« Ce qui est arrivé est horrible » et maintenant, « certains Allemands pensent que tous les étrangers sont horribles » : à l'image de Mihriban Findik, la communauté turque de Cologne dit désormais sa crainte des amalgames après les agressions du Nouvel An.
Les agressions sexuelles commises ce soir-là contre des centaines de femmes, imputées à des migrants présentés souvent comme arabes par la police, ne sont pas une surprise pour Mihriban Findik (40 ans), originaire de Turquie et arrivée en Allemagne il y a 23 ans. Mère célibataire, elle travaille dans un débit de tabac dans le quartier populaire et immigré de Kalk, et doit souvent repousser les avances des hommes. « Il y a beaucoup d'étrangers ici, dit-elle, ils n'ont pas de femme, certains boivent trop, ils fument du ''hash''. Les hommes entrent et demandent: ''Tu veux venir avec moi ?'' Il faut dans ce cas que je rigole, sinon j'ai des ennuis. Certains viennent de pays où les femmes sont voilées. Ici, ils voient des femmes en jupes et deviennent fous. C'est de pire en pire. Je n'avais pas peur, mais maintenant, oui ! »
Beaucoup de migrants, originaires de Turquie et installés de longue date en Allemagne, disent être la cible de délits, exactement comme le reste de la population, sur fond de montée de l'insécurité. L'Allemagne compte près de 3 millions d'habitants d'origine turque, une des plus grandes diasporas au monde. Plusieurs centaines de milliers vivent à Cologne et dans sa région. « La police voit tout, mais ne fait rien. Elle nous a abandonnés », dénonce, sous le couvert de l'anonymat, le propriétaire turc d'un kiosque. « Ça s'est aggravé depuis deux ans, la rue n'est plus sûre », explique le quinquagénaire, qui vit en Allemagne depuis 30 ans. « Je n'ai aucun problème avec les réfugiés, ils peuvent rester », assure-t-il, se disant en revanche plus réservé en ce qui concerne les migrants d'Afrique du Nord, arrivés il y a plusieurs années en Allemagne.
Un grand village ébranlé...
Dans la banlieue nord de la ville se trouve le quartier de Chorweiler. Les antennes satellites ornent les balcons des tours, où vivent plus d'une centaine de nationalités. Depuis les incidents du Nouvel An, l'atmosphère est plus pesante, explique Ijaz Khan (29 ans), né en Allemagne. Une sensation encore plus palpable quand il se rend en ville, où il travaille dans un bar : « Pour certains, j'ai l'air de venir d'Afrique du Nord. Dans le train, des gens regardent les places libres à côté de moi, mais ne s'assoit pas, croyant probablement que je pourrais être l'un de ceux qui ont participé aux violences », dit-il. « À Cologne, nous avons toujours très bien vécu ensemble, c'est un peu comme un grand village. Mon meilleur ami est allemand. L'intégration a fonctionné relativement bien ici. Il y a beaucoup de mariages mixtes. Mais les incidents ont ébranlé tout ça. Il n'y a plus de bombes lacrymogènes dans les magasins car les femmes ont tout acheté », poursuit-il.
« La police a fermé les yeux pendant des années », dénonce Ijaz. « Certains viennent de pays où tout est interdit et pensent qu'ici tout va bien, que les policiers sont sympas. Ils ont pensé qu'ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient », conclut le jeune homme.
Frank ZELLER/AFP
commentaires (4)
Quinze années de régime Nazi très bien absorbé, digéré et assimilé, n'allaient pas, évidemment, les transformer quelques années après ; comme par miracle ; en dispensaires.... de "rations de riz" !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
12 h 08, le 13 janvier 2016