La rédactrice en chef adjointe et la vice-présidente du conseil d'administration de la chaîne al-Jadeed, Karma Mohammad Tahsine Khayat. Photo d'archives.
Le collège d'appel du Tribunal spécial pour le Liban (TSL), désigné dans l'affaire Karma Khayat, a annulé mardi la condamnation en première instance de la directrice adjointe de la chaîne locale al-Jadid, accusée d'avoir diffusé des informations sur de présumés témoins confidentiels en rapport avec les cinq accusés de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri. Cette décision intervient à la suite de l'appel interjeté par le procureur ad hoc du TSL contre l'acquittement de la chaîne al-Jadid, sur laquelle pesaient les mêmes charges.
Reconnue coupable en première instance d'outrage et d'entrave à la justice, le 28 septembre 2015, pour ne pas avoir retiré les reportages du site internet d'al-Jadid lorsque le tribunal le lui avait demandé, Mme Khayat avait été condamnée par le juge Nicola Lettieri à payer 10.000 euros d'amende.
Le collège d'appel a également confirmé l'acquittement de la chaîne. Le 18 septembre 2015, le TSL avait innocenté la chaîne, accusée d'avoir diffusé des informations sur des témoins protégés dans une série de reportages. Le tribunal avait alors estimé que trois témoins étaient identifiables grâce aux informations publiées par al-Jadid, mais que rien n'indique que ces témoins "aient souffert de quoi que ce soit à cause de ces divulgations", avait estimé le juge Lettieri. Les visages étaient cachés et les noms complets n'étaient pas cités, mais leurs initiales, profession, lieu de travail ou même des plaques d'immatriculation étaient soit mentionnés soit visibles à l'écran, selon l'accusation.
L'ancien président de la République libanaise, Michel Sleiman, a salué la décision du collège d'appel du TSL.
ثقتنا ببراءة الجديد كانت في محلّها.. مبروكة هي البراءة ولو تأخر إعلانها
— Michel Sleiman (@SleimanMichel) 8 mars 2016
"Notre confiance vis-à-vis de l'innocence d'Al-Jadid était fondée. Félicitations pour cet acquittement, même s'il a pris du temps", écrit Michel Sleiman sur son compte Twitter
Le quotidien al-Akhbar, prohe du Hezbollah, et son éditorialiste Ibrahim el-Amine doivent également répondre d'outrage devant le TSL, qui leur reproche d'avoir entravé le cours de la justice internationale en publiant la liste des témoins (dont certains désiraient restés anonymes) appelés à comparaître devant le Tribunal dans l'affaire de l'assassinat de Rafic Hariri. Ce procès s'était ouvert le 24 février dernier.
Premier tribunal international ad hoc créé pour juger une attaque "terroriste", le TSL a été constitué par l'Onu, à la demande du Liban, après l'attentat ayant coûté la vie à Rafic Hariri et à 22 autres personnes en février 2005 à Beyrouth. Le TSL a inculpé cinq membres du Hezbollah pour l'attentat contre M. Hariri. Leur procès s'est ouvert en janvier 2014, en l'absence des accusés.
Ce tribunal est un dossier sensible au Liban, divisé entre le camp mené par le Hezbollah pro-iranien et la coalition dirigée par Saad Hariri, fils de l'ancien Premier ministre.
Pour mémoire
TSL : Karma Khayat condamnée à une amende de 10 000 euros
commentaires (4)
La mauvaise foi, plutôt.
NAUFAL SORAYA
22 h 02, le 08 mars 2016