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Liban - Hommage

La YWCA honore May Chidiac, « tout un monde en une femme »

Les éloges n'ont pas tari face au courage dont fait preuve la journaliste, en dépit du calvaire qu'elle vit dans sa chair depuis l'attentat du 25 septembre 2005.

Dabké effrénée pour May Chidiac. Photo Claude Assaf

C'est sous le slogan de « Tout un monde en une femme » que la Young Women's Christian Association (YWCA-Beyrouth) a rendu hommage mercredi soir, en son siège d'Aïn el-Mreissé, à la journaliste May Chidiac. Dans la foulée de la Journée mondiale de la femme, l'ONG a organisé cette soirée pour saluer son combat « contre la violence et la défaite », mené à travers son action pour la liberté d'expression et la justice.
L'événement, un peu tardif par rapport à la Journée mondiale du 8 mars, a été décalé à cause des multiples engagements de Mme Chidiac, dont les activités dans la société civile sont nombreuses. Parrainé par le vice-président de la Chambre, Farid Makari, il s'est déroulé devant une assistance en grande partie féminine, venue encourager celle dont la vie a basculé le 25 septembre 2005, date de la tentative d'assassinat perpétrée contre elle.

 

« Elle a fait des libertés sa cause »
« Vos souffrances, May, sont la conscience de notre action politique et vos blessures sont le sang qui donne vie à notre projet national », lui a lancé M. Makari dans son allocution. « Il est impossible de ne pas avoir de respect pour vos engagements, votre volonté et votre résistance », a-t-il ajouté, exprimant son admiration devant « une capacité de dépasser les épreuves difficiles en faisant des libertés sa cause ».
Il a par ailleurs remercié la YWCA pour « les efforts qu'elle fournit en vue du renforcement des capacités de la femme et de la création d'opportunités permettant à celle-ci de devenir un membre actif de la société et de participer à la décision nationale ». M. Makari a dans ce cadre exprimé son souhait de voir le Parlement devenir la place « des étoiles » féminines qui brilleraient dans la législation et le contrôle, et le gouvernement comporter plusieurs femmes.
Un documentaire a retracé ensuite la vie et la carrière de la journaliste, jalonnées de profondes souffrances physiques et de 40 interventions chirurgicales, mais aussi de la rédaction d'une thèse de doctorat et d'ouvrages (Le Ciel m'attendra et La télévision mise à nu), de la création d'une fondation (May Chidiac) et d'un institut (MCF), ainsi que de l'obtention d'une vingtaine de distinctions honorifiques.

 

(Pour mémoire : May Chidiac à « L’OLJ » : Bien que je sois désillusionnée, je ne perds pas espoir dans le pays)

 

« Un cèdre majestueux du Liban »
Prenant la parole, la directrice de la YWCA, Roula Khoury, a indiqué que l'association, présente dans 125 pays, compte plus de 25 millions de membres (tous féminins) qui œuvrent pour le développement du leadership et de la capacité collective des jeunes femmes, en vue de l'instauration de la justice et de la liberté dans le monde.
« Un cadre propice pour honorer une dame dont nous saluons la force de volonté et de personnalité, une dame qui a affronté la mort sans capituler, grâce à sa foi en Dieu et en la patrie », a déclaré Mme Khoury. « Cette dame positive malgré les épreuves tragiques croit en la parole libre et continue à œuvrer pour un pays indépendant et souverain », a-t-elle poursuivi, avant de s'incliner « devant ce cèdre majestueux du Liban, solide face aux tempêtes et aux défis ».
La présidente de la commission de la Journée mondiale de la femme au sein de la YWCA, Daniella Chemali, a pour sa part insisté sur le thème de l'hommage, affirmant que May Chidiac, « tout un monde en une femme », attire tous les amoureux de la liberté et capte l'unanimité autour de « la force qu'elle déploie dans le refus de la violence, de la mort et de la défaite ». Dénonçant cette violence qui « ne peut vaincre une femme d'une telle stature », Mme Chemali a loué « la pensée, l'audace, l'esprit professionnel, l'ambition et la réussite » de May Chidiac, dont elle a salué « l'amour de la patrie et de la vie, en même temps que l'amour du mot jusqu'à la mort ».


Maha Chaër, membre active de la Fondation May Chidiac, a pour sa part décrit la journaliste comme « une héroïne dont le sacrifice est grand et qui ne dévie jamais de ses positions patriotiques ».
Après un intermède de chants patriotiques entonnés par le quatuor des Quatre chevaliers, qui l'a entraînée dans une dabké effrénée, Mme Chidiac a reçu des membres du comité de la YWCA une plaque commémorative.

 

(Pour mémoire : May Chidiac, 10 ans déjà...)


Prenant ensuite la parole, elle a d'abord retracé une enfance où se dessinait déjà sa personnalité hors du commun, indiquant qu'à l'âge scolaire elle défendait les droits de ses camarades et disait à sa mère qu'elle n'entendait pas « quitter ce monde sans laisser de traces ».
Lorsqu'elle a connu la célébrité à travers ses prestations sur la chaîne LBC, elle ne savait pas encore que son engagement pour un Liban libre allait lui valoir de devenir dans son pays « la première et seule cible féminine d'un attentat politique ». « Ils ont voulu me réduire au silence et donner une leçon à chaque Libanais porteur du rêve souverainiste, sans savoir qu'ils avaient frappé à la mauvaise adresse », a-t-elle lancé, assurant qu'elle ne baissera jamais les bras et poursuivra son action pour l'instauration d'« un Liban d'expression libre, de culture et de civilisation ».
Il n'est pas aisé de défier tous les jours un destin « fait de douleurs ». Des douleurs d'autant plus profondes que « la justice n'est pas encore parvenue à arrêter les meurtriers », sans doute protégés par « les autorités de fait accompli », a-t-elle déploré.
En conclusion, elle a émis l'espoir de voir un jour le Liban devenir « un pays où il fait bon vivre, loin de l'oppression et des guerres absurdes, un pays distancié des conflits des autres, un pays de joie, de tranquillité et de richesse ».

 

Pour mémoire
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Émouvante cérémonie pour la remise du prix Phénix 2014 à May Chidiac

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