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Culture - Course aux prix

Le Femina ne cache pas son amour pour « Bolt’ »

Le journaliste Christophe Boltanski a été récompensé hier par le prix Femina 2015 pour son premier roman, l'introspectif « La Cache » * (Stock). Au détriment du Libanais Charif Majdalani.

Christophe Boltanski après avoir reçu le prix Femina. Photo François Guillot

Grand reporter au magazine français L'Obs (anciennement Le Nouvel Observateur), Christophe Boltanski est désormais pleinement reconnu en tant qu'écrivain. Il a obtenu sept voix sur douze pour La Cache au second tour de scrutin et succède ainsi à l'Haïtienne Yannick Lahens pour Bain de lune (Sabine Wespieser). Son premier roman fait entrer le lecteur dans l'intimité familiale des Boltanski. Fils du sociologue Luc Boltanski, neveu du plasticien Christian Boltanski, le journaliste cinquantenaire a enquêté, questionné son entourage et fouillé son passé, afin de reconstituer le puzzle de l'histoire de sa famille juive, traumatisée par la captivité subie durant la Seconde Guerre mondiale.
« Je pense aux miens et à ma grand-mère qui était romancière », a déclaré l'auteur extrêmement ému à l'annonce de son prix. « J'ai voulu raconter l'histoire d'un enfermement, celui d'une famille qui vit soudée dans un appartement, cimentée par la peur et qui tente de recréer un monde de liberté et de joie. »


(Lire aussi : Majdalani à « L'OLJ »: Lorsqu'on est en finale, on a toujours envie de l'avoir)

 

Poupées russes
Avec l'hôtel particulier parisien des grands-parents comme porte d'entrée dans son premier ouvrage, l'auteur fait visiter la demeure, pièce par pièce, chacune contenant son lot de souvenirs. Les secrets et silences s'encastrent les uns dans les autres, comme des poupées russes, que l'on découvre tour à tour. À l'image de cette cachette – d'un mètre vingt de hauteur – dans laquelle se réfugie le grand-père durant vingt mois. Étienne Boltanski devient ainsi clandestin au sein de sa propre famille durant la seconde Guerre Mondiale et se convertit au catholicisme pour sauver sa vie. Une cache pour se protéger de l'horreur de l'occupation nazie et de la collaboration. Les stigmates de cet épisode traumatique marqueront toute la famille et ne disparaîtront jamais vraiment. Et la libération ne changera rien.
La peur (« du pire parce qu'il est toujours sûr », de l'uniforme, plus généralement de l'autre, ou même, de l'indifférence) se transmet par héritage. Enfant, Christophe est un bambin chétif qui a « la phobie du sable chaud, des vagues, des champignons sauvages, des herbes hautes ». Alors pour combattre leurs angoisses, les « Bolt' » se réfugient dans la création. Dans La Cache, il y a autant de rires, de joies, mais aussi d'effrois et de déchirements que dans la demeure familiale de la rue de Grenelle.

Deux autres prix
Prix Femina du roman étranger : La couleur de l'eau (Philippe Rey), de Kerry Hudson
Prix Femina essai : Claude Levi-Strauss (Flammarion), d'Emmanuelle Loyer.

 

*La Cache (Stock), 340 pages.

 

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