Entre Prague et Beyrouth, un échange de bons procédés...

Un épilogue douteux à l'affaire de l'enlèvement, l'été dernier, de cinq ressortissants tchèques dans la Békaa, est intervenu hier, avec la libération, à Prague, du Libanais Ali Taan Fayad. L'homme était en détention provisoire depuis 2014 à la demande des États-Unis, dans une affaire de trafic d'armes présumé.
Selon les médias tchèques et une source au sein des services de sécurité libanais, sa relaxe est l'aboutissement d'un accord qui a permis la libération, lundi dernier, des cinq ressortissants tchèques enlevés en juillet dernier.
Un avion spécial avec les cinq Tchèques à bord a quitté Beyrouth hier en début d'après-midi et était attendu dans la capitale tchèque plus tard dans la journée, selon le ministère tchèque des Affaires étrangères.
Ali Taan Fayad, qui a aussi la nationalité ukrainienne, avait été arrêté sur demande des Américains, qui l'accusaient de « complot contre les États-Unis » et demandaient son extradition. « Le ministre de la Justice, Robert Pelikan, a pris aujourd'hui (jeudi) la décision de ne pas permettre l'extradition d'Ali Taan Fayad, suite à quoi le tribunal municipal a immédiatement remis celui-ci en liberté », a déclaré à l'AFP la porte-parole du tribunal municipal, Marketa Puci.
Les cinq Tchèques, dont un avocat d'Ali Taan Fayad et leur chauffeur local, le frère de ce dernier, avaient disparu mi-juillet et leur voiture avait été retrouvée dans la région de Kefraya (Békaa).
Un officier du service de renseignements de l'armée tchèque ainsi que deux journalistes font aussi partie du groupe. Le ministère tchèque des Affaires étrangères a annoncé lundi que les cinq hommes avaient été retrouvés au Liban, « vivants et dans un état de santé satisfaisant ».

Arrêtés à l'hôtel Sheraton
Selon la presse de Prague, Ali Taan Fayad et deux ressortissants de la Côte d'Ivoire, Faouzi Jaber et Khaled Marabi, avaient été arrêtés par un commando de la police tchèque à la demande des autorités américaines en avril 2014 à l'hôtel Sheraton à Prague, alors qu'ils s'entretenaient avec des personnes qu'ils croyaient appartenir à la guérilla colombienne Farc.
En réalité, il s'agissait de membres de la police antidrogue américaine DEA, toujours selon la presse. Les trois hommes ont été accusés d'avoir tenté de fournir aux Farc des armes en provenance d'Ukraine. Selon des proches, en effet, Ali Taan Fayad jouissait de la nationalité ukrainienne et avait occupé le poste de « conseiller » de l'ancien ministre ukrainien de la Défense pour les affaires du Proche-Orient, du temps de l'ex-président Viktor Ianoukovitch.
Le ministre tchèque de la Justice a décidé hier aussi de remettre en liberté Khaled Marabi, alors que la décision sur Faouzi Jaber n'a pas encore été prise, selon Mme Puci.