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Lifestyle - Tous les chats sont gris

« Festen » de famille, Noël joyeux...

Si vous lisez ces lignes, c'est que vous avez survécu au réveillon de Noël ! Retour sur ces dîners du 24 décembre qui placent autour d'une table tout un chapelet de personnages qu'on appelle la famille. Des banquets qui offrent à boire et à manger, à ressentir et à penser, sans lésiner sur la quantité.

Photo G.K.

Faut-il vraiment, pour fêter la naissance du Christ, se flageller comme ça tous les ans, en plein hiver et à la même date ? Faut-il vraiment se farcir ces Festen de famille qui nous enserrent dans le filet de leurs conventions attendries et patientes ? Avant, c'étaient les réveillons chez les grands-parents qui recevaient tous ces visages complices et aimés dans l'intimité rassurante de la maison de famille. Aujourd'hui, à l'heure des divorces de coton et des recompositions de cocon, c'est la noria des ex et des demis, des Noël en puzzle et des 24 décembre en patchwork. Mais dans une société qui ne s'attache plus à rien, sinon aux quelques coutumes qui lui restent, demeurent ces assemblées de collatéraux, avec ou sans dommages. Car le Noël libanais voit systématiquement le retour à reculons des épouvantails à traditions, traînés de force au berceau familial.

Choux-fleurs sauce cocktail
Mais comme, au fond, il nous arrive d'aimer ces réveillons figés dans la douce répétition des mêmes attentions, des mêmes détentions, nous nous prononçons pour. D'abord pour ne pas toucher aux petits riens de ce rituel nocturne qui nous assurent de la quiétude, si ce n'est de la sécurité, dans tous les cas, une manière surtout de trouver des repères dans le flux amnésique de nos vies. La coiffure électrocutée saveur Elnett de la tante qui reçoit à la porte, avec son inaltérable sourire aux canines tachées de rouge carmin. Les visons délogés pour l'occasion, comme pour rappeler que le glamour d'antan est bel et bien mort, et l'oncle trouble-fête qui ne s'affranchira pas de son pyjama de vieux garçon. Pour le sapin et la crèche, chaque année un peu plus décrépits, un peu moins rutilants, mais qui attisent toujours autant le sourire de toute une fratrie encore jet-laggée d'avoir traversé les océans pour faire honneur à la naissance du petit Jésus. Parce qu'on nous régale avec de la tambouille sans prétention, des choux-fleurs à la sauce cocktail, des dragées durs comme pierre et des chocolats indéterminés accompagnés d'un Bailey's expiré, servis dans de l'argenterie et du crochet qu'on a hérité et qu'on léguera précieusement, au même titre que les gènes. Et puis pour, mille fois pour, ce père Noël home made qui débarque, ronchon, pour tenter de dérober des débris d'étoiles dans les yeux des gamins. À vrai dire, cette coutume est d'un ridicule réjouissant tant le pauvre oncle camouflé ne leurre plus personne : « Enlève ton masque ! » l'assaillira même une petite blonde.

On passe à table
Ce qu'on préfère, naturellement, c'est le passage à table autour de ce buffet dont on rêve les onze autres mois de l'année. Les retrouvailles avec les saveurs familières et la conversation qui débouche éternellement sur le sujet de la dinde : « Cette année, j'ai opté pour un chapon » ; « Ce n'était pas meilleur à l'orientale ? » ; « J'espère qu'ils ne les gavent pas aux hormones » ; « Elle a failli déborder de mon four ! », alors que les plus jeunes sont déjà en train d'arracher les papiers d'emballage, avant de battre le rappel des cousins-cousines pour une photo de groupe sous le sapin, avec ancêtres assis au centre et parentèle s'étageant sur des cadeaux branlants.
Mais si on les chérit tellement, ces assemblées hystériques et attendrissantes, c'est parce qu'elles se veulent chaudrons fumants de traumas originels, de rivalités fraternelles, d'inexpugnables rancœurs frères-sœurs, d'aigreurs mère-filles, d'amours névrotiques et de petites vacheries, mais éclairés sous une lumière de fête qui nous fait accepter les conflits avec aménité, comme un des sels inévitables de l'existence.
Joyeux Noël !

 

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