Rechercher
Rechercher

Économie - Portrait

Farès Noujaim, discrète et incontournable figure de Wall Street

Classé troisième banquier d'affaires d'Europe en 2015 par le groupe d'analyse financière Mergermarkets, Farès Noujaim s'est fait un nom dans ce cercle très fermé à coups de transactions record.

Directeur associé à la banque d'investissement Guggenheim Partners, Farès Noujaim a été classé troisième banquier d'affaires d'Europe en 2015 par le groupe d'analyse financière Mergermarkets. Capture d’écran.

Le pouvoir sans le tintamarre. Si Farès Noujaim s'épanche relativement peu dans les médias, le timbre posé de sa voix au téléphone et son souci méticuleux du détail laissent deviner une autorité assumée et forgée le long d'une carrière bâtie au sein du gratin de la finance.
Directeur associé à la banque d'investissement Guggenheim Partners, Farès Noujaim a été classé troisième banquier d'affaires d'Europe en 2015 par le groupe d'analyse financière Mergermarkets, pour avoir conclu deux contrats évalués à 215 milliards de dollars, dont l'achat d'Allergan par Pfizer en novembre dernier pour plus de 160 milliards de dollars. En 30 ans de carrière, il a participé à des apports de fonds pour un montant total qui dépasse le billion de dollars.

« Ne jamais baisser les bras »
Au niveau mondial, 2015 a été une année record en termes de fusions-acquisitions dont la valeur a atteint 4,7 billions de dollars. « Des taux d'intérêt bas et une croissance relativement faible ont permis de pousser le marché des fusions-acquisitions vers l'avant », explique Farès Noujaim. Les banques d'investissements, telle Guggenheim Partners, récupèrent en général entre 1 et 2 % du montant des transactions. Farès Noujaim reste toutefois discret sur ses revenus et préfère mettre en avant sa capacité « à forger des relations sur le long terme », grâce à son richissime carnet d'adresses.
Pourtant, rien ne prédisposait Farès Noujaim à faire carrière dans la finance. Né au Koweït en 1963 d'un père mécanicien et d'une mère infirmière, il grandit dans la capitale libanaise jusqu'à l'âge de 8 ans. La famille part ensuite s'installer à New York. « Mon père nous a quittés quand j'avais 14 ans. Ma mère est retournée vivre avec mes grands-parents au Liban et j'ai dû commencer à travailler comme mécanicien ou pompiste... » se remémore-t-il. À l'université, il étudie l'économie quantitative et effectue quelques stages d'été dans la finance. « J'avais trouvé ma passion : ça m'allait comme un gant », dit-il. Embauché en 1985 à Goldman Sachs, il rejoint Bear Stearns deux ans plus tard. Il se spécialise dans les fusions et acquisitions, et collabore avec General Motors, Ford, Sprint et Lucent. Mais son expérience à Bear Stearns prend fin brutalement lorsque la banque d'investissement, menacée de faillite pendant la crise des « subprimes », est vendue à très bas prix (2,3 milliards de dollars) à la banque commerciale américaine JPMorgan Chase en 2008. Un souvenir pénible pour Farès Noujaim, troisième actionnaire interne de Bear Stearns à l'époque, sur laquelle il ne préfère pas s'attarder. « Cette expérience m'a appris à ne jamais baisser les bras », relativise-t-il.

« La meilleure équipe de Wall Street »
Farès Noujaim trouve alors refuge à la banque d'investissement Merrill Lynch, comme président de ses opérations dans la zone Mena. Un poste créé pour lui, précise-t-il. Direction Dubaï pendant 2 ans. « J'ai aidé trois fonds souverains – du Koweït, de Singapour et de la Corée du Sud – à prendre 25 % du capital de Merrill Lynch », mentionne-t-il.
Il retourne aux États-Unis en 2010, cette fois-ci en tant que vice-président exécutif de Merrill Lynch. Quatre ans plus tard, il décide de rejoindre son ancien collègue de Bear Stearns, Alan Schwartz, à Guggenheim Partners. À l'époque, la presse américaine s'inquiète d'un départ qu'elle juge abrupt. « L'idée était de réunir la meilleure équipe en fusions-acquisitions de Wall Street. Il semblait logique de nous associer à nouveau », glisse Farès Noujaim.
Le banquier garde une affection particulière pour son pays d'origine, où il possède une maison dans la capitale et où se trouve toujours une grande partie de sa famille. Il a d'ailleurs déjà eu l'occasion de collaborer avec le gouvernement libanais. « Lorsque le Liban est devenu le premier pays arabe à émettre des eurobonds en 1994, le gouvernement a été conseillé par Merrill Lynch. À l'époque, j'étais à Bear Stearns, qui était cogestionnaire de l'opération », se souvient-il. S'il refuse de s'exprimer sur l'avenir politique et sécuritaire de la région, il se montre davantage loquace sur son potentiel et met notamment l'accent sur deux phénomènes encourageants à ses yeux. D'abord, « la constitution d'une classe moyenne dans le Golfe, qui est un modèle à suivre pour ses voisins » ; ensuite, « le mouvement de consolidation du secteur financier libanais (qui) est une bonne chose car il permet d'éviter la présence d'acteurs trop petits et fragiles pour proposer une large palette de services financiers ».

 

Lire aussi
Ces jeunes Libanais qui ont tapé dans l'œil de « Forbes »

Le top 50 des milliardaires arabes compte, cette année encore, sept Libanais

Le pouvoir sans le tintamarre. Si Farès Noujaim s'épanche relativement peu dans les médias, le timbre posé de sa voix au téléphone et son souci méticuleux du détail laissent deviner une autorité assumée et forgée le long d'une carrière bâtie au sein du gratin de la finance.Directeur associé à la banque d'investissement Guggenheim Partners, Farès Noujaim a été classé troisième...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut