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Liban - Séminaire « Droit des réfugiés »

« On choisit qui va devoir assurer la subsistance de la famille et qui va aller à l’école »

Lors du séminaire, à l’Unesco, hier. Photo AUF

On ne parlera peut-être jamais assez des droits des réfugiés – syriens ou autres – au Liban ni de l'aide continue dont ils ont besoin pour pouvoir mener une vie décente. Le séminaire « Droit des réfugiés », organisé hier à l'Unesco par l'Agence universitaire francophone, le Norwegian Refugee Council, l'Unesco et l'École doctorale de droit du Moyen-Orient, a le mérite d'avoir rappelé que la crise des réfugiés continue de poser des défis à l'État libanais, notamment en matière d'accès à l'éducation. Il a également mis l'accent sur l'ampleur de la misère vécue par les réfugiés syriens au Liban.

L'un des aspects essentiels du soutien offert aux réfugiés est celui de l'accès gratuit à l'enseignement public. Une tâche lourde et semée d'embûches à laquelle le ministère de l'Éducation s'attelle depuis 2010, l'enseignement primaire au Liban étant obligatoire et gratuit dans les écoles publiques, selon une loi remontant à 1959. « Nous avons commencé à accueillir les élèves syriens dans 1 000 établissements scolaires publics en 2010, au début de la guerre en Syrie, sans avoir de plan ou de vision réelle à ce sujet à l'époque, explique Hadi Zalzali, du ministère de l'Éducation. En 2012, nous en avons accueilli encore plus, mais nous avions encore une certaine marge de manœuvre. Par contre, en 2013, l'afflux était tellement massif que nous avons été dépassés. Nos écoles ne sont pas adaptées pour accueillir un aussi grand nombre d'élèves. C'est alors que nous avons proposé des cours durant l'après-midi, destinés aux réfugiés qui n'ont pas eu de place dans les cours du matin », ajoute-t-il.

(Lire aussi : Mogherini à Beyrouth : L'UE n'a pas demandé au Liban d'intégrer les Syriens à son marché du travail)

 

L'école, un luxe pour les réfugiés
Malgré la gratuité de l'enseignement public et la bonne volonté du ministère de l'Éducation, tous les enfants syriens se trouvant au Liban ne sont pas scolarisés pour autant. En 2015, et selon des chiffres avancés par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, 465 000 enfants syriens réfugiés au Liban étaient en âge d'être scolarisés (3 à 17 ans). Près de 158 000 de ces enfants étaient inscrits dans les écoles publiques et 147 000 d'entre eux se rendaient régulièrement en cours. Près de 200 000 autres étaient, quant à eux, inscrits dans les écoles privées.

Plusieurs facteurs expliquent pourquoi certaines familles renoncent à envoyer leurs enfants à l'école, dont le coût des transports ainsi que celui de l'achat des livres et des fournitures scolaires. De même, la barrière de la langue s'impose puisque les matières scientifiques sont enseignées au Liban en français ou en anglais, alors que l'enseignement se fait uniquement en arabe en Syrie. Par ailleurs, l'on apprend que les élèves syriens préfèrent travailler avec des enseignants syriens et boudent souvent les cours assurés par des Libanais, probablement en raison d'expériences discriminatoires souvent rapportées par les organisations humanitaires. Sans oublier que la nécessité de gagner de quoi assurer le coût exorbitant de la vie au Liban prime souvent sur l'éducation... « Aller à l'école est un luxe dans les familles de réfugiés syriens qui sont souvent très nombreuses. On choisit qui va devoir assurer la subsistance de la famille et qui va aller à l'école », indique Agatha Abi Aad du HCR.

(Lire aussi : « J'aimerais avoir dix enfants, mais pas dans ces conditions »)

 

Les réfugiés irakiens et palestiniens
Outre les élèves syriens, les écoles publiques libanaises accueillent les enfants des réfugiés palestiniens et irakiens, trop souvent oubliés, car écartés du devant de la scène par l'arrivée continuelle des réfugiés syriens. Mais il n'en demeure pas moins que ces réfugiés vivent au Liban depuis des années, voire des décennies, et luttent continuellement pour leur droit de mener une vie décente, en attendant d'obtenir un visa pour le Canada ou l'Australie, ou de passer illégalement vers l'Europe via la Libye. Début 2016, la nouvelle politique d'austérité adoptée par l'Unrwa en matière d'hospitalisation avait suscité la colère des réfugiés palestiniens, qui estiment avoir été oubliés par les organisations internationales. De même, l'évêché chaldéen à Beyrouth (qui accueille les réfugiés irakiens, dont un grand nombre est issu de la communauté chaldéenne) avait tiré la sonnette d'alarme en décembre dernier, lors d'une conférence de presse, et dénoncé le « désintérêt total » affiché face au sort des Irakiens au Liban. « Les réfugiés syriens sont prioritaires, même pour le HCR », avait-il estimé.

 

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On ne parlera peut-être jamais assez des droits des réfugiés – syriens ou autres – au Liban ni de l'aide continue dont ils ont besoin pour pouvoir mener une vie décente. Le séminaire « Droit des réfugiés », organisé hier à l'Unesco par l'Agence universitaire francophone, le Norwegian Refugee Council, l'Unesco et l'École doctorale de droit du Moyen-Orient, a le mérite d'avoir...
commentaires (2)

CHARITÉ BIEN ORDONNÉE COMMENCE PAR SOI-MÊME ! CAR EN EXAGÉRANT ON CONDAMNE LES FUTURES GÉNÉRATIONS LIBANAISES... MAIS AUSSI LES PRÉSENTES... À L'ÉMIGRATION !!! CE QU'ON REPROCHE AUX EUROPÉENS, À PLUS FORTE RAISON, ON DOIT LE CONDAMNER CHEZ NOUS...

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 45, le 24 mars 2016

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Commentaires (2)

  • CHARITÉ BIEN ORDONNÉE COMMENCE PAR SOI-MÊME ! CAR EN EXAGÉRANT ON CONDAMNE LES FUTURES GÉNÉRATIONS LIBANAISES... MAIS AUSSI LES PRÉSENTES... À L'ÉMIGRATION !!! CE QU'ON REPROCHE AUX EUROPÉENS, À PLUS FORTE RAISON, ON DOIT LE CONDAMNER CHEZ NOUS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 45, le 24 mars 2016

  • Ca suffit, franchement, vous exagérez avec la publication de tous ces articles sur les réfugiés syriens... S'ils ne sont pas contents, qu'ils rentrent chez eux... Vie misérable pour vie misérable, qu'ils retournent dans leur pays... Nous, on en a par-dessus la tête d'eux, de leurs problèmes, et des personnes qui pleurent sur leur sort en occultant le nôtre.

    NAUFAL SORAYA

    07 h 10, le 24 mars 2016

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