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Liban - Département de la Sécurité de l’État

Machnouk demande de retirer les propos confessionnels du compte rendu du Conseil des ministres

Le ministre du Tourisme, Michel Pharaon. Photo Ani.

Le Conseil des ministres de jeudi restera sûrement dans les annales. L'évocation du fonctionnement du département de la Sécurité de l'État durant cette réunion a créé un tel climat de tension que le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, a dû demander de retirer du compte rendu de la séance les propos confessionnels tenus par certains ministres, a-t-on appris hier d'une source proche du dossier.
Deux points importants figuraient jeudi parmi les sujets à l'ordre du jour du Conseil des ministres, à savoir la question de la sécurité à l'aéroport international de Beyrouth ainsi que celle du département de la Sécurité de l'État. Sauf que le dossier de ce service de sécurité a été ouvert par les ministres chrétiens des Kataëb et du CPL avant que les autres sujets aient finis d'être débattus, et il a provoqué un tollé au sein du gouvernement en raison des accusations de confessionnalisme qu'il a déclenchées. Le fonctionnement de ce département est en effet perturbé depuis quelques mois en raison d'une décision du ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, de soumettre toute décision émanant du directeur général de ce service, le général Georges Karaa, grec-catholique, au contreseing du directeur adjoint de ce service, Mohammad Toufayli, de confession chiite. Un mode de fonctionnement qui bloque l'accès du département au financement.

Le débat a commencé lorsque le ministre du Tourisme, Michel Pharaon, a fait le lien jeudi entre le problème du financement des Forces de sécurité intérieure et celui du département de la Sécurité de l'État. « Pourquoi des fonds sont-ils accordés à l'un et pas à l'autre ? » s'étaient également interrogés les ministres Gebran Bassil, Élias Bou Saab, Alain Hakim et Sejaan Azzi. « Le dossier du département de Sécurité de l'État ne se limite pas uniquement aux problèmes concernant sa direction, mais il s'attache plus spécialement à l'arrêt du versement des fonds secrets par le ministère des Finances à cette institution depuis des mois », a indiqué hier M. Pharaon dans un communiqué. « Il est normal que tout le monde soit intéressé par la paralysie de ce département qui joue un rôle aux côtés des autres institutions sécuritaires du pays et qui n'a de confessionnel que le fait que l'attribution de sa direction fait partie de la distribution des postes entre les communautés religieuses du Liban », a-t-il dit. « La sécurité est au-dessus de tout et de tout le monde », a conclu le ministre du Tourisme qui s'est rendu hier chez le ministre des Finances pour tenter de débloquer le dossier.

Pour Simon Abiramia, député du CPL, ce qui s'est passé jeudi en Conseil des ministres était « une petite révolte contre toute atteinte au partenariat (dans le pays) ». « Les chrétiens du Liban sont marginalisés depuis un moment, l'affaire du département de Sécurité de l'État » en est un exemple, a-t-il dit hier lors d'une interview à la station Sawt el-mada.

(Lire aussi : La Sécurité de l'État ou rien...ce fut rien !)

 

Un département chargé de protéger tout le monde
« Le ministre de l'Intérieur a demandé à ce que les sujets prioritaires soient débattus selon l'ordre du jour, notamment la sécurité de l'aéroport. Ce sujet, d'une importance extrême, n'a pas pu être abordé en raison du tollé provoqué lors de la séance. Il est primordial de le régler au plus vite d'autant plus que de sérieuses failles sécuritaires ont été décelées à l'aéroport », a expliqué une source proche du dossier à L'Orient-Le Jour. « M. Machnouk a insisté sur le fait que les services de sécurité ne sont pas des institutions confessionnelles mais des organismes dédiés au combat contre le terrorisme », a-t-elle ajouté. Des contacts sont en outre en train d'être entrepris entre les différents acteurs politiques afin de calmer le jeu avant le prochain Conseil des ministres prévu pour mardi mais qui pourrait bien être ajourné, toujours selon cette source.

Nabil de Freige, ministre d'État pour la Réforme administrative, a pour sa part confié à L'OLJ son incompréhension face au tollé provoqué par ce dossier. « Le Premier ministre Tammam Salam essaie de régler cette affaire depuis un an. Il a finalement obtenu le feu vert de toutes les parties pour proposer des solutions aux problèmes du département de la Sécurité de l'État. Je ne comprends pas la réaction de certains ministres alors que le consensus avait été auparavant obtenu et que le sujet était à l'ordre du jour », a-t-il confié. Il s'est également dit étonné que le financement de ce département ait été relié à celui des FSI, « alors que cette institution ne relève pas de la responsabilité du ministère de l'Intérieur, mais de celle du Premier ministre ». « Le sujet a pris des proportions énormes et ça ne sert à rien de tenir des discours communautaristes », a-t-il dit.

« Ce que j'ai lu dans les médias m'a attristé et fait peur. Le département de la Sécurité de l'État n'est pas relié à une confession particulière car son devoir est de protéger tout le monde », a pour sa part indiqué le ministre des Affaires sociales, Rachid Derbas, hier à l'agence al-Markaziya. « Il est dangereux de voir que certains ont oublié leurs fonctions politiques et adopté un langage confessionnel, surtout dans les circonstances actuelles », a-t-il dit.
Le député Mohammad Kabbani a en outre qualifié cette histoire de « honteuse » et indiqué que « les conflits confessionnels autour des postes publics ont dépassé les limites du raisonnable et alimentent les tensions communautaires ».
Quant à l'ancien chef de l'État Michel Sleiman, il a également rejeté l'aspect confessionnel de cette affaire et invité les politiques à « adopter une approche nationale afin de trouver des solutions à ce dossier au lieu de continuer à paralyser cette institution ».

 

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