Rechercher
Rechercher

À La Une - Liban

Privés de célébrations officielles, des centaines de Libanais dans la rue pour l'Indépendance

Corruption, crise des déchets, militaires otages et autres demandes sociales marquent les manifestations.

Des magistrats libanais, répondant à l'appel de l'association Offre-Joie, manifestent dans le centre-ville de Beyoruth, le 22 novembre 2015, à l'occasion du 72e anniversaire de l'indépendance du Liban. Photo Sako B

Privés pour la deuxième année consécutive de célébrations officielle à l'occasion du 72e anniversaire de l'indépendance du Liban, des centaines de citoyens ont pris les choses en main en investissant le centre-ville de Beyrouth, drapeaux libanais, banderoles et pancartes à la main.

Ils sont venus pour l'occasion dénoncer, entre autres, la vacance à la présidence qui dure depuis le 25 mai 2014, l'absence des 25 militaires libanais kidnappés par les jihadistes depuis août 2014, et enfin la crise des déchets qui s'éternise depuis le 17 juillet dernier.

En matinée, c'est l'association Offre-Joie qui ouvre le bal en investissant les rues de Baabda, à proximité du palais présidentiel.  Des bénévoles de l'association à but non lucratif, des magistrats, des hommes de religions chrétiens et musulmans, se sont retrouvés, aux sons de chants patriotiques. De nombreux drapeaux libanais étaient également brandis par les manifestants. "Il ne suffit pas de brandir le drapeau de ton pays, il faut également protéger celui-ci", pouvait-on lire sur l'une des banderoles brandies par plusieurs manifestants.

L'année dernière, Offre-Joie avait également organisé une marche similaire, alors que le Liban est privé pour la deuxième année consécutive de célébrations officielles, en raison de l'incapacité de ses députés à élire un chef de l'État.

Devant le Musée national à Beyrouth, ce sont des dizaines de Libanais qui se sont regroupés à l'appel du collectif "Nous réclamons des comptes". "Pas de nouvelle indépendance sans le départ des corrompus", pouvait-on lire sur une pancarte brandie par l'un des protestataires.

"Nous sommes venus redonner à l'indépendance son vrai sens", a affirmé l'un des porte-parole du collectif. "Le Musée national représente la ligne de fracture imposée au Libanais par les seigneurs de guerre, durant le conflit civil", a également rappelé le porte-parole.

 

(Lire aussi : Salam : Le blocage des institutions, un "crime contre la nation")

 

A Saïfi, à l'entrée nord de la capitale, une foule de partisans du parti Kataëb s'est réunie devant le siège principal de la formation. Des convois motorisés circulaient également dans les environs, arborant des portraits à l'effigie du chef du parti, Samy Gemayel.

"Nous voulons envoyer un message : en tant que Kataëb, nous avons payé cher le prix de l'indépendance, notamment avec l'assassinat de Pierre Gemayel (en 2006), le jour même de la fête nationale. Mais malheureusement nos responsables ne parviennent toujours pas aujourd'hui à un élire un chef de l'État", a dénoncé Serge Dagher, responsable au sein du parti.

 

(Lire aussi : Koullouna, à vous en crever les tympans !, le billet d'Anne-Marie el-Hage)

 

"Pas d'indépendance avant la libération des militaires"

Place Riad Solh, les proches des 25 militaires libanais, otages des jihadistes du groupe État islamique et du Front al-Nosra depuis 478 jours, ont une nouvelle fois fait part de leur amertume. "Quelle indépendance célébrons-nous aujourd'hui alors que le pays est sans président, alors que 25 militaires sont otages, que le pays croule sous la misère, que nous sommes divisés?", s'est interrogé Hussein Youssef, porte-parole des familles. "Il n'y aura pas d'indépendance tant que (...) nous n'avons pas de président et que nos fils ne seront pas rentrés" a-t-il conclu.

Vers 12h30, d'autres Libanais venus en nombre, ont afflué vers la place des Martyrs, avant d'être rejoints par les différents groupes et formations déjà présents sur le terrain. Ils se sont regroupés sous l’œil des forces de l'ordre qui n'ont toutefois pas déployé de mesures de sécurité renforcées.

Avant de laisser la place au discours, le collectif "Vous Puez !", né avec la crise des déchets, a tenu une minute de silence en hommage aux victimes du double attentat-suicide qui a ensanglanté le quartier de Bourj el-Brajneh, dans la banlieue-sud de Beyrouth, le 12 novembre.

"Depuis 25 ans, les même responsables sont toujours en place, et font toujours les mêmes promesses qu'ils n'honorent jamais" a martelé une porte-parole du groupe. "Les Libanais sont toujours otage de ces responsables. Aujourd'hui, de nombreux citoyens ne se reconnaissent plus dans la fête de l'indépendance. De quelle indépendance parlons-nous, alors que nos responsables violent la Constitution, et qu'après quatre mois, ils reconnaissent ne pas avoir de solution à la crise des déchets? Il est temps qu'on obtienne notre vraie indépendance. Assez de votre surenchère sectaire" a-t-elle ajouté. "Nous sommes là pour protester, entre autres, contre la gestion de la crise des déchets. Nous sommes venus vous réclamer des comptes face à la situation du pays. Nous sommes contre le terrorisme, qui résulte du confessionnalisme. Nous sommes là car nous sommes conscients que la faim, le chômage et la pauvreté touchent toutes les confessions. Loin de tout positionnement sectaire, nous sommes pour l'élection d'un président de la République, pour une nouvelle loi électorale, pour des législatives".

 

(Lire aussi : Les plans des terroristes sont voués à l'échec, assure Kahwagi)

 

La porte-parole du collectif a ensuite lancé : "Nous savons ce que nous voulons. Si vous ne savez pas gérer le pays, cédez la place ! Quel est votre projet ? Quelles sont les solutions que vous préconisez ? Il est temps que vous nous fichiez la paix !". Et de conclure : "La phase défensive est terminée, nous passons à l'offensive maintenant, à notre manière. Notre combat est dorénavant ouvert, nous serons plus souvent dans la rue. Vous ne voulez pas ramasser les déchets des rues ? Nous allons donc fouiller dans les déchets de votre passé".

Même son de cloche de la part du collectif "Nous réclamons des comptes" : "Nous faisons notre propre destin. Personne ne pourra désormais nous ôter notre indépendance. Nous réclamons des comptes et nous voulons sanctionner", a martelé l'un des portes-parole du groupe.

Un peu plus tard, Offre-Joie a organisé un défilé civil qui rappelle en quelques sortes le défilé militaire habituel, absent depuis 2014. Cela n'a toutefois pas empêché une poignée d'éléments de la fanfare de l'armée de défiler, leurs instruments à la main.

 

الجيش في الساحة مع الشعب.

Posted by ‎طلعت ريحتكم‎ on Sunday, November 22, 2015

 

 

Lire aussi

La non-demande d'indépendance

Harb à « L'OLJ » : Ravi d'être le DJ de l'hymne national

Privés pour la deuxième année consécutive de célébrations officielle à l'occasion du 72e anniversaire de l'indépendance du Liban, des centaines de citoyens ont pris les choses en main en investissant le centre-ville de Beyrouth, drapeaux libanais, banderoles et pancartes à la main.
Ils sont venus pour l'occasion dénoncer, entre autres, la vacance à la présidence qui dure...

commentaires (1)

Des gens de bonne foi défilent à la place du Défilé "officiel classique"du 22 Novembre... Mais auront-ils accès un jour à la gouvernance de ce pays mené par des corrompus à un déclin sans précédent? Je le souhaite de tout coeur pour le Liban, choyé par une merveilleuse nature mais au passé si ébranlé par les conflits de toutes sortes! C'est lamentable!

Zaarour Beatriz

19 h 00, le 22 novembre 2015

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Des gens de bonne foi défilent à la place du Défilé "officiel classique"du 22 Novembre... Mais auront-ils accès un jour à la gouvernance de ce pays mené par des corrompus à un déclin sans précédent? Je le souhaite de tout coeur pour le Liban, choyé par une merveilleuse nature mais au passé si ébranlé par les conflits de toutes sortes! C'est lamentable!

    Zaarour Beatriz

    19 h 00, le 22 novembre 2015

Retour en haut