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À La Une - religion

Contraception: le pape fait preuve de pragmatisme sans renier la doctrine

"Eviter une grossesse n'est pas un mal absolu", a déclaré le pape François.

Le pape François, à son retour d'Amérique latine, a montré son pragmatisme en entrouvrant la porte à l'usage de la contraception pour lutter contre le virus Zika, mais sans rien lâcher sur le fond. REUTERS/Tony Gentile

Le pape François, à son retour d'Amérique latine, a montré son pragmatisme en entrouvrant la porte à l'usage de la contraception pour lutter contre le virus Zika, mais sans rien lâcher sur le fond.

"L'avortement n'est pas un mal mineur, c'est un crime", tandis qu'"éviter une grossesse n'est pas un mal absolu", a répondu jeudi le pape, interrogé dans l'avion qui le ramenait du Mexique à Rome.
Cette ouverture, timide, a aussitôt suscité quelques interrogations: le Vatican serait-il en train d'abandonner l'un des éléments fondamentaux de la doctrine de l'église catholique sur la protection de la vie ?
Rien n'est moins sûr, selon les experts. Ce n'est pas la première fois que le Vatican fait preuve de compréhension devant des situations particulièrement dramatiques, comme l'a souligné le pape François.

Faisant bien la distinction entre avortement et contraception, il a rappelé que Paul VI, pape de 1963 à 1978, avait permis à des religieuses d'utiliser au Congo des contraceptifs parce qu'elles étaient violées par des militaires. Ces cas exceptionnels ne remettent certainement pas en cause la doctrine du Vatican, qui a toujours combattu l'avortement et la contraception, mais sans les mettre au même niveau de faute. Cette condamnation a été rappelée dans une encyclique du pape Paul VI, publiée en 1968, qui n'a pas depuis été remise en cause par le Vatican.

"Un changement de doctrine ne se fait pas avec des déclarations improvisées. L'encyclique Humanae Vitae (1968) de Paul VI reste en vigueur", remarque ainsi Mgr Octavio Ruiz Arenas, archevêque colombien, longtemps membre de la Congrégation pour la doctrine de la foi, interrogé par l'AFP.

 

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'Peu ou pas de changement'
C'est ce qu'ont également compris, pour s'en désoler, les représentants de l'association américaine Catholics for choice (les catholiques pour le choix). Les propos du pape "représentent peu ou pas de changement", a souligné leur président Jon O'Brien, dans un communiqué.
"Plus grave, a-t-il ajouté, ils sont dangereux, au moins en ce qui concerne l'avortement. Il est établi que quand des femmes sont désespérées au point de mettre un terme à leur grossesse et qu'elles n'ont pas accès à des services légaux et sûrs, elles peuvent avoir recours à des avortements dangereux", a souligné M. O'Brien.

D'autres associations y voient néanmoins un signal important. "On peut et on doit faire plus, mais les mots du pape sont un premier pas dans la bonne direction", a indiqué l'ONG brésilienne, Catholiques pour le droit de décider, citée vendredi par le quotidien La Repubblica.
Sur la contraception, le pape avait reconnu, à son retour d'Afrique fin novembre, "une perplexité" de l'Eglise sur la question de l'utilisation du préservatif pour lutter contre le sida. Il avait jugé que c'était "une des méthodes", mais que l'Afrique avait "des blessures plus grandes".

Le père Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège, est revenu vendredi sur les propos du pape François en évoquant l'exemple de son prédécesseur Benoît XVI. Dans un livre-entretien, le pape allemand avait déjà proposé l'usage du préservatif dans des situations de risque de contamination du Sida.
"Le contraceptif ou le préservatif, dans des cas d'urgence et de gravité particulière, peuvent être objet d'un sérieux discernement de conscience. C'est cela que dit le pape" François, a précisé le père Lombardi, interrogé sur radio Vatican.

Les propos de Jorge Bergoglio représentent donc une certaine "ouverture, mais de manière estompée. Une façon très jésuite, qui est de considérer la réalité plus importante que les idées", a expliqué à l'AFP le vaticaniste de l'agence italienne Askanews, Iacopo Scaramuzzi.
Pour ce dernier, le pape François a aussi pris la précaution de citer Paul VI, à l'origine de l'encyclique condamnant la contraception, pour rassurer les milieux les plus conservateurs. Mais le pontife argentin connaît aussi très bien l'Amérique latine, première victime du virus Zika, et "j'ai l'impression que ce qu'il dit suit en réalité une sagesse dont font déjà preuve de nombreux prêtres sur le terrain", quand ils ferment les yeux sur la contraception, explique M. Scaramuzzi.

 

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