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Campus - Rencontre

Fadlo Khury : Investir dans la jeunesse du pays et former de vrais maîtres à penser

Élu 16e président de l'AUB, le Dr Fadlo Khury, ancien directeur du département d'hématologie et d'oncologie médicale à l'Université d'Emory,
à Atlanta aux États-Unis, est le premier Libanais à occuper ce poste. Campus l'a rencontré pour faire le point sur son mandat, sa mission et ses projets.

Fadlo Khury, le président de l’AUB.

Quelles sont vos priorités en tant que président de l'AUB ?
L'AUB est une institution vieille de 150 ans durant lesquels de belles réussites ont été accomplies et des gens exceptionnels ont été diplômés. Cette prestigieuse université a marqué profondément le Liban et le Moyen-Orient. Son influence a néanmoins diminué lors la guerre. Ma mission est de restituer cette dimension et ce rôle précurseur. Notre objectif est de rester exceptionnels, pas uniquement les meilleurs.

Sur le plan régional, l'AUB avait pour objectif d'être un propulseur ou un noyau de liberté, qu'en est-il
aujourd'hui ?
Un des grands avantages de la culture américaine est l'éducation libérale qui développe l'ouverture d'esprit chez les étudiants. Et, très modestement, je vous dis que l'AUB a eu le plus grand impact sur la promotion de la liberté de pensée dans la région. En quittant l'AUB, nos étudiants emportent avec eux cette ouverture d'esprit et exportent ainsi au monde une culture de liberté. Ils sont détenteurs d'une pensée libre basée sur une connaissance profonde et une culture acquises grâce aux meilleurs maîtres de pensée. Notre tâche est de continuer à attirer ces professeurs exceptionnels, qui formeront forcément des étudiants exceptionnels. Si nous perdons de vue cet objectif, nous perdons simplement notre raison d'être.

Un des objectifs de l'AUB a toujours été de former des dirigeants ou des maîtres à penser pour la région, comment poursuivez-vous cet objectif ?
Former de vrais maîtres à penser a toujours été une priorité pour nous. Mais ce sont des leaders intellectuels qui laissent un impact sur le terrain sans toutefois chercher à en tirer une gloire personnelle. Ce sont ces valeurs que nous cherchons à inculquer à nos étudiants et nos professeurs : servir la communauté, changer le monde, honnêtement et modestement sans en tirer un profit personnel. Dans cette perspective, le rôle premier de l'AUB est de servir la société et nous tablons sur l'engagement civique des étudiants. Servir la société peut être très gratifiant, on peut la servir dans différents domaines, à travers les bourses, l'éducation et le travail social.

Les clubs étudiants de l'AUB étaient très présents et actifs lors du mouvement de contestation civile. Qu'en dites-vous ?
À l'AUB, nous encourageons toujours la diversité d'opinion. Ce sont des étudiants qui expriment librement leur pensée, qui contestent la mauvaise gouvernance du pays et, plus particulièrement, la gestion de la crise des déchets. Nous sommes tous d'accord là-dessus, mais peut-être leur façon d'exprimer leur mécontentement diffère de la nôtre.
L'augmentation des frais de scolarité présente un problème majeur pour les étudiants. Comment prévoyez-vous d'y remédier ?
L'augmentation des frais de scolarité touche un seuil critique en limitant la fac à une classe sociale particulière. Mais c'est une responsabilité qui doit être partagée entre la faculté, les parents et les étudiants. Le processus sera donc ralenti pour quelques années, vu que la situation économique au Liban n'est plus au beau fixe.
Dans ce cadre, nous avons discuté avec le Premier ministre, le chef du Parlement et le directeur de la Banque centrale, et nous nous sommes mis d'accord pour investir dans la jeunesse du Liban, cet excellent potentiel humain qui doit rester au pays.

Quelles sont les solutions à court terme ?
Les étudiants doivent aussi être conscients que la solution serait de contracter des prêts, moi-même j'en ai pris durant mes études. Nous avons déjà négocié des prêts à des taux préférentiels avec les banques. Il faut également souligner que l'AUB assure le plus grand nombre de bourses pour les étudiants en difficulté. Notre plan de bourse a ainsi triplé au cours des dernières années, afin de capter les jeunes méritants ou étudiants exceptionnels.
Par ailleurs, je compte, d'ici à janvier, réunir le comité exécutif, formé des représentants des étudiants, des syndicats et des professeurs, afin de sortir avec un budget juste et transparent. Suite à cela, nous mettrons toute la lumière sur notre budget, sur notre plan stratégique, ainsi que sur les aides financières.

Les professeurs ont un problème de titularisation.
Depuis 1985, aucun professeur n'a été cadré, pourquoi ?
Durant la guerre, l'avenir du pays et de l'université était incertain, alors le conseil d'administration a décidé de suspendre la titularisation des professeurs en 1985. J'espère que très bientôt on pourra restituer cette procédure. Cela garantira l'indépendance de nos professeurs, ainsi que leur liberté de pensée. Ils pourront alors vaquer tranquillement à leurs recherches et à la poursuite de l'excellence. Nous espérons ainsi former des chercheurs d'un niveau exceptionnel et international, qui feront perdurer l'AUB pour les prochains 150 ans. De même, il est de notre devoir d'assurer une plus grande justice sociale aux différents employés de l'université.

Quelles sont vos priorités en tant que président de l'AUB ?L'AUB est une institution vieille de 150 ans durant lesquels de belles réussites ont été accomplies et des gens exceptionnels ont été diplômés. Cette prestigieuse université a marqué profondément le Liban et le Moyen-Orient. Son influence a néanmoins diminué lors la guerre. Ma mission est de restituer cette dimension et ce...

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