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Liban - Crise

Deux grands titres de la presse libanaise menacés de ne plus paraître

L'État est invité à mettre en place un plan de sauvetage pour soutenir les journaux en difficulté.

Aujourd'hui, deux grand titres de la presse libanaise font face à des difficultés financières monstres.

Le Liban « médiatique » est sous le choc : deux au moins de ses plus grandes publications, les quotidiens an-Nahar et as-Safir, des mastodontes de la presse libanaise qui ont jalonné et façonné l'histoire du pays, font aujourd'hui face à des difficultés financières monstres. Un troisième quotidien, al-Liwa', serait également en passe de fermer ses portes affrontant des défis similaires. Au moins deux de ces grandes publications risquent de renoncer prochainement à leur version papier.

Deux lettres respectivement envoyées par la direction d'as-Safir, puis du Liwa', alertant les employés sur le risque imminent de suspendre l'impression, sont venues confirmer, mardi, les multiples rumeurs qui circulaient à ce sujet. Dans une circulaire interne, le PDG et rédacteur en chef d'as-Safir, Talal Salmane, a informé ses collègues de la situation économique catastrophique à laquelle est confronté le journal, et annoncé que l'entreprise pourrait bientôt passer exclusivement à la version électronique. Le mémo, qui a par la suite fuité, assure que tous les droits des salariés seront préservés.
Selon une source proche du journal, la décision de suspendre la publication du papier aurait déjà été prise, et le mémo ne serait en fait qu'une entrée en matière, une sorte de prélude pour préparer psychologiquement les collaborateurs du journal avant le jour J.
Même son de cloche au quotidien al-Liwa' qui a invité, voire implicitement encouragé tous ceux qui le désirent, à présenter leur démission, leur promettant les compensations de fin de service qui leur sont dues.

Pas de suspension du « Nahar »
De son côté, des sources bien informées au sein du quotidien an-Nahar ont tenu à mettre fin hier à la valse de rumeurs circulant également concernant le quotidien. Les difficultés économiques auxquelles fait face ce journal depuis un certain temps ne pousseront en aucun cas les administrateurs à suspendre la version papier, encore moins la version électronique, fait-on valoir.

Toutefois, les annonces-surprise faites simultanément par les deux quotidiens as-Safir et al-Liwa' à leurs employés, survenues après les bruissements en coulisse au sujet de l'avenir du quotidien an-Nahar, « n'ont pas été orchestrées ou décidées en concertation, comme le laissent croire certaines analyses », assure une source informée des affaires médiatiques. Celle-ci précise que la crise, qui touche le secteur de la presse écrite depuis 2011 pratiquement, concerne l'ensemble du secteur de la presse écrite dans le monde. Elle aurait été fatale pour certains médias du Proche-Orient qui comptaient surtout sur un financement de type politique. En fermant les vannes devant certains de ces médias – pour des raisons économiques notamment –, certains pays du Golfe les ont ainsi privés d'importantes ressources qui leur permettaient de survivre en temps de baisse des ventes, des abonnements et de la publicité. C'est le cas actuellement du Liban atteint par une profonde crise économique.

Dans le cas spécifique d'as-Safir, un journal qui se proclame ouvertement progressiste et défenseur d'une arabité engagée, la crise devait être ressentie autrement plus pernicieusement, puisque le journal a été assimilé, « à tort » diront certains, à un axe politique (celui du Hezbollah et de l'Iran) « qui ne se reflétait pas nécessairement son orientation globale », confie une source proche du quotidien.
Le contrecoup de cette « réputation » n'a pas tardé à transparaître dans la disparition progressive des abonnements contractés par les pays du Golfe, imposant ainsi une sanction morale au quotidien. Il devait également se faire ressentir par la fuite des bailleurs de fonds politiques qui jadis soutenaient le quotidien et qui, aujourd'hui, n'ont plus leur raison d'être à l'ombre des nouveaux enjeux régionaux.
L'achat par l'homme d'affaires syrien, Jamal Daniel, proche du régime de Bachar el-Assad, de 20 % des actions d'as-Safir ne devait vraisemblablement pas arranger les choses. D'autres facteurs purement économiques cette fois-ci – le coût de l'impression, la baisse des ventes du papier avec la progression fulgurante des médias sociaux et la chute des revenus publicitaires – ont sans aucun doute contribué à l'aggravation de la crise.

La proposition de Sejaan Azzi
Hier, l'appel lancé par plusieurs confrères, notamment l'ordre des journalistes qui a exhorté l'État à venir à la rescousse de ces grands médias, ne devrait en principe pas passer sous silence. Dans un communiqué, le ministre du Travail, Sejaan Azzi, a déploré la situation dans laquelle se trouve la presse libanaise, dénonçant dans ce même cadre la fermeture de la librairie al-Bourj. M. Azzi a préconisé la création par l'État d'une caisse autonome pour soutenir la presse en difficulté. Cette caisse serait alimentée par des contributions de l'État et du secteur privé, a souligné le ministre Azzi. À cela est venu s'ajouter l'engagement du ministre de l'Information, Ramzi Jreige, à œuvrer pour aider ces publications.

Parallèlement, certaines voix ont exprimé le souhait que cette crise soit réglée par le biais d'un soutien privé, des hommes d'affaires ou des immigrés libanais souhaitant ressusciter ces journaux par exemple, de manière à sortir ces médias une fois pour toutes de l'ornière du financement politique et de l'instabilité qu'il induit.

Quoi qu'il en soit, le chapitre du journal papier est loin d'être clos encore. Il reste à trouver une issue créative et, surtout, la moins coûteuse sur le plan de la liberté d'expression et de l'impact sur les familles directement concernées. Car ce sont au final plusieurs centaines d'employés, dont des journalistes de renom, qui risquent de se retrouver d'un jour à l'autre dans une situation précaire.

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Le Liban « médiatique » est sous le choc : deux au moins de ses plus grandes publications, les quotidiens an-Nahar et as-Safir, des mastodontes de la presse libanaise qui ont jalonné et façonné l'histoire du pays, font aujourd'hui face à des difficultés financières monstres. Un troisième quotidien, al-Liwa', serait également en passe de fermer ses portes affrontant des défis...

commentaires (6)

Une triste nouvelle...pauvre LIBAN...

Soeur Yvette

19 h 09, le 17 mars 2016

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • Une triste nouvelle...pauvre LIBAN...

    Soeur Yvette

    19 h 09, le 17 mars 2016

  • Deux secteurs vont souffrir dans les années prochaines la presse bien sure ( du moins papier) et les banques le monde électronique en est la raison principale et bien sure pas que au Liban Et en Europe les banques sont deja en pleine restructuration. Au Liban se sera plus tardif car l'utilisation de la monnaie est encore très utilisée

    yves kerlidou

    16 h 11, le 17 mars 2016

  • C'était en Piastres, en Toumânes ou en USD per(s)cés ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 29, le 17 mars 2016

  • PARTOUT DANS LE MONDE LES IMPRESSIONS PAPIER ONT ETE OU REDUITES A LA MOITIE... EXEMPLE BIMENSUEL AU LIEU DE MENSUEL... OU BEAUCOUP SUSPENDUES OU ENTRAIN DE L'ÊTRE... CAR AVEC LES VERSIONS ELECTRONIQUES LES GENS SONT MOINS ENCLINS AU PAPIER... POURTANT IL EST TELLEMENT PLUS FACILE DE TRIMBALLER AVEC SOI SON JOURNAL PAPIER ET LE LIRE LA ET OU ON VEUT ET A L'HEURE QU'ON VEUT AU LIEU DE TRIMBALLER SON P.C. OU SON SMARTPHONE QUI D'AILLEURS COÛTE BEAUCOUP PLUS EN FRAIS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 18, le 17 mars 2016

  • "L'achat par l'homme d'affaires syrien, Jamal Daniel, proche du régime de Bachar el-Assad, de 20 % des actions d'as-Safir ne devait vraisemblablement pas arranger les choses." ! "Daniel" ! Est-ce un JUIF, ou simplement un noùSSaïrî.... "syrien" ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 22, le 17 mars 2016

  • L'Iran ne paye plus ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 18, le 17 mars 2016

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