Trois semaines après les attentats de Paris, François Hollande s'est rendu vendredi sur le porte-avions Charles-de-Gaulle, déployé en Méditerranée pour participer aux opérations en Syrie et en Irak contre l'Etat islamique, une présence inédite sur le théâtre d'opérations proche-oriental.
"Après le lâche et terrible attentat qui a frappé notre pays, j'ai décidé d'intensifier le combat contre Daech (acronyme arabe du groupe Etat islamique) en Syrie et en Irak (...) ça veut dire intensifier les frappes", a déclaré François hollande à son arrivée à bord du fleuron de la marine française.
Ce déplacement surprise du président français intervient le jour-même où l'Allemagne a officiellement rejoint, en soutien à la France, les opérations militaires internationales contre l'EI, avec le vote des députés allemands pour autoriser le déploiement de jusqu'à 1.200 soldats et une demi-douzaine d'avions en 2016.
Cet engagement, la plus grosse mission de la Bundeswehr à l'étranger, comprendra la participation de six avions Tornado à des missions de reconnaissance en Syrie depuis la Turquie, et l'engagement d'une frégate au côté du Charles-de-Gaulle.
Déployé en Méditerranée orientale depuis son départ de Toulon le 18 novembre pour participer aux opérations en Syrie et en Irak contre le groupe État islamique (EI), le Charles-de-Gaulle sera déployé "dans quelques jours" dans le Golfe, a annoncé le président français lors d'une allocution à l'équipage du porte-avions.
Accompagné du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian et du chef d'état-major des armées Pierre de Villiers, François Hollande a rencontré pilotes de chasse et techniciens qui interviennent sur le porte-avions, avant de prononcer une allocution en fin d'après-midi sur le bâtiment, sur lequel sont stationnées environ 2.000 personnes.
Après avoir rappelé aux marins sa visite sur leur vaisseau en janvier dans la rade de Toulon, le président français, installé entre un Super Etendard et un Rafale, a déclaré, solennel : "cette fois-ci, je vous rejoins en pleine opération" pour "vous dire combien la France est derrière vous". "Flexibilité, rapidité, disponibilité: c'est la force de l'armée française et c'est ce que je vous demande avec des moyens qui ont été augmentés".
"La fierté de la Nation"
"J'ai confiance en vous et en vos chefs, je vous exprime la gratitude de la Nation pour ce que vous faites et ce que vous allez faire" pour "la destruction de Daech", a ajouté François hollande.
Après son discours, le chef de l'Etat est monté au poste de commandement du pont d'envol pour assister, à la nuit tombée, au catapultage de plusieurs appareils qui partaient en mission.
Avant de quitter le bord, M. Hollande a adressé au micro un message à tout l'équipage : "au moment où je quitte le Charles de Gaulle, je voulais vous exprimer ma gratitude et la fierté de la Nation", a-t-il lancé avant de décoller en hélicoptère pour Chypre, où il a brièvement rencontrer le président Nicos Anastasiades avant de regagner Paris.
Sécurité oblige, le déplacement a été tenu secret jusqu'au dernier moment.
Seul porte-avions de la marine française, en service depuis mai 2001, le Charles-de-Gaulle navigue actuellement dans une zone entre le sud de la Turquie et le nord de l'Egypte.
Son engagement avait été annoncé le 5 novembre par l'Elysée. Il a appareillé de Toulon cinq jours après les attentats de Paris et Saint-Denis (130 morts) et a mené ses premières frappes en Syrie le 23 novembre. Depuis cette date, "120 sorties de combat ont été réalisées et toutes ont réussi", s'est félicité le président.
C'est la première fois qu'un chef de l'Etat se rend sur ce porte-avions en opération loin de sa base toulonnaise. C'est également la première fois que François Hollande se rend sur le théâtre d' opérations militaires françaises contre l'EI.
Cette visite intervient une semaine après l'intense marathon diplomatique de François Hollande qui, après les attentats parisiens, a notamment rencontré David Cameron, Barack Obama, Angela Merkel, Matteo Renzi et Vladimir Poutine pour tenter d'édifier une coalition unique, ou à défaut une meilleure "coordination" des différentes forces engagées sur le théâtre syrien.
François Hollande a salué les premières frappes britanniques sur les positions de l'EI en Syrie, autorisées par le Parlement de Westminster mercredi soir, tout comme la décision du Parlement allemand jeudi matin.
Le projet du président français pour une grande coalition internationale contre l'EI reste néanmoins plombé par les fortes tensions entre la Russie, alliée de Damas, et la Turquie, après la destruction d'un bombardier russe par l'aviation turque à la frontière syrienne le 24 novembre.
En France, le déplacement de M. Hollande, qui s'affiche depuis les attentats en chef d'un pays "en guerre", survient à deux jours du premier tour d'élections régionales annoncées très difficiles pour la majorité présidentielle socialiste. Si la cote de popularité du président a sensiblement progressé dans les sondages depuis ses attentats, de nombreuses voix s'élèvent à gauche, y compris dans son propre parti, pour dénoncer un virage "sécuritaire" de son gouvernement.
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commentaires (3)
Les résultats à venir sue les élections du W.E en France vont envoyer hollandouille par 20 miles dans le fond . Le porte avion restera sur place .
FRIK-A-FRAK
20 h 27, le 04 décembre 2015