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Liban - Reportage

Fermeté, amitié et justice : la mission de paix du contingent espagnol de la Finul

Miguel de Cervantes est le nom du plus grand écrivain espagnol. Miguel de Cervantes est aussi le nom du quartier général du contingent espagnol de la Finul à Ibl el-Saki, dans le caza de Marjeyoun.

Des soldats espagnol surveillent la frontière.

Commandant du secteur est de la Finul, c'est-à-dire les cazas de Marjeyoun et Hasbaya, le contingent espagnol compte actuellement 593 hommes et opère dans cette zone du Liban-Sud avec des soldats venus du Salvador, du Brésil et de Serbie (qui font partie également du contingent espagnol), ainsi qu'avec les contingents indien, chinois, indonésien, népalais et des îles Fidji. En tout 3 484 hommes et femmes servant sous les couleurs de l'Onu sont actuellement stationnés dans le secteur est surveillant 55 kilomètres de frontière avec Israël et veillant à l'application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité dans 54 villages et localités du Liban-Sud.

Et il semble que depuis 1978, année de la création de la Finul, ce Liban-Sud n'a jamais été aussi calme. De nombreux soldats espagnols stationnés dans des postes d'observation limitrophes d'Israël et de la Syrie rapportent qu'ils entendent parfois des bombardements au Golan... Depuis le début de la guerre en Syrie, la donne a bel et bien changé dans la région...

La caserne Miguel de Cervantes est comparable à une petite ville, à un bout d'Espagne au Liban. L'espace a été conçu sur mesure à l'arrivée du contingent espagnol au Liban. Il n'abrite pas uniquement les soldats espagnols, mais aussi tous les bureaux du commandement du secteur est où travaillent des militaires de plusieurs nationalités et où on peut lire à divers endroits la devise des militaires espagnols : Fermeté, amitié et justice.

(Pour mémoire: À Chamaa, les Italiens déploient leur plus beau matériel militaire)

Le brigadier général José Conde de Arjona souligne dans ce cadre, à L'Orient-Le Jour, que « le plus difficile dans ce genre de mission est de standardiser les procédures entre les contingents de diverses nationalités, notamment en ce qui concerne les patrouilles, les barrages et les postes d'observation ». La tâche n'est pas facile, surtout quand les soldats viennent de divers continents et appartiennent à des cultures différentes. Il ajoute aussi que l'une des particularités et des difficultés de cette mission réside dans le fait que l'on n'est pas face-à-face avec l'ennemi. À l'instar de plusieurs contingents européens stationnés au Liban-Sud, les soldats espagnols passent six mois au Sud de Litani, sans congé ni permission.

Depuis le changement des règles d'engagement de la Finul en 2006, et depuis l'attentat qui avait visé en juillet 2007 une patrouille du contingent espagnol à Khiam, coûtant la vie à six militaires, les soldats ne sortent de leur caserne qu'en mission. C'est pour cette raison que le quartier général du contingent espagnol présente plusieurs espaces de loisirs et d'entraînement. De nombreuses activités y sont prévues au quotidien, permettant aux militaires de développer par exemple leur connaissance en langues étrangères ou en informatique.

Séminaire sur la culture des oliviers

L'aumônier du contingent, le père Antonio Sanchez, qui fait la navette tous les jours entre Ibl el-Saki et divers postes de la Finul espagnole, et qui célèbre la messe tous les matins au quartier général du contingent, souligne en réponse à une question relative à la particularité de cette mission de paix que « de nombreux soldats demandent à être baptisés. Peut-être que, pour eux, c'est le moment propice d'être plus proches de Dieu ».

En attendant, et en marge de ses activités militaires et de sa coopération avec les forces armées libanaises, le contingent espagnol mise beaucoup sur le soutien qu'il accorde à la population dans divers domaines. Ainsi, en coopération avec les municipalités des villages et des ONG de la région, de nombreuses activités sont mises en place. Elles permettent aux militaires de tisser des liens avec les habitants.

Des experts venus d'Espagne viennent de donner un séminaire sur la culture des oliviers à Deir Mimass, localité connue pour sa production d'huile d'olive. En outre, des soldats dispensent régulièrement des cours d'espagnol dans diverses localités du secteur.
L'Espagne a financé la réhabilitation d'un vieux marché à Kawkaba, ainsi que la restauration de sites religieux musulmans et chrétiens dans divers villages de la zone. Et à Marjeyoun, chef-lieu de caza, les soldats ont nettoyé un terrain vague, usant des véhicules utilitaires à leur disposition. Les herbes folles cachaient des ruines romaines.

(Pour mémoire : De Bint-Jbeil à Tyr, le contingent italien poursuit son action humanitaire)

Toujours dans le but d'encourager l'échange avec la population, des militaires femmes (au nombre de 45 au sein du contingent espagnol) ont pris part en octobre dernier à un cours d'esthétique – manucure et maquillage – dispensé par des Libanaises à Khiam.

Les soldats donnent surtout de leur temps pour aider la population, prêtant du matériel pour reconstruire une route, ou prenant en charge des personnes dans le besoin. Ainsi, à Ibl el-Saki, en coopération avec Caritas, la maison de deux sœurs du troisième âge, vivant seules depuis longtemps, a été repeinte. Mais avant de repeindre, il fallait nettoyer et jeter les immondices que l'une des sœurs ramassait et gardait à la maison. Depuis que leur maison est redevenue salubre, les deux sœurs reçoivent régulièrement la visite des soldats du contingent. Parmi eux figure l'officier Baduino Gonzalez Garcia, qui effectue son troisième séjour au Liban et qui est responsable de la coopération civile et militaire. Il note qu'en intervenant auprès des habitants, les soldats font du bénévolat.

Vue surréaliste

Le contingent espagnol est responsable de divers postes d'observation le long de la frontière. Le fleuve Wazzani et le village de Ghajar figurent dans la région où ses soldats sont opérationnels.
« Le marquage de la ligne bleue au niveau de Wazzani s'est achevé. S'il fallait mettre des bornes, comme c'est le cas sur la terre ferme, elles passeraient au beau milieu du fleuve », indique l'officier Ramon Martinez Borrego, responsable de la communication du secteur est.

Dans des régions comme Wazzani et Ghajar, et à partir de certains miradors, la vue est quasi surréaliste : malgré les barbelés, les frontières se confondent. Les kibboutzim sont tellement proches que l'on pourrait même, si on prête l'oreille, entendre les bruits qui se dégagent des ruelles.

À Ghajar, on est devant la frontière de trois pays – le Liban, la Syrie et Israël – et un simple accident de route peut terminer la course d'un véhicule en Israël. C'est le fleuve Wazzani qui offre le paysage le plus insolite. Côté libanais, des complexes touristiques avec restaurants et piscines ont été construits, alors que le côté israélien est complètement désert. L'été, ces complexes ne désemplissent pas, alors que de l'autre côté de la frontière, la zone semble interdite aux civils.
Le marquage de la ligne bleue, séparant le Liban d'Israël, est en progression. Mais cela est une autre histoire qui se tient à Naqoura...


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