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Culture - Exposition

Vous ne connaissiez pas l’hôtel Bogota ? Eh bien, entrez-y...

La lauréate du prix UE Photomed 2014, Elsie Haddad, fait renaître – à travers sa série de photos « Bogota » – un hôtel berlinois à jamais transformé.

Elsie Haddad, autoportrait dans « Hotel Bogota ».

En déambulant dans l'hôtel Le Gray, on y découvre, à travers de belles photos en noir et blanc, un tout autre. Le Bogota mythique de Berlin, ou cet immeuble construit en 1911, témoin de cent ans de vie tour à tour trépidante, culturelle, autocratique et politique de la capitale allemande.
En 2013, Elsie Haddad capture les derniers instants de vie de l'établissement avant sa transformation en immeuble de bureaux. En y en déambulant, pendant deux heures, la jeune photographe retrace dans sa tête l'histoire de l'hôtel : un lieu de résidence d'abord, puis un bureau culturel du parti nazi. Il a été acheté par des Russes, puis des Britanniques, dans les années 50, et il devient l'hôtel Bogota, un lieu rempli d'histoires, d'œuvres d'art et de souvenirs. « Lorsque j'ai pris mon appareil et que j'ai commencé à explorer l'espace, cela a été intense. Je pouvais presque sentir l'odeur du temps qui a passé, les histoires dans les chambres fermées », raconte la lauréate du prix UE Photomed 2014.

 

(Lire aussi : Ode aux morts, aux saints, aux footballeurs... et aux paradis fiscaux miséreux)

 

Vastes chambres et lits défaits
La série de photographies de l'hôtel est en noir et blanc, pour marquer la nostalgie et la perte. À première vue, les prises font découvrir l'établissement, ses vastes chambres, ses lits défaits et ses longs couloirs où de nombreuses peintures d'époque sont accrochées. L'artiste fait de nombreuses mises en abyme, photographiant des tableaux et se mettant elle-même en scène. Une réelle émotion se dégage des photos qui ne font pas que donner à voir les lieux. Elles parlent aussi de rencontres, d'amours, de partage et de secrets échangés furtivement dans le calme feutré des chambres.
Impossible de rester impassible devant ces clichés. Il y a un certain quelque chose qui se transmet, inexorablement. Le voyeur devient rapidement, lui aussi, nostalgique de ce lieu, même s'il ne l'a pas connu réellement. Il s'y attache. Souhaite même le visiter.
« Cet endroit, aujourd'hui transformé à jamais, a une signification particulière dans l'histoire de la photographie », souligne la jeune artiste. Yva Else Simon, une des pionnières de la photographie de mode à Berlin, résidait au Bogota dans les années 20. Helmut Newton y a également résidé pendant un moment. De même que Mario Testino, parmi de nombreux autres artistes et musiciens.

 

Immortaliser les lieux
La série « Bogota » fait écho à l'un de ses précédents projets, « Entr'actes », réalisé à Beyrouth, sur les magasins en voie de disparation dans la ville. Dans les deux séries, Elsie Haddad rend à la fois un hommage et souligne l'importance d'espaces qui aujourd'hui n'existent plus.
Pour Bogota, tout son travail a été fait en argentique. Elle a développé elle-même les films de ses photos dans un laboratoire à Berlin. « J'ai légèrement retravaillé le contraste et la luminosité. D'habitude, je ne travaille pas beaucoup sur mes photos. La plupart du temps tout est fait à la prise de vues », confie la photographe qui s'attelle actuellement à un projet faisant partie d'un atelier organisé par AFAC, Magnum Fondation et Prince Klaus Fund, « un projet documentaire sur la réintégration des ex-prisonners dans la société au Liban », révèle-t-elle.
« Ce qui me plaît dans la photographie, c'est la narration. C'est pouvoir raconter une histoire en images », conclut Elsie Haddad.

 

* « Bogota » d'Elsie Haddad, dans le cadre de Photomed, à l'hôtel Le Gray jusqu'au 10 février 2016.

Parcours et intérêts d'Elsie Haddad


Après des études de photos à l'Université Saint-Esprit de Kaslik, Elsie Haddad anime, en 2006, des ateliers pour des réfugiés palestiniens au Liban. Elle devient ensuite membre de la Visual and Performing Arts Association (VAPA Assocation). Depuis 2010, l'artiste travaille plus particulièrement sur des projets concernant l'histoire des transformations et des changements de la société libanaise. Elle étend ses projets en collaborant à Berlin avec la Deutsche Gessellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) et la Ostkreuz School of Photography, toujours sur le même thème.

 

 

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