Encore heureux qu'au milieu de ce fatras de médiocrité, nous vient de temps à autre une petite bouffée niaiseuse pour améliorer l'ordinaire. Par quoi donc sont hantés nos grenaillons cacophones de la politique ? Par une épidémie du virus Zika ? Une débâcle financière suivie d'une plongée abyssale de la livre ?
Que nenni ! Les neuneus officiels sont atteints du syndrome de « l'Internet invasif venu de l'étranger ». La terreur au ventre, ils viennent ainsi de lever cette saloperie numérique qui s'est insidieusement infiltrée via le réseau mondial des télécommunications, remontant jusqu'à un satellite géostationnaire, pour enfin redescendre et polluer sournoisement la dentelle de nos réseaux locaux, entortillés dans les cordons à linge suspendus aux balcons des chaumières...
Ainsi, Chypre, la Turquie et Israël n'auraient rien d'autre à braire que de démarcher pour un abonnement web des Libaniais évoluant entre la décharge méditerranéenne et la Békaa haschischisée. L'éternel complot, quoi !
Pour le ministre des Télécoms, accouru défendre son étable vermoulue hérissée d'antennes, cette machination diabolique a accouché d'un réseau illégal échappant au contrôle de l'État et ouvrant large une autoroute à l'espionnage. Il a raison, notre force de frappe nucléaire suscite tellement de convoitises !
Il n'en fallait pas plus pour faire grimper aux rideaux le Parti barbu, qui trouve intolérable que des bouseux du dehors viennent concurrencer son réseau privé, pourtant tout aussi illégal mais dont plus personne n'ose piper mot. Normal, plus on a la trouille, plus on est poli.
Évidemment, personne n'a pensé à dire au ministre que si son débit Internet n'était pas prostatique au dernier degré, personne ne penserait à aller grappiller de la bande passante chez les voisins, et qu'au lieu de se répandre en jérémiades, il serait mieux inspiré d'engager des réformes structurelles, privatiser puis ouvrir à la concurrence ses poubelles championnes des communications intermittentes.
Mais là forcément, il y aura un manque à gagner certain pour un gouvernement déjà mis à la diète financière et placé sous respiration artificielle. Et qui trouve commode de pomper dans les recettes des télécoms pour se refaire une santé, ne serait-ce que pour continuer à gaver les planqués de la fonction publique. Miam, miam !
gabynasr@lorientlejour.com
Internet malin
OLJ / Par Gaby NASR, le 18 mars 2016 à 01h47
commentaires (5)
QUI ESPIONNE TOUS LES LIBANAIS AU TELEPHONE ET A L,INTERNET SANS EXEPTION AUCUNE AU LIBAN ? ET LA REPONSE VIENT TOUTE SEULE...
LA LIBRE EXPRESSION
12 h 28, le 18 mars 2016