Aujourd'hui, ça passe ou ça casse. C'est le cas de le dire, avec les menaces à peine voilées du Premier ministre, Tammam Salam, et du chef de la commission ad hoc chargée de trouver une solution au dossier des ordures ménagères, le ministre Akram Chehayeb, de se désister de leurs engagements officiels si jamais les obstacles à un règlement ne sont pas aplanis.
Tammam Salam avait fait savoir qu'il est prêt à se retirer chez lui et à suspendre ses activités de chef du gouvernement. Akram Chehayeb veut se retirer de la commission, mais non sans « tout déballer », c'est-à-dire identifier les obstructionnistes et dénoncer leurs motivations.
Les contacts politiques se sont intensifiés hier dans une sorte de sprint final dont le résultat reste cependant incertain, en dépit des propos optimistes du ministre de l'Agriculture, hier en soirée. Akram Chehayeb a ainsi révélé à la chaîne MTV qu'Amal et le Hezbollah ont donné leur feu vert à l'aménagement d'une décharge sur l'emplacement d'un dépotoir sauvage dans la Békaa. Celle-ci figurait sur la liste des sites proposés dans le premier rapport du ministère de l'Environnement sur les décharges, mais n'avait pas été retenue faute d'une volonté politique de débloquer ce dossier.
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Autant on voudrait croire à une solution, autant on reste cependant sceptique, en raison du nombre de fois au cours desquelles M. Chehayeb et, avant lui, le ministre de l'Environnement, Mohammad Machnouk, avaient annoncé des solutions qui avaient été toutes aussitôt court-circuitées, pour des raisons politico-communautaires.
Aujourd'hui, le ministre de l'Agriculture va poursuivre ses contacts et soumettre dans la matinée son rapport au chef du gouvernement qui doit, si tout va bien, convoquer un Conseil des ministres dans les prochaines vingt-quatre heures.
Une réunion du gouvernement s'impose non seulement pour le dossier des ordures ménagères, mais à cause de la crise des salaires qui secoue l'administration. Une partie des militaires et des agents de l'ordre, ainsi qu'un groupe de fonctionnaires n'ont pas perçu hier leurs salaires faute de fonds transférés à temps aux ministères de tutelle. Le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, avait averti depuis trois mois les autorités, lorsque le gouvernement était bloqué à cause de la polémique entre le courant aouniste et le reste des ministres autour du mécanisme de prise de décision en Conseil des ministres, que le problème allait se poser fin octobre.
L'équipe Salam doit donc se réunir pour débloquer les fonds, mais il semble que le chef de l'exécutif veut s'assurer que ces assises permettront également d'en finir une fois pour toutes avec la crise des déchets, qui a pris la dimension d'une catastrophe nationale, au point de pousser le ministre de la Santé, Waël Bou Faour, à constituer une cellule de crise devant évaluer son impact sur la santé des Libanais.
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En attendant, que ce soit à Aïn el-Tiné ou au Sérail, les réunions se sont multipliées hier avec Akram Chehayeb, Waël Bou Faour, Ali Hassan Khalil, Nouhad Machnouk et Samir Mokbel. « Nous sommes dans l'attente d'une réponse demain (aujourd'hui) matin au plus tard de nos frères, le Hezbollah et le mouvement Amal, qui doivent nous assurer le site d'une décharge dans la Békaa », a déclaré le ministre de la Défense, Samir Mokbel, au terme d'un entretien avec le chef du gouvernement. Et d'ajouter : « Sinon, nous serons dans de beaux draps et il nous sera impossible de nous en sortir. » Et parce qu'une solution n'est pas garantie, les autorités étudient « sérieusement » la possibilité d'exporter les déchets, selon les explications du ministre.
À Aïn el-Tiné, le ton du discours du ministre de l'Agriculture était différent de celui des derniers jours. Plus conciliant : « De nouvelles idées sont soumises. Certaines sont en harmonie avec le plan approuvé par le Conseil des ministres. D'autres nécessitent une réunion de celui-ci pour approbation. » Il n'en demeure pas moins, qu'il avait clairement souligné, dans une déclaration à l'Agence nationale d'information, que la clé à une solution est d'ordre politique et rien d'autre, parce qu'au plan technique tout est prêt. « Si on n'assure pas un site à la commission, cela signifie que le partenariat réclamé ne tient plus. Que chacun assume alors ses responsabilités », a-t-il dit.
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commentaires (7)
Hamdillah nichkor allah! Mais semble-t-il pas trop vite...
PPZZ58
20 h 35, le 30 octobre 2015