Quand les guignes arrivent en escadrilles, on finit par se demander si ce pays n'a pas été inventé pour porter la poisse... Depuis plus de 40 ans, pas un jour ne passe sans amener avec lui son tombereau de tuiles, qui viennent se tringler à la queue leu leu, telle une guirlande de travaux d'Hercule aussi impossibles qu'inutiles.
« Le pays du miel et du lait ». Le crétin aérien qui a inventé ce slogan doit aujourd'hui écumer de rage, tel un jihadiste frappé de dysfonctionnement érectile face aux vierges du paradis. Parce que depuis lurette le lait a tourné huile de vidange et le miel moutarde faisandée.
Question loto en tout cas, on ne peut pas dire qu'on a tiré le bon numéro : nous sommes tombés si bas qu'on a fini par trouver du gaz et du pétrole, mais faute de s'entendre pour les exploiter, ces produits fossiles ne serviront qu'à relever les senteurs exotiques des sacs poubelles crevés et des bandages herniaires usagés bercés par les vagues...
Une vie quotidienne optimisée ? Loupé ! Nous sommes quasiment les seuls au monde à cracher à la fois au bassinet de la TVA et des taxes douanières.
Des frontières calmes ? Raté aussi. Sur les 22 membres de la Ligue arabe, il a fallu que nous soyons les seuls à faire la guerre à la fois aux Hébreux et aux Syriens.
Une diplomatie apaisée, alors ? Tiens, fumes ! Le Liban aurait pu se trouver très loin ailleurs, enclavé dans la forêt amazonienne ou la prairie irlandaise, à végéter peinard aux côtés des populations locales... Ben non, nous voilà dansant le long du Golfe clair entre deux gougnafiers régionaux, les Iraniens et les Saoudiens, modèles platoniciens de démocratie et d'alternance politique.
Bon, alors on fait quoi ?
Absolument rien ! On prend la pose et on ne bouge pas ! Mieux vaut ne rien faire tout de suite qu'attendre une éternité pour ne rien faire...
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (8)
Quelle verve, cher Gaby, quel style. On a tout perdu, tu as raison, mais nous avons encore tes billets, et quelques autres éditoriaux. Drame : lorsque ces élites éduquées avant 1990 auront rendu l'âme, que deviendra celle du Liban ? Car c'est avec la "paix" de 1990 que nous l'avons perdue entre argent facile et consensus non démocratique.
Aractingi Farid
18 h 28, le 04 mars 2016