La fête de l'Indépendance n'est pas encore célébrée que les abonnés au réseau cellulaire en ont déjà leur claque du Koullouna, tellement ils l'ont entendu sur leurs téléphones portables durant la seule journée d'hier, à la veille de la Journée du drapeau, à l'avant-veille de la fête nationale. Et ce n'est qu'un début !
L'envie vous prend-elle de parler à votre mère ? Vous devez d'abord vous taper le Koullouna pendant de longues secondes avant que la sonnerie ne se déclenche.
Besoin de faire un appel professionnel ? Attendez donc le bon vouloir du Koullouna et sa musique stridente à vous en crever les tympans.
Urgemment besoin de consulter votre médecin par téléphone ? Oui, mais patience, le Koullouna d'abord !
Il en était ainsi, hier, dès les premières lueurs du jour. À l'initiative du très patriote ministre des Télécommunications, Boutros Harb, qui s'est fendu d'un communiqué pour l'occasion : « La sonnerie aux notes de l'hymne national qui est diffusée sur les téléphones cellulaires à l'occasion de la fête du Drapeau est bien entendu gratuite sur décision du ministre et ne sera donc pas facturée aux abonnés. »
Encore heureux !
Car la décision d'imposer cette sonnerie aux abonnés du réseau cellulaire à chaque appel téléphonique est pour le moins... impopulaire, même si elle part d'une bonne intention. Tous les moyens sont bons pour le dire au fil d'une conversation téléphonique ou sur les réseaux sociaux. Les « j'en ai marre » fusent au gré des échanges. Les internautes ne s'en privent pas non plus. Certains se fâchent. D'autres se lâchent. Chacun ajoute son grain de sel. Ils s'en donnent tous à cœur joie. L'initiative est rapidement tournée en dérision.
« Une ridiculisation de l'hymne national, lance une internaute sur Facebook. T'appelles le plombier, l'amie qui déprime, l'ex à l'hôpital... t'as toute la fanfare "nationnarde" qui te guette à l'autre bout du fil », observe-t-elle, intarissable.
Plus sérieuse, une autre se demande : « J'aime beaucoup le Liban et son indépendance, mais pourquoi on a Koullouna sur nos téléphones portables ? »
Saturée, une troisième s'interroge : « De quel droit les serveurs utilisent l'hymne national à chaque coup de fil ? » et décrit la chose comme « énervante, ridicule et irrespectueuse envers l'hymne national ».
« J'espère que ça ne va pas rester comme ça jusqu'au 22 », hurle une dernière internaute. Histoire d'animer le débat, elle lâche enfin, avec humour : « En plus, moi je respecte l'hymne national, donc à chaque fois que j'appelle quelqu'un, je me mets debout. »
Le respect à la nation et à son drapeau passe-t-il nécessairement par la diffusion en boucle de l'hymne national libanais, imposé jusqu'à l'intox aux abonnés dans l'irrespect le plus total de leur volonté ? La question mérite d'être posée.
Mais encore une fois, au pays du Cèdre, la volonté des citoyens, on s'en balance !
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commentaires (10)
La diffusion de l'hymne national libanais de cette manière est une claque à tous ceux qui boycottent l'élection d'un nouveau Président de la République. Le prendre autrement c'est encourager ces gens-là à poursuivre leur sale besogne ! Merci Boutros Harb.
Un Libanais
11 h 35, le 23 novembre 2015