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À La Une - drame

Crash en Egypte : l'hypothèse d'un attentat à la bombe "fortement privilégiée"

Washington durcit la sécurité pour certains vols venant du Moyen-Orient.

Près d'une semaine après le crash qui a coûté la vie aux 224 personnes à bord, la thèse d'une bombe ayant explosé dans l'Airbus de la compagnie russe Metrojet 23 minutes après son décollage de Charm el-Cheikh semble désormais s'imposer. REUTERS/Asmaa Waguih

L'analyse des boîtes noires de l'avion russe qui s'est écrasé dans le Sinaï permet de "privilégier fortement" l'hypothèse d'un attentat à la bombe, selon des sources proches de l'enquête.

Près d'une semaine après le crash qui a coûté la vie aux 224 personnes à bord, la thèse d'une bombe ayant explosé dans l'Airbus de la compagnie russe Metrojet 23 minutes après son décollage de Charm el-Cheikh semble désormais s'imposer.
Peu après le crash, le groupe jihadiste Etat islamique (EI), dont la branche égyptienne est active dans le Sinaï, avait affirmé en être responsable mais sans expliquer comment.

Une source proche du dossier a indiqué vendredi à l'AFP que l'analyse des deux boîtes noires, croisée avec des relevés sur les lieux du crash et l'expérience des enquêteurs, permettait de "privilégier fortement" l'hypothèse d'un attentat à la bombe.
En effet, le décryptage de l'enregistreur des données de vol (Flight Data Recorder) et de l'enregistreur des voix dans le cockpit (Cockpit Voice Recorder) indique que "tout était normal" jusqu'à la 24e minute de vol quand ces deux boîtes noires ont brutalement cessé de fonctionner, comportement symptomatique d'une "très soudaine dépressurisation explosive", selon cette source qui a requis l'anonymat.
"L'hypothèse d'une explosion avec pour origine une défaillance technique, un incendie ou autre, apparaît hautement improbable", a-t-elle ajouté.

Une autre source proche du dossier a assuré à l'AFP que l'analyse d'une boîte noire confirmait le caractère "brutal" et "soudain" de l'événement ayant précipité la chute de l'appareil, précisant que des photos montrant certains débris criblés d'impacts allant de l'intérieur vers l'extérieur "accréditent plutôt la thèse d'un engin pyrotechnique".

(Lire aussi : Crash du Sinaï : pourquoi la thèse de l'attentat est crédible)

 

"Tellement reconnaissante"
Jeudi, Londres et Washington avaient ouvertement évoqué la piste d'une bombe.

La Russie est d'abord restée prudente face à cette thèse, la qualifiant de "spéculation", mais son président Vladimir Poutine, sur recommandation des services secrets, a ordonné vendredi la suspension des vols civils russes vers l'Egypte. Il a aussi chargé le gouvernement d'"assurer le rapatriement des citoyens russes" présents à Charm el-Cheikh après ce que constitue la pire catastrophe aérienne ayant frappé la Russie.

La compagnie nationale Aeroflot a envoyé à vide son vol du vendredi soir à destination du Caire pour servir à rapatrier des citoyens russes de cette station balnéaire du sud de la péninsule du Sinaï, selon un responsable cité par l'agence Interfax. Le rapatriement a déjà commencé pour les quelque 20.000 citoyens britanniques présents à Charm el-Cheikh.

Le premier avion envoyé du Royaume-Uni pour rapatrier des touristes a atterri vendredi peu après 16H30 GMT à l'aéroport londonien de Gatwick, selon un journaliste de l'AFP. Selon la compagnie EasyJet, 180 personnes étaient à bord.
Sept autres avions devaient décoller vendredi de Charm el-Cheikh à destination du Royaume-Uni, selon les autorités égyptiennes, qui n'ont finalement pas autorisé tous les 29 vols prévus par les compagnies britanniques. Selon Londres, seuls les bagages à main sont autorisés sur ces vols.
"Je suis tellement reconnaissante d'être de retour avec ma famille", a confié aux journalistes l'une des passagères, Emma Turner, en larmes. "Je ne pensais pas que nous allions réussir à rentrer".

Mais à l'aéroport de Charm el-Cheikh, c'est la confusion et la colère qui dominaient vendredi chez les nombreux touristes britanniques bloqués, qui déploraient le manque de communication de leurs autorités. L'ambassadeur de Grande-Bretagne a d'ailleurs été interpellé par des touristes à son arrivée à l'aéroport: "Quand allons-nous rentrer chez nous ?" "Pourquoi personne ne nous parle ?", ont crié certains.

Des centaines de touristes russes patientaient eux aussi dans des files d'attente au milieu de leurs bagages devant les comptoirs d'embarquement des compagnies russes.

(Repère : Les attentats à la bombe contre des avions de ligne depuis 1983)

 

Bagages en soute interdits
Vendredi, Washington a demandé à "certains" aéroports du Moyen-Orient de renforcer leurs mesures de sécurité pour les vols en direction des Etats-Unis, par mesure de "précaution".

Illustration supplémentaire de la nervosité des autorités et compagnies aériennes, la Néerlandaise KLM a interdit "par précaution" les bagages en soute sur son vol Le Caire-Amsterdam.
Après les premières déclarations jugeant probable la thèse de l'attentat, plusieurs compagnies étrangères dont les britanniques ont suspendu leurs vols vers et en provenance de Charm el-Cheikh alors que la France et la Belgique ont déconseillé à leurs ressortissants de s'y rendre.

Alors que les autorités égyptiennes ont mis en garde contre des conclusions prématurées, rien n'a encore officiellement filtré des résultats de l'analyse des deux boîtes noires.
Ce drame risque de porter un nouveau coup dur au tourisme en Egypte, un pays déjà affecté par des années d'instabilité depuis la chute de Hosni Moubarak à l'issue d'une révolte populaire en 2011.

 

Repère
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