Algérie : une militante des droits de l'Homme condamnée pour avoir brocardé le président

Une militante algérienne des droits de l'Homme a été condamnée à payer une amende pour avoir réalisé et partagé sur sa page Facebook un photomontage du président Abdelaziz Bouteflika, a-t-on appris lundi auprès de son avocat.

Zoulikha Belarbi a "été condamnée dimanche par le tribunal de Tlemcen (600 km à l'ouest d'Alger) à une amende de 100.000 dinars algériens (environ 900 euros) pour atteinte au président de la République", a déclaré à l'AFP Me Salah Debouz, l'un de ses avocats et le président de la Ligue algérienne des droits de l'Homme.
Contacté par l'AFP, le tribunal de Tlemcen n'était pas joignable pour confirmer ou infirmer ce jugement.
Zoulikha Belarbi déposera un appel mardi matin, a précisé son avocat.

Mme Belarbi avait partagé un photomontage montrant les acteurs d'une série télévisée turque "Harim el soltane", un sultan ottoman. La tête du sultan avait été remplacée par celle du président Bouteflika et celles des collaborateurs du sultan par celles de membres du gouvernement.

La police avait transmis un rapport au procureur qui s'était auto-saisi et avait engagé des poursuites pour trois chefs d'accusation: atteinte au président de la République, atteinte à un corps constitué et diffamation, a déclaré Me Debouz.
"La police n'a pas à regarder les pages du citoyen. Sans ordre de la Justice, c'est de l'espionnage et une violation de la Constitution qui garantit l'inviolabilité de la vie privée", a souligné Me Debouz.

Interrogée par le juge lors de l'audience du 6 mars, Mme Belarbi a estimé, selon des propos rapportés par son avocat, que son geste était "un avis sur un régime politique et donner son avis est garanti par la Constitution", ajoutant que son geste n'était pas "dégradant".
Le procureur avait requis trois mois de prison avec sursis et 100.000 dinars d'amende (900 euros).

En avril 2014, un jeune blogueur de Tlemcen qui avait publié sur son compte Facebook des caricatures brocardant le chef de l'Etat, a été remis en liberté provisoire après sept mois de détention.