Les branches saoudo-yéménite et maghrébine d'el-Qaëda ont menacé de se venger de l'Arabie saoudite pour l'exécution d'une quarantaine de jihadistes le 2 janvier en même temps que le dignitaire chiite saoudien Nimr el-Nimr. Dans un communiqué conjoint mis en ligne hier par des sites jihadistes, el-Qaëda dans la péninsule Arabique (Aqpa) et el-Qaëda dans le Maghreb islamique (Aqmi) accusent les dirigeants saoudiens d'avoir « commis un acte stupide » en exécutant ces personnes « en dépit des mises en garde des moujahidine » à travers le monde. « Les dirigeants de Riyad ont tenu à verser le sang de ces moujahidine vertueux en gage de (leur fidélité) aux croisés qui fêtaient leur Nouvel An », ont écrit les deux branches d'el-Qaëda. « Ils doivent en conséquence craindre le jour qui verra les proches des martyrs, leurs frères et leurs partisans goûter (à la vengeance) qui les frappera », ont-elles souligné.
Par ailleurs, un dirigeant d'Aqpa, née de la fusion des branches saoudienne et yéménite d'el-Qaëda, a qualifié de « martyrs » les jihadistes exécutés en Arabie saoudite. Ibrahim al-Assiri, considéré comme l'artificier d'Aqpa, a affirmé dans une oraison funèbre que « le seul crime de ces martyrs est d'avoir combattu les croisés dans la péninsule Arabique d'où décollaient les avions prenant pour cibles nos frères musulmans en Afghanistan et en Irak ». « Nous aurons à faire avec les al-Saoud », a-t-il lancé en référence à la famille royale saoudienne.
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Soutien aux « extrémistes »
Parallèlement, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a affirmé que l'Arabie saoudite devait choisir entre le soutien aux « extrémistes » qui « encouragent la haine confessionnelle » et la collaboration avec ses voisins. « Les dirigeants saoudiens doivent à présent faire un choix : ils peuvent continuer à soutenir les extrémistes et encourager la haine confessionnelle, ou opter pour un rôle constructif pour la stabilité régionale », écrit M. Zarif dans une tribune publiée hier par The New York Times. M. Zarif accuse Riyad d'avoir tenté de stopper l'accord nucléaire entre l'Iran et les grandes puissances, et bloqué toute tentative de dialogue au Moyen-Orient. « Aujourd'hui, certains à Riyad continuent non seulement d'empêcher une normalisation, mais ils sont déterminés à entraîner la région tout entière dans l'affrontement », écrit M. Zarif, pour qui « la véritable menace globale est le parrainage actif par l'Arabie saoudite de l'extrémisme violent ».
M. Zarif souligne que les extrémistes appartenant à des groupes tel l'État islamique (EI) sont surtout d'origine saoudienne, évoquant notamment les attentats du 11-Septembre et la fusillade de San Bernardino. « Presque tous les membres de groupes extrémistes » sont soit des « Saoudiens, soit des personnes à qui des démagogues financés par les pétrodollars ont lavé le cerveau, encourageant pendant des décennies les messages antimusulmans de haine et confessionnalisme », dénonce-t-il.
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« Calme et retenue »
À propos de l'attaque contre l'ambassade saoudienne à Téhéran, dénoncée par le président iranien Hassan Rohani, M. Zarif précise que le gouvernement a pris « des mesures immédiates pour rétablir l'ordre » et « des mesures disciplinaires contre ceux qui n'ont pas protégé l'ambassade ».
Ainsi, un haut responsable de la sécurité à Téhéran, Safar Ali Baratlou, a été limogé hier. Selon le ministère de l'Intérieur cité par l'agence officielle Irna, « des défaillances (...) ont été confirmées » concernant l'« assaut sur l'ambassade saoudienne » et « ne peuvent être ignorées ».
Enfin, un diplomate chinois a appelé hier l'Iran et l'Arabie saoudite à faire preuve « de calme et de retenue » dans leurs relations, à l'occasion de visites successives la semaine dernière dans les deux pays. Le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Zhang Ming a rencontré la semaine dernière de hauts responsables saoudiens puis iraniens, au cours de visites de deux jours dans chacun des deux pays, a indiqué la diplomatie chinoise dans deux communiqués distincts.
En Arabie saoudite, M. Zhang a exprimé « l'espoir que toutes les parties concernées fassent preuve de calme et de retenue » et entreprennent « des efforts concertés » pour une désescalade des tensions dans leurs relations, selon le communiqué chinois. À Téhéran, l'envoyé de Pékin a répété les mêmes exhortations « au calme et à la retenue », et a déclaré espérer « que toutes les parties travaillent de concert pour préserver la paix et la stabilité dans la région », selon des propos rapportés par le second communiqué.
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Enfin, un diplomate chinois a appelé hier l'Iran et l'Arabie saoudite à faire preuve « de calme et de retenue » dans leurs relations ET QU'ATTEND LA CHINE POUR FAIRE PREUVE DE CALME ET DE RETENUE DANS SES REACTIONS SANGLANTES CONTRE SES VOISINS DIGEREES COMME LE THIBET ET SES POPULATIONS DISSIDENTES COMME LES DEFENSEURS DES DROITS DE L'HOMME OU LES MUSULMANS OUIGOURS? ASSEZ DE CHINOISERIES DIPLOMATIQUES :MEDECIN GUERIS TOIT TOI MEME ET SURTOUT CHARITE BIEN ORDONNEES COMMENCE PAR SOI MEME.
Henrik Yowakim
18 h 23, le 12 janvier 2016