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Liban - Réfugiés en Europe

« L'Allemagne incapable de gérer seule la crise »

L'Allemagne a accueilli plus d'un million de réfugiés au cours de l'année dernière, le pays ayant décidé d'ouvrir ses frontières en septembre 2015, suite à la noyade du petit Aylan sur la côte de Bodrum et à la fermeture de la gare de Budapest devant le flux de réfugiés. Mais, petit à petit, l'enthousiasme allemand est tombé. Les importants défis à relever suite au flux de réfugiés arrivés en Allemagne – un pays connu pour sa façon sérieuse de traiter les dossiers – ainsi que les incidents de Cologne, et à moindre échelle ceux de Hambourg et de Stuttgart, impliquant des demandeurs d'asile et des hommes d'origine arabe ayant agressé des femmes qui faisaient la fête, ont changé la donne dans la société allemande.
À la question de savoir pourquoi l'enthousiasme allemand est tombé, l'ambassadeur d'Allemagne souligne que « cet enthousiasme était l'expression d'un désir sincère d'aider ». « Le gouvernement a pris la décision d'aider en septembre dernier ; ce n'était pas facile mais nous n'avions pas le choix, souligne-t-il. Bien sûr, nous faisons face à des problèmes quotidiens relatifs à l'accueil et l'intégration des réfugiés dans une société et une culture qui est différente, sous certains aspects, de la leur. Je ne pense que c'est une cause perdue, je pense au contraire que ce processus génère des défis et des opportunités. »
« Le Liban a accueilli plus d'un million de réfugiés et si l'Europe est incapable d'accommoder un tel nombre, d'une façon équitable, il doit y avoir quelque chose qui ne tourne pas en Europe », poursuit-il.
Interrogé sur l'intégration de ces refugiés en Allemagne et les mesures concrètes prises dans ce sens, M. Huth note que « l'intégration culturelle commence par l'apprentissage de la langue ». « Notamment s'ils veulent obtenir la nationalité, les émigrants doivent apprendre la langue ; leurs enfants sont obligés d'aller à l'école, indique M. Huth. Des cours de culture allemande sont également proposés. Les enseignants ont été formés pour gérer des classes qui accueillent des élèves issus de parents émigrés. Nous profitons de notre expérience acquise au cours de longues années avec l'intégration de deux millions de personnes d'origine turque et aussi avec le flux de réfugiés qu'avait connu l'Allemagne avec la guerre de l'ex-Yougoslavie durant les années quatre-vingt-dix. »
M. Huth reconnaît que « la politique du gouvernement allemand connaît actuellement un important débat, qui a augmenté d'intensité à l'issue des attaques de Cologne ». « Il ne faut pas oublier cependant pourquoi nous avons pris la décision en septembre 2015 d'accueillir des réfugiés, poursuit-il. Il est clair aussi qu'avec le flux de réfugiés qui continue, l'Allemagne ne peut pas gérer seule cette crise. Cela dépendra également de la coordination entre les États européens. Nos citoyens veulent une distribution plus équitable. C'est pour cela que nous avons entrepris des démarches pour rendre les procédures de notre politique d'asile plus efficaces. » « Les attaques de Paris en novembre dernier nous ont rappelé qu'il est nécessaire d'identifier des risques de terrorisme potentiel. Cependant, chaque réfugié a droit au regroupement familial en ayant sa famille directe avec lui dans le pays d'accueil. Cela implique que le nombre de personnes arrivant en Allemagne en 2016 sera élevé », explique-t-il.

Rester loin du racisme et des amalgames
À la question de savoir si l'Allemagne est capable de retracer sur le plan sécuritaire le parcours et le profil des demandeurs d'asile et cela pour éviter des attaques terroristes similaires à celles de Paris en novembre 2015, deux des assaillants étant arrivé en Europe via la Grèce, et l'attaque contre un poste de police en France en janvier dernier, perpétrée par un demandeur d'asile tunisien ayant séjourné dans un centre d'accueil en Allemagne, M. Huth indique : « Je ne pense pas que chaque réfugié ou chaque migrant est un terroriste ou un criminel potentiel. Quelque chose de faux réside dans cette approche utilisée souvent par des membres de l'extrême droite qui veulent participer à la discussion et instrumentaliser la crise humanitaire actuelle afin qu'elle serve leurs intérêts politiques. Les statistiques montrent que la criminalité parmi ces groupes n'est pas plus élevée que dans d'autres groupes. Bien sûr, nous disposons d'un nombre de procédure pour nous assurer du background des personnes qui arrivent. Ainsi, pour retracer le background des réfugiés et des demandeurs d'asile nous comptons sur le système d'information de Schengen. Et ce système ne peut fonctionner que si chaque pays de l'espace Schengen assume pleinement ses responsabilités. »
À la question de savoir si l'Allemagne n'a pas peur que se répète avec les réfugiés syriens, irakiens ou afghans l'expérience de certains anciens réfugiés libanais en Allemagne qui ont fui la guerre durant les années 80 et qui font actuellement partie d'une mafia de drogue et de prostitution, l'ambassadeur d'Allemagne souligne qu'il « n'aime pas les généralisations ». « Cela n'aide pas de stigmatiser tout un groupe à cause de l'action de quelques-uns, affirme-t-il. Seulement une minorité de Libanais est impliquée dans des activités criminelles. Cependant, dans ce contexte, je voudrais mettre l'accent sur le fait que Berlin a tenté en vain pendant des années de coopérer avec le Liban pour achever le rapatriement d'environ 5 000 Libanais qui ont perdu leur droit de séjour en Allemagne. »
Et de conclure : « Bien sûr, nous faisons face à des défis. Ce qui s'est passé à Cologne en est la preuve et je ne veux pas nier que de nombreux jeunes hommes d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient ont un grave problème en ce qui concerne l'acceptation de nos règles et de nos normes sociales. Il est important de prouver aussi bien à la population qu'aux auteurs de ces actions nos limites et que le crime et la violence ne sont pas tolérés. »

L'Allemagne a accueilli plus d'un million de réfugiés au cours de l'année dernière, le pays ayant décidé d'ouvrir ses frontières en septembre 2015, suite à la noyade du petit Aylan sur la côte de Bodrum et à la fermeture de la gare de Budapest devant le flux de réfugiés. Mais, petit à petit, l'enthousiasme allemand est tombé. Les importants défis à relever suite au flux...
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