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Moyen Orient et Monde - États-Unis

Cinq candidats face au révélateur du « Super Tuesday »

Douze États votent aujourd'hui pour les primaires américaines. Cinq candidats sont encore crédibles pour cette investiture, cinq enjeux bien différents.

Journée décisive dans la course à la Maison-Blanche aux États-Unis. Pour chacun des deux camps, démocrates et républicains, c'est le Super Tuesday (supermardi) aujourd'hui, marquant le tournant des primaires, qui doivent désigner le champion du parti pour l'élection présidentielle de novembre. Les citoyens élisent des délégués, qui soutiennent chacun un candidat. Sur l'ensemble des délégués que compte le pays, 24 % seront désignés chez les républicains lors de la seule journée du Super Tuesday ; 21 % chez les démocrates. Ils sont issus des douze États appelés à voter le même jour, principalement cette année des États du Sud, où l'enjeu du vote des minorités noires et latinos est primordial. Pour chacun des candidats, le Super Tuesday fait office de révélateur. Tandis que Hillary Clinton et Donald Trump veulent écarter leurs adversaires et foncer vers l'investiture, leurs poursuivants mettent leurs derniers espoirs dans ce scrutin décisif.

Hillary Clinton : le vote noir et latino
Un grand bol d'air. La Caroline du Sud, dimanche, a voté à 74 % pour l'ancienne secrétaire d'État, écrasant son concurrent, Bernie Sanders. Donnée largement favorite des sondages au moment du lancement de sa campagne en avril dernier, elle voyait se rapprocher dangereusement son rival depuis le mois de janvier. Mais en remportant trois des quatre premiers États à avoir voté depuis un mois, elle aborde le Super Tuesday en position de force et entend donner un second souffle à sa campagne, qui en manquait cruellement jusqu'ici. L'enjeu pour elle est clair : elle doit décrocher le sénateur du Vermont. Ce souffle pourrait venir du vote de la communauté noire, qui la soutient indéfectiblement. Héritage précieux des liens noués entre les minorités et l'ancien président Bill Clinton, les électeurs noirs ont répondu massivement présent pour sa femme, Hillary, en Caroline du Sud, avec 86 % des voix. Pour les États du Texas, de Géorgie et du Tennessee, cet avantage sera décisif et annonce de larges victoires. Face à un rival inattendu mais séduisant, gagner serait un moindre mal, briller serait une victoire.


(Lire aussi : Les tourments d’Hillary Clinton)

 

Bernie Sanders : papy fait de la résistance
Il le répète depuis des semaines. Lorsqu'il a commencé a lancé sa campagne il y a un an, personne n'aurait misé un dollar sur sa candidature. Il était trop âgé, trop inexpérimenté, trop « socialiste »... Et pourtant, Bernie Sanders, 74 ans, avec des propositions aussi radicales que la couverture santé universelle ou bien la gratuité des prêts étudiants, a tenu tête à Hillary Clinton dans l'Iowa et a remporté le New Hampshire avec plus de 20 points d'avance.
Déjà « tué », selon sa propre expression, en Caroline du Sud, le Super Tuesday pourrait bien entériner tout espoir d'investiture pour M. Sanders. Selon Nicole Bacharan, spécialiste de la politique américaine, « Bernie Sanders reste assez exotique dans les États du Sud et chez les minorités. C'est un homme de la côte Est, qui n'a pas d'implantation populaire dans les États aussi divers ». Mais l'essentiel n'est pas là, selon Mme Bacharan, « il a déjà acquis une forme de victoire. Il a désormais une certaine influence, une voix dans l'avenir du Parti démocrate et même dans l'avenir de la campagne de Hillary. » Le Super Tuesday et la qualité de ses résultats dans des États plus accessibles comme le Colorado et le Vermont vont surtout lui permettre de voir jusqu'à quand il pourra porter cette voix dissonante mais rafraîchissante.


(Lire aussi : La révolution Bernie séduit la jeunesse démocrate, au grand dam d'Hillary)

Donald Trump : oui, il peut gagner l'investiture
« Donald Trump cite Benito Mussolini », « Donald Trump a des liens avec le Ku Klux Klan », « Donald Trump est raciste »... Ces derniers jours, il n'est question que de lui. Meeting après meeting, le magnat de l'immobilier s'est imposé comme le grand favori de la primaire. Avec trois victoires sur quatre possibles, il compte déjà plus de quatre fois plus de délégués que ses principaux concurrents et caracole en tête de tous les sondages.
L'intensité des critiques et des insultes qui pleuvent ces derniers jours sur le sulfureux milliardaire traduit l'importance que revêt le scrutin du Super Tuesday. Elles viennent de ses principaux rivaux, mais aussi de grandes fortunes du pays, et de la presse en général, comme le Whashington Post qui mène une virulente campagne contre Trump, affirmant que sa candidature risque de provoquer l'implosion du Parti républicain. Le scrutin risque de confirmer les craintes du Parti républicain : oui, Donald Trump peut gagner. Jusqu'ici, il était pris à la légère par beaucoup. Ses déclarations provocantes, son attitude agressive étaient celles d'un trouble-fête, pas d'un candidat présidentiable. Mais aujourd'hui, il peut remporter un nombre déterminant de délégués. L'enjeu pour lui dépasse les résultats. Il s'agit d'être désormais envisagé comme un candidat crédible à la Maison-Blanche recueillant des soutiens du parti (ce qui a déjà commencé avec l'appui du gouverneur Chris Christie) et élargissant sa base électorale.


(Lire aussi : Pourquoi Trump peut remporter les primaires républicaines)

 

Marco Rubio : la dernière chance du parti
Après avoir un temps misé sur Jeb Bush, les cadres du Parti républicain comptent sur le jeune sénateur de Floride, Marco Rubio (44 ans), pour présenter une candidature capable de gagner la Maison-Blanche en novembre prochain. Largement devancé par Donald Trump, à égalité en nombre de délégués obtenus avec Ted Cruz, M. Rubio peine à prendre son envol dans la campagne. Pour Nicole Bacharan, « si les sondages sont exacts, il ne va pas gagner. Il n'est donné vainqueur que dans le Minnesota. Ce qui est essentiel pour lui, c'est de s'imposer dans au moins un État, ce qui n'est pas acquis. Il doit resserrer l'écart avec Trump, qui continue à être considéré comme une catastrophe par le parti. Si Rubio fait des scores au moins corrects, il continuera à être soutenu et sa trajectoire sera ascendante ». Derrière la candidature de Marco Rubio, c'est l'avenir du Parti républicain qui est en jeu durant le Super Tuesday. S'il s'effondre, le parti implosera. En cas d'échec de Marco Rubio, le Grand Old Party (GOP), qui se craquèle déjà dangereusement depuis des semaines, miné par les luttes intestines de la campagne et les succès de Donald Trump, pourrait avoir du mal à se relever.

(Lire aussi : Ted Cruz, l'ultraconservateur devenu le principal rival de Trump)

 

Ted Cruz l: Le Texas ou la porte
L'équation est relativement simple pour Ted Cruz. Il doit s'imposer au Texas. C'est ce qu'avance Nicole Bacharan: « Il est latino et sénateur du Texas, donc s'il n'y fait pas un bon score, il sera difficile pour lui de continuer. Si, à l'issue du Super Tuesday, il reste au coude-à-coude avec Rubio, il peut continuer. » Donné favori dans sa terre d'élection, seul le grand nombre de délégués qu'elle fournit (155 pour les républicains) peut lui permettre de rester en vie. Il ne bénéficie en effet ni du soutien populaire de Donald Trump ni du soutien institutionnel de Marco Rubio. Son positionnement très conservateur lui a permis de remporter l'État de l'Iowa à la surprise générale (27,7 % contre 24,3 % pour Donald Trump). Il pouvait alors compter sur un électorat tout particulièrement religieux et historiquement sensible aux propositions les plus à droite du Parti républicain. Privé de ce terreau qui lui est favorable dans la plupart des États qui votent lors du Super Tuesday, il ne reste plus à Ted Cruz que le Texas pour espérer poursuivre sa campagne.

 

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