Rechercher
Rechercher

Économie - Liban - Portrait

En France, Nadra Moussalem a fait son trou dans la finance

Directeur général Europe du fonds d'investissement américain Colony Capital, ce Franco-Libanais est 5e dans l'édition 2016 du classement des 100 jeunes leaders économiques français de l'Institut Choiseul. Retour sur une ascension.

Photo D.R.

Pour la troisième année consécutive, le Franco-Libanais Nadra Moussalem figure dans le classement des « 100 leaders économiques français de demain » de moins de 40 ans, publié début mars par l'Institut Choiseul. Sa nomination, à l'automne 2015, à la direction générale de la branche européenne du fonds d'investissement américain Colony Capital a sûrement contribué à le propulser à la cinquième place du classement. Lors des deux éditions précédentes, il avait été classé 47e. Modeste, Nadra Moussalem tient ainsi à souligner que le poids de ce fonds d'investissement, qui gère 19 milliards de dollars d'actifs dans le monde, et sa visibilité dans l'Hexagone ont sans doute joué un rôle non négligeable dans cette progression : « L'entreprise y est très implantée, et Paris est notre siège européen, ce qui est assez inédit. Les groupes américains préfèrent plutôt le Royaume-Uni. »


Une humilité qui contraste avec la rapidité de son ascension professionnelle. Tout commence il y a 39 ans sur la Côte d'Azur, lorsqu'il naît à Cannes de parents zahliotes arrivés deux ans plus tôt pour fuir la guerre civile. S'il reste discret sur son enfance, il insiste sur le fait que ses parents l'ont imprégné de culture libanaise. Son parcours scolaire, lui, serait plutôt conforme aux canons de la réussite à la française : son baccalauréat en poche, il suit une classe préparatoire scientifique à Paris avant d'intégrer une grande école d'ingénieurs, l'École Centrale de Lyon. Lorsqu'il termine ses études à 24 ans, il est directement embauché comme analyste par la branche européenne de Colony Capital, créée en 1997. Coup du hasard, le groupe a été fondé par un Américain lui aussi originaire de Zahlé, Thomas Barrack. « Peut-être que ça l'a encouragé à me faire confiance ? » rit Nadra Moussalem.

 

(Pour mémoire : Farès Noujaim, discrète et incontournable figure de Wall Street)

 

Discret sur la clé de son succès
Il gravit rapidement les échelons de l'entreprise et devient codirecteur de Colony Capital Europe en 2013, avant de reprendre la direction seul deux ans plus tard. « L'Europe, malgré les problèmes dont on parle toujours, reste une zone très attractive. Elle traverse une période de reprise, même si les taux de croissance ne sont pas faramineux », argumente-t-il. À la tête d'une équipe d'une cinquantaine d'employés, Nadra Moussalem fait également partie du conseil d'administration de plusieurs entreprises, dont le groupe de centres d'hébergement de données Data 4, la société immobilière Carmila, l'opérateur hôtelier Accorhotels et Edenred, spécialisée dans les titres de services prépayés. « C'est assez usuel de s'impliquer un peu plus dans les sociétés dans lesquelles nous investissons », observe celui qui a été PDG par intérim d'Edenred pendant trois mois à la mi-2015.


Lorsqu'on lui demande de décrire ses activités, il reste plutôt vague. « Notre stratégie est très orientée vers le crédit et les actifs immobiliers. À travers le temps, notre groupe a pris des participations dans différents secteurs, comme l'hôtellerie, la restauration, les loisirs et la distribution. » Un résumé laconique qui détonne avec la notoriété de certaines acquisitions alors abondamment relayées par la presse hexagonale. Comme par exemple l'investissement de 88 millions de dollars dans l'hôtel de luxe parisien le Molitor en 2007, ou encore l'acquisition du club de football français Paris Saint-Germain en 2006, aux côtés de Butler Capital Partners et de la banque Morgan Stanley. Sur 5 ans, Colony Capital injecte 70 millions d'euros dans le club, selon le quotidien français Les Échos, avant qu'il soit revendu en 2011 au fonds souverain qatari QIA. « Actuellement, nous investissons dans des projets beaucoup moins emblématiques, nuance Nadra Moussalem. Nous achetons des portefeuilles d'actifs qui incluent un peu de tout, notamment de l'immeuble de bureaux et de commerces. »


L'investisseur reste également discret concernant la clé de son succès : « J'ai su assez tôt ce que je voulais faire, ce qui m'a évité de multiplier les formations et les études. Puis j'ai eu la chance de rencontrer des gens qui m'ont fait confiance, malgré le fait que j'étais jeune. Et comme, à l'époque, l'entreprise était encore petite, j'ai eu accès à des postes de responsabilité plus rapidement. » Quant à son avenir professionnel, il reste solidement ancré en Europe : « J'ai beaucoup à faire dans ma position, je suis très bien ici. » Sur un plan plus personnel, Nadra Moussalem aimerait pouvoir approfondir sa relation avec son pays d'origine, auquel il est aussi relié par sa femme libanaise, qui lui a donné trois enfants. « Je n'ai pas l'occasion d'être très souvent au Liban. J'aimerais y passer plus de temps. »

 

Lire aussi
Ces jeunes Libanais qui ont tapé dans l'œil de « Forbes »

Le top 50 des milliardaires arabes compte, cette année encore, sept Libanais

Oussama Ammar, itinéraire d'un « barbare » précoce

Pour la troisième année consécutive, le Franco-Libanais Nadra Moussalem figure dans le classement des « 100 leaders économiques français de demain » de moins de 40 ans, publié début mars par l'Institut Choiseul. Sa nomination, à l'automne 2015, à la direction générale de la branche européenne du fonds d'investissement américain Colony Capital a sûrement contribué à le...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut