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Moyen Orient et Monde - Afghanistan

L’EI revendique sa première attaque contre Islamabad

L'attentat pourrait être destiné à « effrayer » les civils présents au consulat pour demander des visas pakistanais.

Un Afghan évacue deux écolières qui se trouvaient à proximité du consulat pakistanais où s’est déroulée l’attaque, hier, à Jalalabad. AFP/Noorullah Shirzada

Le groupe État islamique (EI) a revendiqué hier sa première attaque contre l'État pakistanais, un assaut meurtrier contre un consulat de ce pays dans l'Est afghan, deux jours après une réunion quadripartite destinée à remettre sur les rails les pourparlers de paix entre les talibans et Kaboul, interrompus depuis l'été dernier.

L'attaque d'hier à Jalalabad, grande ville de l'Est afghan à proximité du Pakistan, a commencé par un attentat-suicide et s'est poursuivie avec le siège d'un bâtiment adjacent au consulat pakistanais où des hommes armés se sont retranchés pendant plusieurs heures. Au total, « sept soldats et policiers ont été tués et sept autres blessés », et les trois assaillants sont morts, a déclaré Sediq Sediqqi, porte-parole du ministère afghan de l'Intérieur. Les autorités pakistanaises ont assuré que le personnel du consulat était sain et sauf.

Quelques heures plus tard, dans un communiqué en arabe, les jihadistes de l'EI ont affirmé que l'assaut avait été mené par trois de leurs combattants, dont deux se sont fait exploser en actionnant les charges qu'ils portaient sur eux. L'organisation jihadiste, exagérant fortement le bilan, assure que l'attaque a mené à la « destruction » du consulat et la mort de « dizaines » d'employés et d'agents du renseignement pakistanais, qualifiés d' « apostats ».

(Pour mémoire : La lutte inachevée du Pakistan contre le terrorisme)

 

« Effrayer les civils »
L'attaque de Jalalabad, « la première de l'EI contre l'État pakistanais », est riche en symboles, estime Muhammad Amir Rana, un analyste pakistanais. Les jihadistes de l'EI, dont l'organisation occupe de larges pans de territoires en Syrie et en Irak, pourraient vouloir « effrayer » les civils qui se trouvaient au consulat pour demander des visas pakistanais, « car l'EI ne veut pas que la population fuie les régions qu'il contrôle », ajoute-t-il. En effet, l'implantation progressive de combattants se réclamant de l'EI début 2015 dans la province de Nangarhar, dont Jalalabad est le chef-lieu, a poussé les civils à prendre la fuite en raison de la brutalité des jihadistes, qui ont décapité des policiers et soldats, et exhibé les têtes sectionnées.

À l'inverse des talibans qui concentrent l'essentiel de leurs forces à lutter contre le régime de Kaboul et les troupes étrangères en Afghanistan, l'EI a des visées mondiales. C'est au nom de cette ambition qu'a été proclamée il y a un an la « province du Khorasan », une région qui englobe l'Afghanistan, le Pakistan et certaines zones de pays limitrophes. Bien souvent, les insurgés se réclamant de l'EI sont d'ailleurs d'anciens talibans, déçus de leur direction qui leur a caché pendant deux ans la mort de leur chef historique, le mollah Omar. L'annonce de son décès l'été dernier avait déclenché une guerre de succession et mené au report sine die des premiers pourparlers de paix directs avec le gouvernement afghan. Or, lundi, Chine, États-Unis, Pakistan et Afghanistan se sont retrouvés à Islamabad pour tenter de raviver ce dialogue. Une seconde réunion quadripartite doit avoir lieu le 18 janvier à Kaboul.

Si les talibans n'ont pas encore donné leur avis sur ces pourparlers, ils n'ont pas freiné leur insurrection, loin s'en faut. Outre le combat qu'ils mènent contre l'EI, ils ont multiplié les attentats contre les quelque 13 000 soldats de l'Otan déployés en Afghanistan et les symboles de la présence étrangère, comme le restaurant d'inspiration française Le Jardin, à Kaboul, le 1er janvier.

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