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À La Une - refugies

Neige, froid, contrôles pointilleux des migrants sur la route des Balkans

Les autorités macédoniennes trient depuis mi-novembre les migrants par nationalité, n'admettant que ceux venant de zones de conflit, notamment Syriens, Irakiens et Afghans.

Après un afflux migratoire exceptionnel en 2015, plusieurs pays européens ont durci les conditions d'accès à leur territoire, notamment en renforçant les contrôles aux frontières. AFP / Rene Gomolj

Arman Butt, un Pakistanais de 30 ans en route vers l'Europe, voit la neige pour la première fois. Et, les pieds gelés dans ses tennis, il se serait bien passé d'être ralenti ici, entre Slovénie et Autriche, par des contrôles scrupuleux aux frontières. Il marche, avec une cinquantaine d'autres hommes, entre les postes frontières des deux pays, soit moins de 500 mètres à parcourir dans un paysage figé par le froid, couvert d'une fine couche de neige.

D'où vient-il ? Le trentenaire hésite: "De Lahore (est du Pakistan, ndlr)", d'où il est parti le 20 septembre. Mais plus directement, il vient de la frontière autrichienne, d'où il explique avoir été refoulé quelques heures plus tôt et vers laquelle il se dirige à nouveau. Le froid le fait claudiquer dans ses baskets en toile. Il dit voir la neige pour la première fois. Les membres de la protection civile slovène, et des militaires, accompagnent les marcheurs vers le poste de Spielfeld (Autriche). Leurs journées sont rythmées par l'arrivée des trains amenant les migrants de Croatie, plus au sud, environ 900 personnes par jour en ce moment.

Plus tard, dans un autre groupe de quelques dizaines d'hommes au même poste slovène de Sentilj, des Marocains et des Algériens expliqueront à l'AFP avoir été refoulés de la frontière autrichienne "trois fois" pour l'un, "cinq fois" pour un autre, au cours des jours précédents, enchaînant les va-et-vient entre les deux frontières. Durant la dernière semaine de décembre, la police régionale de Carinthie, autre région frontalière de la Slovénie, plus à l'ouest, avait expliqué avoir renvoyé vers la Slovénie "plusieurs centaines" de migrants suspectés d'avoir déclaré une fausse nationalité.
Mardi, le ministère slovène de l'Intérieur a chiffré à 956 le nombre de migrants refoulés par l'Autriche pour cette raison depuis le 26 décembre , ajoutant cependant que depuis lors, "la plupart d'entre eux étaient finalement entrés en Autriche, après une nouvelle procédure d'enregistrement et des vérifications supplémentaires".

 

( Lire aussi  : Jihadisme et migrants : quand l'Europe tangue... )

 

Ne pas retourner en arrière
Après un afflux migratoire exceptionnel en 2015, plusieurs pays européens ont durci les conditions d'accès à leur territoire, notamment en renforçant les contrôles aux frontières. L'Allemagne et l'Autriche ont rétabli ces contrôles à la mi-septembre. De nouvelles mesures restrictives d'entrée en Suède sont en vigueur depuis lundi et ont entraîné la décision du Danemark d'instaurer des contrôles à sa frontière avec l'Allemagne.

Arman Butt explique avoir quitté le Pakistan en septembre, convaincu que "l'Europe avait ouvert ses frontières". "Ce n'est pas possible pour nous de retourner en arrière, nous avons dépensé trop d'argent pour venir ici", observe-t-il, expliquant que le voyage lui a coûté 7.000 euros, notamment pour traverser la Macédoine à l'aide de passeurs dont le trafic est florissant depuis le filtrage instauré à cette frontière.

Au départ de la route des Balkans où se pressent les migrants venus de Turquie et ayant transité par la Grèce, les autorités macédoniennes trient depuis mi-novembre les migrants par nationalité, n'admettant que ceux venant de zones de conflit, notamment Syriens, Irakiens et Afghans.
Au camp de transit de Gevgelija, près de la frontière avec la Grèce, beaucoup de ceux pris en charge ces derniers jours sont "malades, notamment les enfants", en raison des températures glaciales arrivées dans les Balkans et en Europe centrale avec les premiers jours de l'année, selon Lence Zdravkin, membre d'une organisation humanitaire. Il note aussi que "de plus en plus de personnes arrivent sans argent, sans possibilité de continuer leur voyage", parfois dépouillés, ou escroqués par des passeurs. Ils arrivent "trempés, avec des rhumes, des chaussures mouillés, les enfants ont de la fièvre et toussent", témoigne Jasmin Rexhepi, de l'ONG macédonienne Legis.

Plus au nord, en Serbie, la neige a également fait son apparition, des bus ont été mis en place pour acheminer les migrants jusqu'au camp de transit de Presevo, à plusieurs kilomètres de la frontière macédonienne. "La chute des températures, la neige compliquent les déplacements, raconte Dafina Aliji, mais ça n'arrête pas les réfugiés parmi lesquels il y a toujours des enfants, des personnes âgées et des personnes handicapées". Plus d'un million de migrants ont trouvé refuge en Europe en 2015.

 

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