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Nos Lecteurs ont la Parole - Noura METRI

Tu es périmée... à 30 ans !

«Nefrah minnik», «Nchoufik ahla arouss», «yalla badna nhemma baaa, tu as atteint la trentaine », «vas-y, tu es déjà vieille (à 30 ans, que laissez-vous pour 70 ans)»... Quelques exemples de ce qu'on entend souvent pendant les fêtes de fin d'année. Oui, les Libanais ont une manière spécifique de vous souhaiter une bonne année, surtout si on est une trentenaire et – le plus important pour eux –
célibataire.
Ah ce célibat: une question qui a fait couler beaucoup d'encre que ce soit dans les articles de presse ou les livres. Mais je trouve qu'au Liban, ce phénomène prend des proportions démesurées concernant les jeunes filles, spécifiquement. Sans parler de la pression que la société exerce et qui fait craquer plus d'une personne car ici, où les questions religieuses priment sur tout, soit on se marie (jeune, voire superjeune parfois), soit pas.
Étant récemment revenue d'un long séjour européen (où on ne sent jamais la pression de se marier coûte que coûte), avoir toute cette pression d'un coup me saoule plus que me déstabilise. Tout d'abord, j'ai essayé de comprendre ce qui cloche vraiment chez moi et de recueillir les différents points de vue afin d'en débattre.
«Yalla, choisis quelqu'un et marie-toi, ton âge ne te permet plus d'attendre.» «Les diplômes, c'est bien mais tu n'es pas mariée encore.» «Franchement, tu crois toujours que tu vas trouver l'homme de ta vie à cet âge?» «À la limite, un homme beaucoup plus âgé (même avec 20 ans d'écart cela ne leur pose pas de problème) ou un veuf.» «Être une fille cultivée et diplômée ne suffit pas.» «Ah, tu n'es toujours pas mariée à cet âge» (quand tu rencontres quelqu'un que tu n'as pas vu depuis longtemps) suivi, généralement, par un regard qui dit: «Pauvre fille, tu es bonne pour la casse.» «Regarde une telle, elle a déjà 2 enfants et une maison sublime.» «À ton âge, j'avais déjà Joëlle, Charbel, Nisrine...» «Sorry bass (la phrase fétiche ici), ma fi hada qui t'a plu? Ce n'est pas normal que tu sois encore célibataire!» «Haram, baada manna mjawaze. Medre chou beha? Elle attend le prince charmant hi hi hi hi hi.» «Il faut te lisser les cheveux, porter ci faire ça.» «Lezem tetghanajé chwey, ma bisir hek. Regarde ta voisine, en 6 mois, elle est partie.»
«Non, je refuse de prendre un homme à la va-vite comme mari malgré ces regards pitoyables qu'on me lance et cette pression sociétale»; «ma vie professionnelle est aussi importante que ma vie amoureuse»; «Merci, je ne suis pas encore bonne pour la casse et oui, pourquoi ne pas trouver mon âme sœur à mon âge»; «encore sans enfants et alors?»; «Si, je suis normalement constituée et je suis déjà sortie avec des hommes»; «Je ne cours pas derrière des mythes de prince charmant ou d'homme parfait, je cherche un homme qui saura me compléter et, réciproquement, quelqu'un qui me respectera et qui sera attentif, etc»; «Non merci, je ne vais pas ressembler à tous ces prototypes n'arrivant plus à se différencier, utilisant surtout des choses superficielles»; «tetghanajé, ah ça. Je ne suis pas de la sorte sans pourtant être un garçon manqué. Et pour la question de 6 mois, je la trouve un peu rapide comme choix pour une vie de couple»...
Je suis vraiment sciée devant ces propos et une telle mentalité, car je ne me suis jamais sentie anormale ou désespérée au point de me marier n'importe comment. Je continue à croire qu'il existe encore, même si c'est rare, un homme libanais qui sait admirer une femme pour sa beauté intérieure (comme extérieure qui en fait partie mais qui ne représente pas tout dans la vie), la respecter sans avoir ce besoin oriental de prouver sa virilité à tout bout de champ ou son machisme habituel. Un homme qui n'a pas peur de l'indépendance d'une femme, qui sait la protéger sans l'étouffer, qui sait communiquer sans imposer son avis, etc.
Une trentenaire? Oui, j'assume même si la société m'a déjà collé une date de
péremption !

Noura METRI

«Nefrah minnik», «Nchoufik ahla arouss», «yalla badna nhemma baaa, tu as atteint la trentaine », «vas-y, tu es déjà vieille (à 30 ans, que laissez-vous pour 70 ans)»... Quelques exemples de ce qu'on entend souvent pendant les fêtes de fin d'année. Oui, les Libanais ont une manière spécifique de vous souhaiter une bonne année, surtout si on est une trentenaire et – le...

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