Le groupe parlementaire d’amitié France-Liban en avant-première de la visite de François Hollande

C'est une soirée exceptionnelle qui a réuni mardi, à quelques jours de la visite que doit effectuer au Liban le président François Hollande, une délégation de sept parlementaires français membres du groupe d'amitié France-Liban, avec un grand nombre de personnalités libanaises, à la résidence de Charles Hajje, à Yarzé. Conduite par le député socialiste Henri Jibrayel, mais comprenant des députés de tous horizons, la délégation, qui compte en outre Valérie Rabault, Philippe Plisson, Michel Vauzelle, Jacques Myard, Claude Coasgen et René Rouquet, a eu droit à un accueil particulièrement chaleureux de la part des nombreux présents, notamment de l'ancien ministre Michel Eddé, ainsi que des officiels, les ministres Gebran Bassil, Michel Pharaon et Alice Chaptini, ainsi que du président du Conseil supérieur de la magistrature, Jean Fahd.
« Nous nous connaissons, Henri Jibrayel et moi-même, de longue date, devait affirmer, au cours d'un toast, Charles Hajje, vice-président de la Fondation maronite dans le monde. Notre lien d'amitié se consolida au cours de la conférence de 2014 de l'IDC (In defense of christians), à Washington. Ce fut l'occasion pour moi de découvrir en quelles valeurs il croyait et le profond amour qu'il portait au Liban. Je constatai aussi que nous avions tous deux à cœur l'avenir des minorités dans cette partie du monde. »
« Depuis lors, les événements se sont précipités », a poursuivi M. Hajje, qui a brossé un sombre tableau des menaces qui pèsent sur le Liban institutionnel, avant de relever les risques que fait peser sur l'avenir du Liban l'afflux de réfugiés syriens sur son territoire.
« Une stratégie de containement du groupe État islamique en Syrie et en Irak n'y suffira pas, a-t-il enchaîné. Je suis convaincu que la menace provenant du terrorisme ne reculera que dans la mesure où l'Occident appuiera l'extension du pluralisme et de la tolérance dans la région (...). Aujourd'hui, le système politique libanais étouffe sous le poids des réfugiés, d'un taux de chômage très élevé et de l'impasse politique. Pour vous en donner une idée, sachez que l'impact social et économique de la présence sur le sol libanais de 1,5 million de réfugiés syriens et de 500 000 réfugiés palestiniens, c'est un peu comme si toute la population du Maroc se déversait d'un coup sur la France. »
En 2015, a précisé Charles Hajje, le nombre de nouveau-nés syriens a dépassé de loin le nombre de nouveau-nés libanais, soit plus de 70 000 nourrissons syriens pour seulement 40 000 libanais. Ces chiffres à eux seuls devraient pousser la communauté internationale à prévoir l'aménagement de camps d'accueil sécurisés en Syrie, pour les réfugiés de ce pays.

Silence solennel au Palais Bourbon
« Donner des leçons de politique, ce n'est pas notre rôle, lui a répliqué Henri Jibrayel, de son accent marseillais. Nous venons rappeler en tant qu'amis du Liban cette amitié séculaire qui nous tient à cœur à tous. Dans la délégation, il y a des députés Les Républicains et des députés du Parti socialiste. Quand on parle du Liban, les clivages tombent. »
« Quand je me lève dans l'hémicycle du Palais Bourbon, a-t-il ajouté, où il y a peut-être 1 000 spectateurs et 577 députés, et que je parle du Liban, c'est un silence solennel. Parce que tout le monde sait que quand on parle du Liban, c'est parfois pour des choses agréables, mais surtout pour des choses très graves. »
« Le Liban est à la croisée des chemins. Entre le problème syrien, le problème israélien, tous les maux de la terre viennent se répercuter chez vous (...) Nous sommes là pour vous dire qu'il faut rester comme vous l'êtes, debout. »
La délégation du groupe parlementaire d'amitié France-Liban s'est rendue hier à Naqoura, où elle a rencontré les officiers responsables du contingent français de la Finul, avant de dîner à la table de l'ambassadeur de France Emmanuel Bonne, à la Résidence des Pins.
Aujourd'hui, les parlementaires français seront reçus par le président de la Chambre et le commandant en chef de l'armée. Mardi, ils avaient déjeuné à la table du patriarche maronite, rencontré les ténors de la communauté politique maronite et effectué le pèlerinage incontournable de Annaya qu'Henri Jibrayel, maronite de cœur, qui tient constamment serrée contre lui une statuette de saint Charbel, ne manquerait pour rien au monde.