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À La Une - turquie

La justice turque décide de juger à huis clos deux journalistes anti-Erdogan

"C'est une preuve supplémentaire que le pouvoir turc et le président ont quelque chose à cacher", déplore le secrétaire général de Reporters sans frontières.

 

Le rédacteur en chef du quotidien Cumhuriyet, Can Dündar (second à gauche) et son chef de bureau à Ankara, Erdem Gül (à droite), à leur arrivée à la cour criminelle d'Istanbul, le 25 mars 2016. AFP / BULENT KILIC

Un tribunal turc a commencé vendredi à juger à huis clos deux célèbres journalistes accusés d'espionnage et coup d’État dans un dossier considéré comme un test pour la liberté de la presse dans la Turquie du président Recep Tayyip Erdogan.
Farouches critiques de son régime islamo-conservateur, risquent la prison à vie pour avoir accusé, dans leurs colonnes, le gouvernement de leur pays d'avoir livré des armes aux rebelles islamistes de Syrie.

Le débats à peine commencés, a décidé, sur réquisitions du procureur, de les poursuivre à huis clos pour des raisons de "sécurité nationale". Sa décision a provoqué la colère du public venu soutenir les deux accusés et contraint de quitter immédiatement le tribunal. Après la pause-déjeuner, le refus de plusieurs députés d'opposition de quitter la salle d'audience a provoqué un incident de séance et poussé le président à ajourner le procès au 1er avril.

Accusés d'espionnage, divulgation de secrets d’État, tentative de coup d'État et assistance à une organisation terroriste, MM. Dündar et Gül ont déjà passé plus de 90 jours en détention provisoire, avant d'être remis en liberté le mois dernier par une décision très controversée de la Cour constitutionnelle. Les deux hommes sont arrivés en début de matinée au palais de justice d'Istanbul sous les applaudissements d'environ 200 partisans, collègues, élus ou simples citoyens, qui les ont escortés aux cris de "Vous ne ferez pas taire la liberté de la presse".

Plusieurs diplomates européens, dont la consule générale de France et l'ambassadeur d'Allemagne à Ankara, ont également assisté à l'audience. "Nous sommes ici pour défendre le journalisme (...) et le droit du public à être informé", a lancé M. Dündar en arrivant au tribunal, "nous demandons notre acquittement". "Je viens ici affirmer que le journalisme n'est pas un crime", a renchéri M. Gül.

Les deux journalistes ont publié en mai 2014 un long article, agrémenté de photos et d'une vidéo, faisant état de livraisons d'armes par des camions des services de renseignement turcs (MIT) à des rebelles islamistes en Syrie en janvier 2014.

 

(Pour mémoire : Mis sous tutelle, le nouveau Zaman affiche une ligne pro-Erdogan )

 

"Pressions"
Ce papier a provoqué la fureur de M. Erdogan, qui a toujours nié soutenir les mouvements radicaux hostiles au régime de Damas. "Celui qui a publié cette information va payer le prix fort, je ne vais pas le lâcher comme ça", avait-il promis. Dans sa décision vendredi, la cour criminelle stambouliote a également accepté les constitutions de partie civile de M. Erdogan et du MIT.

Les deux journalistes avaient été placés en détention provisoire en novembre et le procureur a réclamé contre eux la réclusion criminelle à perpétuité. Mais le 26 février, la Cour constitutionnelle, l'une des dernières institutions du pays qui échappe encore au contrôle du parti de M. Erdogan au pouvoir depuis 2002, a ordonné leur remise en liberté, estimant que leurs droits avaient été violés.

Furieux, le chef de l’État .
L'incarcération de MM. Dündar et Gül et les accusations lancées contre eux par la justice et le régime turc ont suscité un tollé dans l'opposition turque, les ONG de défense des libertés et de nombreuses capitales étrangères, qui dénoncent depuis des années la dérive autoritaire de M. Erdogan.

Le huis clos imposé vendredi n'a fait que renforcer ces craintes. "Juger des journalistes comme ça à huis clos, c'est une preuve supplémentaire que le pouvoir turc, le président Erdogan, ont quelque chose à cacher", a déploré le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Christophe Deloire. "La balance de la justice n'existe plus en Turquie, l’État de droit est en perdition", a-t-il ajouté.
Classé 149e sur 180 au classement mondial de RSF sur la liberté de la presse, le régime turc a lancé une offensive sans précédent contre les médias, sous couvert de lutte contre la "propagande terroriste".
Dernière victime en date, le groupe Zaman, proche de l'ennemi numéro 1 de M. Erdogan, l'imam Fethullah Gülen, a été placé sous tutelle judiciaire au début du mois.

 

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Un tribunal turc a commencé vendredi à juger à huis clos deux célèbres journalistes accusés d'espionnage et coup d’État dans un dossier considéré comme un test pour la liberté de la presse dans la Turquie du président Recep Tayyip Erdogan.Farouches critiques de son régime islamo-conservateur, risquent la prison à vie pour avoir accusé, dans leurs colonnes, le gouvernement de leur...

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LA LIBRE EXPRESSION

21 h 25, le 25 mars 2016

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Commentaires (2)

  • OUVREZ-LEUR LES PORTES DE L,EUROPE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 25, le 25 mars 2016

  • La justice..?

    M.V.

    20 h 35, le 25 mars 2016

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