les arrivées des touristes, les transactions immobilières... Ces croisements statistiques sont complétés par des enquêtes de terrain, qui ont contribué à la révision des chiffres. « Le FMI s'est entretenu avec de nombreux acteurs politiques, bancaires et économiques et s'est rendu compte au fur et à mesure de l'ampleur de la baisse du niveau de confiance des consommateurs et des investisseurs. Nous avons alors constaté que l'on avait sous-estimé – dans nos précédents rapports – les répercussions de la paralysie politique et de la crise des réfugiés sur l'économie libanaise », poursuit-il. « La vacance présidentielle et l'inefficacité des institutions politiques ont conduit à une détérioration des services publics plus grave que prévu avec notamment l'enlisement de la crise des déchets... », renchérit M. Haraké.

Le FMI et la BM ont également revu à la baisse leurs perspectives d'évolution des prix, même s'ils avaient déjà anticipé un effet déflationniste après la chute des cours du brut pour le Liban, comme pour d'autres pays importateurs de pétrole. En avril 2015, le FMI avait prévu un taux d'inflation de 1,1 % pour l'année 2015, tandis que la BM tablait sur un taux de 2,6 %. Désormais, pour le FMI, « l'inflation est négative en 2015 et approche des -4 % en raison de la baisse des prix de l'essence », résume M. Tiffin avant d'ajouter que « l'inflation redeviendra positive en 2017 (2 %) une fois les effets de la conjoncture actuelle résorbée ». Les estimations de la BM sur l'inflation en 2015 sont similaires à celles du FMI, mais pour 2017, la BM prévoit une inflation à 2,5 %. « La situation du Liban est unique, car ses importations en pétrole sont très significatives et représentent une part importante dans les dépenses publiques. La baisse des prix du pétrole a donc eu un effet positif sur le pays », note M. Tiffin. « La baisse de la facture des importations a permis de réduire le déficit commercial (de -11,8 % entre 2014 et 2015). Les transferts de l'État à Électricité du Liban (EDL) ont aussi baissé, ce qui a permis de maintenir un excédent budgétaire primaire (hors service de la dette) », affirme M. Haraké.

Toutefois, ils estiment tous deux que le gouvernement libanais n'a pas su profiter des avantages de cette conjoncture pour conduire les réformes structurelles préconisées par leurs institutions respectives. « La baisse des prix du pétrole représentait une bonne opportunité pour hausser la taxe sur l'essence et réduire le déficit public. Puis, à long terme, EDL pouvait profiter de la conjoncture actuelle pour augmenter ses capacités de production », suggère M. Tiffin qui dit avoir détaillé ces propositions aux dirigeants libanais.
« Nous ne cessons de réclamer depuis des années les réformes du secteur de l'électricité et du système fiscal ainsi que des mesures visant à améliorer l'environnement des affaires au Liban. Rien n'a été fait jusque-là, et au regard de la situation politique interne actuelle, cela n'est pas près de changer... », se désole M. Haraké.

 

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La Banque mondiale (BM) et le Fonds monétaire international (FMI) ont tous les deux revu à la baisse cette semaine leurs estimations de croissance du PIB réel libanais entre 2015 et 2017. Pour 2015, la BM table désormais sur un taux de 1,5 %, contre 1 % pour le FMI. C'est la deuxième fois en un an que les estimations de croissance du PIB pour 2015 sont revues à la baisse par le FMI et la...

commentaires (2)

MALHEUREUSEMENT... SUR LA VOIE DE LA GRECE... QUI ELLE MALGRE LES SUPPORTS DE U.E. VA DE CHARYBDE EN SCYLLA... QUI SUPPORTERA LE LIBAN QUE CERTAINS FONT TOUT POUR L,ELOIGNER DE SES FRERES ARABES ? IL NAVIGUE SEUL VERS LE FOND DU PRECIPICE POUSSE PAR UNE PARTIE DE SES ENFANTS VENDUS AUX ETRANGERS...

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 45, le 16 avril 2016

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Commentaires (2)

  • MALHEUREUSEMENT... SUR LA VOIE DE LA GRECE... QUI ELLE MALGRE LES SUPPORTS DE U.E. VA DE CHARYBDE EN SCYLLA... QUI SUPPORTERA LE LIBAN QUE CERTAINS FONT TOUT POUR L,ELOIGNER DE SES FRERES ARABES ? IL NAVIGUE SEUL VERS LE FOND DU PRECIPICE POUSSE PAR UNE PARTIE DE SES ENFANTS VENDUS AUX ETRANGERS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 45, le 16 avril 2016

  • « Nous ne disposons pas de statistiques récentes qui nous permettraient de travailler dans les meilleures conditions », rappelle M. Tiffin ET QUE FONT LES "STATISTICIENS" DU MINISTERE DE L'ECONOMIE,DES FINANCES ET DELA POMPEUSE DIRECTION GENERALE DES STATISTIQUES ? JUSQU'A QUAND L'ADMINISTRATION PUBLIQUE SERA T ELLE RONGEE PAR DES ARMEES DE PARASITES ?

    Henrik Yowakim

    04 h 57, le 16 avril 2016

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