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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Campagne électorale US : primaires, ô combien

Les partisans de Bernie Sanders, candidat à la primaire démocrate, dans le Colorado. Brian Snyder/Reuters

« Nous allons nous battre pour chaque bulletin de vote, dans chaque État, convaincus que rien n'est acquis. » À Columbia, minuscule capitale de la Caroline du Sud (129 272 habitants, selon le recensement de 2010), Hillary Clinton venait de conclure ce qui restera sans doute comme le meilleur discours de sa carrière, prenant soin d'inclure dans ce victory speech tant attendu le nom de son meilleur argument électoral : le 44e locataire de la Maison-Blanche, plébiscité par 70 pour cent de la population désireuse de voir son successeur faire siennes les options. D'où la petite phrase qui fait tilt : « Je ne crois pas que le président Barack Obama a recueilli le mérite qui lui est dû pour nous avoir sortis de l'ornière dans laquelle nous poussaient les républicains. » Et vlan pour George Doubleyou, Dick Cheney et Donald Rumsfeld !

Ce samedi 27 février, l'ancienne secrétaire d'État avait raflé 73,6 pour cent des voix contre 26 pour cent à un Bernie Sanders ayant échoué dans sa quête des voix noires et hispaniques qui l'ont boudé à 80 pour cent. Il ne restait plus à ses partisans qu'à s'accrocher à une bien mince touffe d'herbe : les super-délégués autorisés s'ils le veulent à changer de bord mais incapables cependant de modifier le cours des événements. Jusqu'au tournant de la Caroline du sud, les deux adversaires étaient à égalité avec 52 délégués pour l'ex-First Lady et 51 pour le sénateur du Vermont. Depuis, on est passé à 91 (52+39) contre 65 (51+14). Et le congressman James E. Clyburn pouvait dire : « Ce soir, Hillary Clinton a entrepris sa marche vers le 1600 Pennsylvania Avenue » (siège de la présidence, à Washington), pendant que sur la pelouse du campus de l'université d'État, des pancartes surgissaient portant l'inscription « Madam President ».

Trop tôt pour crier victoire ? Sans doute. Des impondérables peuvent surgir, comme un sursaut des sandersistes, une embardée qui enverrait le bolide Clinton dans le fossé, un dérapage toujours possible tant forte est la pression sur les candidats, que sais-je encore. C'est pourquoi la journée du mardi 1er mars promet d'être déterminante avec 13 États en lice, en plus de Samoa et des « Democrats abroad », autrement dit les expatriés inscrits comme membres du parti. Selon les pronostics, Hillary Clinton est assurée de l'emporter en Alabama ainsi que dans l'Arkansas (dont elle est originaire), la Géorgie, le Tennessee, la Virginie et surtout le Texas. Soit 880 délégués sur un total général de 2 383. Son adversaire ambitionne de gagner le Minnesota ainsi que l'Oklahoma, le Massachusetts, le Colorado et bien entendu le Vermont qu'il représente au Sénat.


(Lire aussi : Les tourments d’Hillary Clinton)


Côté républicain, la météo politique n'est guère favorable au camp des anti-Trump, l'homme à la drôle de houppe continuant à bénéficier d'un insolent mais point inexplicable vent favorable. Dans les 11 États concernés, un candidat est tenu de recueillir 20 pour cent des voix pour que son score soit retenu dans la répartition des délégués. Or c'est loin d'être le cas pour Marco Rubio, John Kasich et Ben Carson. Quant à Ted Cruz, il continue, avec une affligeante régularité, à perdre du terrain sauf dans le Texas dont il est, avec John Cornyn, l'un des sénateurs et qui octroie au vainqueur un lot impressionnant de délégués (155 pour les républicains, 252 pour les démocrates). Au total, les 11 États en jeu devraient répartir quelque 595 des 1 237 délégués du Grand Old Party.
Incapable de battre, demain, Hillary Clinton, liens inquiétants, encore que nullement prouvés, avec la mafia, bénéficiaire du soutien de David Duke, l'ancien grand manitou du Ku Klux Klan, bien que celui-ci ait quitté le mouvement tout en demeurant résolument ardent révisionniste et farouchement antijuif : « the Donald », ignorant superbement toutes ces accusations, continue de caracoler en tête des sondages après avoir enlevé haut la main les trois derniers scrutins. Pour le super Tuesday, il est crédité d'un chiffre que lui envient ses adversaires : près de 37 pour cent. Dans son cas aussi, des inconnues pourraient surgir à tout moment. Ce qui, affirment les mauvaises langues à Washington, ne ferait que compliquer encore plus une situation déjà passablement trouble dans les rangs du G.O.P.

Mais trouble, n'est-ce pas l'ensemble du système qui l'est, avec ses (més)alliances, ces combines, ses mensonges, ses reniements – une étrange combinaison que partisans et critiques s'emploient à rendre chaque jour un peu moins ragoûtante ? Ah ! On est loin de l'esprit qui animait les pères fondateurs. Quoi d'étonnant dès lors que ces primaires soient qualifiées de « SEC Primary ». SEC pour Southern Conference, ce tournoi opposant les meilleures équipes du football américain, un sport où tous les coups, ou presque, sont permis.
« Je regrette que l'aigle au crâne dénudé ait été choisi pour symbole de notre pays. C'est un oiseau sans moralité et semblable aux hommes qui vivent de filouteries et de vols. » Ils seraient étonnés, les Américains, de découvrir que l'auteur de ces lignes est Benjamin Franklin. Pensait-il, lui, à la politique ?

 

Blog : Merville Post

 

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