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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Avec Modi, les vieux démons d’une Inde violente et divisée ressurgissent

Le Premier ministre mène la vie dure aux minorités religieuses, plus inquiètes que jamais.

Photo d’archives de Narendra Modi (à droite) lors d’un rassemblement avec ses partisans en décembre 2007. Amit Dave/Reuters

Nul n'est prophète en son pays. Voilà le pénible constat que le Premier ministre indien Narendra Modi doit dresser en ce début d'année 2016. Après trois jours passés sous le feu des projecteurs internationaux pour la visite du président français François Hollande à New Delhi la semaine dernière, les événements internes, plus sombres, ont rapidement rattrapé le chef du gouvernement indien.
Samedi 30 janvier, l'Inde célébrait en effet un double anniversaire funèbre. Celui de Rohith Vemuna, qui aurait dû avoir 27 ans ce jour-là, et celui du Mahatma Gandhi, héros de l'indépendance, assassiné le 30 janvier 1948. Unissant le destin de ces deux trajectoires brisées, des étudiants ont violemment protesté à New Delhi contre Narendra Modi.


Le suicide du jeune homme le 17 janvier dernier a bouleversé l'opinion publique. Membre de la caste des Intouchables et militant pour ses droits, il est exclu de son université sous la pression du puissant syndicat ABVP, qui n'est autre que le bras estudiantin du BJP, le parti de M. Modi. Pour le jeune homme, c'est la descente aux enfers. Rohith Vemuna se donne la mort en ne laissant que ces mots : « Que ce soit dans le domaine des études, dans la rue ou en politique, dans la vie comme dans la mort, l'homme est toujours réduit à son identité immédiate. Il est identifié à son bulletin de vote, numérisé, chosifié, alors que l'être humain est un être d'intelligence et de splendeur, fait de poussières d'étoiles... ». Furieuse et révoltée, la jeunesse indienne se souvient que c'est précisément cette idéologie fondamentaliste qui avait assassiné « la Grande Âme » de l'Inde, Gandhi, il y a 68 ans.

 

Regain des tensions communautaires
Or Modi, ancien dirigeant de l'État du Gujarat (Nord-Ouest) arrivé au pouvoir en mai 2014, mène une politique intérieure fortement controversée. Mis en échec sur certaines de ses promesses phares, comme l'assouplissement de la loi d'acquisition des terres ou encore la réforme de la TVA, il est surtout pointé du doigt pour son fondamentalisme religieux hindouiste.


Dans un pays où l'hindouisme est majoritaire à 80 %, la violence ethnique et religieuse est le vieux démon de l'Inde. Cette épée de Damoclès qui menace chaque dirigeant du sous-continent, a fait des ravages par le passé. Un million de morts lors de la partition entre l'Inde et le Pakistan en 1947, une croisade anti-Sikhs dans les rues en 1984, ou encore un pogrom contre les musulmans dans le Gujarat en 2002. Sur cette dernière affaire, la responsabilité de Narendra Modi, alors à la tête de l'État, est directement engagée.
Vu à travers le prisme de ces souvenirs terrifiants, le regain des tensions communautaires depuis un an et demi a de quoi inquiéter. Dans une nation construite sur les deux principes fondateurs d'unité et de laïcité, les limites d'une idéologie (appelée l'hindutva) qui prône explicitement la mise en place d'un État hindou se font sentir. Difficile de comprendre cette idéologie sans évoquer le Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS). Groupe paramilitaire radical de la droite nationaliste, c'est un lieu de formation pour la jeunesse hindoue. Le parti au pouvoir actuellement, le BJP, n'est autre que son aile politique. Plusieurs fois interdit par les autorités britanniques, puis par le gouvernement indien, le RSS est aujourd'hui plus puissant que jamais. Le 3 janvier dernier, il rassemblait 150 000 jeunes à Pune pour une démonstration de force, le plus grand rassemblement de son histoire. Dix-neuf membres du gouvernement actuel y ont été formés, dont le Premier ministre lui-même.

 

Des minorités persécutées
Dans ce contexte, les 14 % de musulmans du pays, soit 140 millions d'habitants, sont régulièrement mis en cause pour des attitudes jugées « impures ». Et l'inquiétude est généralisée. Les 25 millions de chrétiens, plus faiblement organisés que les musulmans, subissent des discriminations d'une rare violence. C'est ce que rapporte l'association Portes Ouvertes, qui dénonce les persécutions de chrétiens à travers le monde : « Des pasteurs et des paroissiens, accusés d'avoir converti des hindous, sont souvent passés à tabac. Il est même arrivé que certains soient assassinés. De plus en plus d'actes violents sont recensés, il y en a quasiment un par jour. Sous le gouvernement actuel, les hindous qui s'en prennent aux chrétiens (mais également aux musulmans) peuvent le faire en toute impunité. »


Symptomatique de la tension ambiante, le lynchage d'un jeune musulman, en septembre 2015, accusé (à tort) d'avoir mangé du bœuf, avait mis le feu aux poudres. Plus encore que ce meurtre, c'est la timidité de la condamnation du Premier ministre qui a révolté. Après 10 jours d'un silence gênant, il a parlé d'un incident « regrettable », tandis que Manohar Lal Khattar, ministre en chef de l'État d'Haryana (Nord) déclarait au journal The Indian Express que « les musulmans peuvent vivre dans ce pays, mais ne pourront plus consommer de bœuf par respect envers les croyances hindoues. »

 

Pour mémoire

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Nul n'est prophète en son pays. Voilà le pénible constat que le Premier ministre indien Narendra Modi doit dresser en ce début d'année 2016. Après trois jours passés sous le feu des projecteurs internationaux pour la visite du président français François Hollande à New Delhi la semaine dernière, les événements internes, plus sombres, ont rapidement rattrapé le chef du gouvernement...

commentaires (2)

Pires que les Takfiristes fakkîhistes et jihadistes islamiques réunis, ces hindouistes fanatiques !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

16 h 38, le 03 février 2016

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Commentaires (2)

  • Pires que les Takfiristes fakkîhistes et jihadistes islamiques réunis, ces hindouistes fanatiques !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    16 h 38, le 03 février 2016

  • ET VOILÀ L'ETAT D'UNE DES BRIQUES (BRICKS) AVEC LESQUELLES LA RUSSIE VEUT PACTISER ET CRÉER UNE BANQUE MONDIALE DE "BRIQUES" AU LIEU D'ARGENT !!! DE LA RIGOLADE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 31, le 03 février 2016

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