C'est vrai qu'on connaît Feyrouz, Sabah, Ragheb Alameh, Haïfa, bien évidemment, Nancy Ajram, Wadih el-Safi et certains autres. On a parfois la nostalgie de Abdel Wahab, Abdel Halim, Asmahan, Sabah Fakhri. On se rappelle des films, de Tahia Carioca et d'une époque. Ça c'était le Liban, l'Orient. Ça, les Libanais connaissent bien. Mais quand il s'agit de Farès Karam, Cyrine Abdelnour, Waël Jassar, Diana Haddad ou Madeline Mattar, là, ça se complique. Dès qu'on entre dans certaines régions. Qu'on se dirige vers le Nord ou vers le Sud, vers le Chouf ou la Békaa, on tombe sur ces portraits placardés de part et d'autre de l'autostrade. Pas de façon anarchique comme ceux des députés indécrottables lors des campagnes. Non, en grand, sur Unipole, sur le haut d'un immeuble. Les campagnes publicitaires de marques de luxe, de lofts à 1 million de dollars, de packages pour une croisière dans les fjords ont laissé place à des réclames pour des jeans dont on n'a jamais entendu parler, des restos où on n'a jamais été et des instituts de beauté qui préconisent le lifting des lèvres vaginales. Une fois passé le tunnel, une fois arrivés dans le 09 ou le 07, on se demande: Who the f*** sont ces gens? Qui achèterait des chaussures pareilles? C'est quoi ce casino fouwar je ne sais quoi? Avec cette espèce de snobisme qu'on manie si bien. Dérangés probablement par ce choc culturel, cette scission entre deux mondes, ou trois. Ébahis, voire heurtés par la vulgarité des invités de certaines émissions de la télévision locale. Abasourdis par ces sourcils tatoués en oblique, ces seins beaucoup trop grands, ces lèvres beaucoup trop ourlées et ces yeux beaucoup trop bleus pour être vrais. Et de conclure par un condescendant: ah ces
Libanais.
Ces Libanais... Comme si nous n'en étions pas. Comme si nous avions une quelconque supériorité sur le reste des gens. Mais nous n'en sommes pas. Les Libanais, c'est eux. C'est eux à 95%. C'est eux l'essence même du peuple, de la nation. Ce sont eux qui vivent la vraie culture libanaise. Qui l'incarnent. C'est nous la minorité. Les francophones et anglophones qui n'utilisent que très peu le «dialecte» local, qui ne regardent le JT de 20h que lorsque ça barde un peu et qui se sentent plus concernés par les actualités françaises de 21 heures, les grèves des contrôleurs, les résultats des élections municipales dans le Gers, les faits d'hiver dans le Neuf Trois et les émissions dominicales de Michel Drucker. Qui préfèrent mater Oprah au lieu de Marcel Ghanem, qui connaissent par cœur Ellen Degeneres, Jimmy Kimmel, John Stewart mais ne savent pas forcément qui est Adel Karam.
Et qui trouvent follement folklorique et rustique ces déjeuners à 15$ dans le jurd. C'est nous la minorité, cette minorité qui n'a rien compris et qui vit en décalage. Qui pense qu'elle n'est pas totalement arabe, pas totalement occidentale et qui n'arrive pas à trouver sa place tant son désir d'appartenance ne ressemble plus à rien. Cette minorité parle des autres en disant « les Libanais ». Rouspètent des «mech ma32oul l'lebneniyés» comme s'ils n'étaient pas concernés, alors qu'ils parlent d'eux-mêmes à la troisième personne. C'est le syndrome Alain Delon. Sauf quand il s'agit de crâner en parlant d'Ibrahim Maalouf, de Carlos Ghosn, de Slim, de Mika ou de Shakira. Là, c'est «nehna l'lebneniyés». Ce n'est pas de mémoire sélective dont il s'agit, mais d'appartenance sélective. Faut pas se demander pourquoi tout le monde part en vrille. Pourquoi le pays est à la fois schizophrène et bipolaire. D'ailleurs, who the f*** is Darine Hadchiti?
Lifestyle - Un peu plus
Minority report
OLJ / Par Médéa AZOURI, le 07 novembre 2015 à 00h21
Médéa ne chômera pas malgré la mise au devant de la scène de some "starlettes". Elle reste au chevet de l’intellect dans ce pays jour et nuit. Elle se met maybe en retrait, et le rideau elle fait semblant de le baisser ; façon de parler ; vers le tape à l’œil, on le sait, étant peu portée. À l’inverse de celle-là, la Dârîne-là ! À cet échelon-là, elle est égale à elle-même restée. Elle ré-rouspétera quand ? Elle est très franche : "Tant que les starlettes sont signalées encore-là au Sud, au Nord, au Mont-Liban ou dans la Bekaa, je rouspèterai moins. Je ne veux pas souffrir à l’instar des Véritables Dames à cause d’elles." ! Éloigné de ces niaiseries, elle est - a d o r é e - par les élégant(e)s. Tous ont reconnu sa jolie patte dans la rédaction de ce "Minority Report". Égale à elle-même. C’est aux Dames que la Médéa doit son aura, les réactions des "starlettes" étant mitigées, non sur sa personne bien sûr ; elles peuvent se mettre le doigt dans…. "les chignons", n’est-ce pas ? Arguments de ses soutiens, Classes : "Dans cette époque basse, sa Classe a sauvé le paysage. Elle renoue avec l’esprit des véritables et fondatrices, et dames !". En résonance avec elles ; ces fermetés classieuses du Liban ; ou comment affirmer le Modèle Féminin Libanais au sein de cette "campagne". Tout ceci justifié par l’efficacité qu’elles ont mise ces éhhh Dames ; elles et elle ; dans la pérennité du Modèle Féminin Classe. Tout un symbole....
08 h 33, le 08 novembre 2015