Le chef du gouvernement libanais, Tammam Salam, qui présidait au Grand sérail jeudi le Conseil des ministres, a souhaité que les membres du gouvernement se conforment à l'unanimité arabe, rappelant que le Cabinet s'était prononcé à l'unanimité en faveur de ce point lors de sa dernière réunion lundi, suite à la crise entre le Liban et l'Arabie saoudite.
"M. Salam a souhaité que les ministres se conforment à l'unanimité arabe, surtout que la situation actuelle est extrêmement sensible"; a fait savoir le ministre de l'Information, Ramzi Jreige, dans un communiqué lu à l'issue de la réunion. "M. Salam a assuré qu'il déploie des efforts considérables à tous les niveaux afin de dépasser la crise actuelle avec l'Arabie saoudite et les pays du Golfe", a ajouté M. Jreige.
Les relations entre Beyrouth et Riyad sont extrêmement tendues depuis que le royaume wahhabite a décidé vendredi dernier de geler son aide de quatre milliards de dollars aux forces armées libanaises, accusant le gouvernement de favoriser son rival iranien sous influence du Hezbollah. La tension entre les deux pays était montée d'un cran après le refus du Liban de condamner tant au sein de la Ligue arabe que de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), les attaques perpétrées le mois dernier par des manifestants contre les représentations diplomatiques de l'Arabie saoudite en Iran .
L'Arabie a dernièrement appelé ses ressortissants à ne pas se rendre au Liban, ou à quitter le pays au cas où ils s'y trouvent déjà. Le Koweït, le Qatar et le Bahreïn ont fait de même.
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"Nous n'avons pas commis d'erreur"
Réagissant à cette polémique, de nombreux responsables libanais se sont rendus durant ces derniers jours à l'ambassade d'Arabie à Beyrouth afin d'afficher leur soutien au royaume. A titre d'exemple, l'ancien ministre de la Justice Achraf Rifi a présenté ses excuses à Riyad. D'autres ministres se sont opposés à cela. C'est le cas du ministre de l'Économie, Alain Hakim (Kataëb), et du ministre d'État pour les Affaires du Parlement, Mohammad Fneich (Hezbollah), qui ont tous deux estimé jeudi, avant le début du Conseil des ministres, qu'il n'y avait pas de raisons de s'excuser auprès de l'Arabie.
"Le Hezbollah n'a pas commis d'erreur pour qu'il s'excuse auprès de quiconque", a affirmé M. Fneich, qui est membre de la formation chiite. "Les excuses (du Hezbollah) sortiront-elles l'Arabie de son pétrin au Yémen?", s'est interrogé le ministre.
Quant au ministre Kataëb Alain Hakim, il a déclaré : "Nous n'avons pas commis d'erreur pour nous excuser, et assez de panique face aux mesures prises par les pays du Golfe, car cela affecte l'économie".
Mercredi, l'ambassadeur saoudien au Liban, Ali Awad Assiri, avait affirmé que le gouvernement libanais doit "réparer l'erreur" commise envers Riyad. Jeudi, M. Assiri a été plus clair en affirmant que "si la partie à l'origine de la crise s'excuse, les relations diplomatiques (entre Riyad et Beyrouth) pourraient être +rectifiées+", en référence au ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil.
L'ambassadeur saoudien a en outre fait savoir qu'"aucune date n'a encore été fixée pour la visite d'une délégation gouvernementale libanaise en Arabie". "Les pourparlers avec M. Salam se poursuivent", a-t-il ajouté. M. Assiri a enfin refusé de commenter des informations sur un possible retrait des dépôts de l'Arabie dans les établissements bancaires au Liban. "Je ne commenterai pas cette question, mais s'il y a une décision en provenance de Riyad, il faudra l'exécuter", a affirmé M. Assiri.
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"Avancées positives"
Sur un autre plan, le ministre de l'Information a fait savoir que M. Salam a affirmé que des "avancées positives" ont été réalisées au niveau de l'action de la commission ministérielle chargée du dossier de la crise des déchets, "suite à la coopération de certaines parties politiques, même si la crise n'a toujours pas été résolue". Cette commission s'est réunie mercredi mais a été peu diserte sur les détails de sa réunion.
L'exportation des déchets qui était envisagée par le gouvernement est finalement tombée à l'eau. L'Etat se penche à nouveau sur l'option des décharges sanitaires et des incinérateurs sur le territoire libanais, alors que la crise qui a commencé le 17 juillet dernier se poursuit.
Enfin, M. Jreige a rapporté que le gouvernement a approuvé plusieurs décrets, notamment celui relatif à la modification des tarifs douaniers concernant l'importation du fer.
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commentaires (5)
AU JAPON... IL Y AURAIT EU DES SUICIDES ET NON PAS DES DEMISSIONS DES RESPONSABLES DESIGNES !!!
LA LIBRE EXPRESSION
19 h 11, le 25 février 2016