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La Turquie entretient-elle des liens avec les jihadistes ?

Le procès instruit depuis des années relancé avec la grave crise diplomatique entre Ankara et Moscou.

Des policiers turcs, le 1er décembre 2015, à Istanbul. AFP / CAGDAS ERDOGAN

La grave crise diplomatique qui a éclaté il y a une semaine entre la Turquie et la Russie a relancé le procès instruit depuis des années contre Ankara, soupçonné d'avoir fermé les yeux voire soutenu les rebelles islamistes syriens, dont le groupe Etat islamique (EI).

Depuis que l'aviation turque a abattu un de ses avions militaires à la frontière syrienne, le président Vladimir Poutine accuse le régime islamo-conservateur turc de couvrir le trafic de pétrole brut organisé par l'EI depuis les puits que celui-ci contrôle en Syrie et en Irak, une de ses principales sources de revenus. Son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, qui a rejoint l'été dernier la coalition internationale antijihadiste, le nie farouchement.

 

La Turquie soutient-elle les jihadistes ?

Depuis le début de la guerre en Syrie, la Turquie est soupçonnée, comme le Qatar et l'Arabie saoudite, d'avoir soutenu les groupes rebelles syriens les plus radicaux, dans l'espoir qu'ils provoquent la chute rapide de sa bête noire, le président Bachar el-Assad. Pendant des mois, l'opposition, des ONG, les médias et les alliés d'Ankara ont dénoncé cette ambigüité, illustrée par le refus turc d'intervenir au côté des Kurdes contre l'EI lors de la bataille pour le contrôle de la ville de Kobané.

Il y a un an, le vice-président américain Joe Biden avait mis les pieds dans le plat. "Il a fallu un certain temps pour que la Turquie, de confession majoritairement sunnite (comme l'EI), pour comprendre que l'EI représentait pour elle une menace directe et immédiate", avait-il lâché, provoquant la colère des Turcs.

Les dirigeants turcs ont toujours démenti toute mansuétude à l'endroit des jihadistes, en rappelant qu'ils avaient classé l'EI parmi les organisations "terroristes" et en répétant que le groupe radical n'avait "rien à voir avec l'islam".

(Lire aussi : Pourquoi la Turquie a rendu service à Assad en abattant l'avion russe)

 

La Turquie achète-t-elle du pétrole à l'EI ?

"Nous avons toutes les raisons de penser que la décision d'abattre notre avion a été dictée par la volonté de protéger ces chemins d'acheminement de pétrole vers le territoire turc, justement vers ces ports depuis lesquels il est chargé sur des navires-citernes", a lancé M. Poutine lundi. D'emblée le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a dénoncé des "accusations sans fondement", M. Erdogan des "mensonges et des calomnies".

Les puits de pétrole aux mains de l'EI produisent chaque jour des dizaines de milliers de barils, évacués par camion vers les pays voisins pour y être vendus. La coalition a récemment multiplié les frappes aériennes contre ces convois. "Il est clair que Daech (l'acronyme arabe de l'EI) vend une partie son pétrole en Turquie et l'autre au Kurdistan irakien", confirme une source diplomatique occidentale.

En juin 2014, un député de l'opposition turque, Ali Edibogluan, a affirmé que les jihadistes avaient vendu pour 800 millions de dollars de brut en Turquie.

Analyste au centre de réflexion Tepav d'Ankara, Nihat Ali Ozcan estime ce trafic bien moins florissant. "Il existait avant l'avènement de l'EI, grâce à un réseau de trafiquants turcs et syriens établi de longue date", estime-t-il, "il n'est pas commercialement significatif et s'est réduit avec le renforcement des contrôles à la frontière".

 

La Turquie lutte-t-elle contre les jihadistes ?

Les pays européens ont longtemps pointé du doigt la porosité des 900 km de frontière qui séparent la Turquie de la Syrie, point d'entrée des recrues étrangères de l'EI.
Sous la pression de ses alliés, Ankara a renforcé depuis plus d'un an le contrôle à ses frontières. Le gouvernement affirme avoir établi une liste de 27.000 étrangers interdits d'accès de son territoire et affirmé avoir expulsé 2.600 jihadistes présumés depuis 2014.

Depuis l'été dernier, la Turquie a également rejoint la coalition dirigée par les États-Unis et participé à quelques frappes contre l'EI en Syrie aux côtés de l'aviation américaine. Sa police a également multiplié les opérations pour démanteler les cellules jihadistes sur son territoire après trois attentats meurtriers attribués à l'EI sur son sol, dont celui qui a visé la gare centrale d'Ankara le 10 octobre et fait 103 morts.

Longtemps inexistants, les échanges d'informations avec l'étranger se sont améliorés. "Depuis les attentats de Paris, nous recevons enfin des réponses à nos questions", explique la source diplomatique occidentale, "on est encore loin d'une coopération efficace mais il y a un mieux incontestable".

 

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Depuis que l'aviation turque a abattu un de ses avions militaires à la frontière syrienne, le président Vladimir...

commentaires (2)

UN SECRET DE POLICHINNELLE...

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 40, le 02 décembre 2015

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Commentaires (2)

  • UN SECRET DE POLICHINNELLE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 40, le 02 décembre 2015

  • C'est quoi donc cette question de sainte nitouche pucelle effarouchée ????? EVIDEMMENT QUE C'EST OUIIIIIIIIIIIIII !!!!!!

    FRIK-A-FRAK

    14 h 46, le 02 décembre 2015

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