Rechercher
Rechercher

À La Une - Reportage

Au Liban, des enfants des rues se rêvent en fleuristes et boulangers

Au moins 1 510 enfants, dont trois-quarts de syriens, vivent ou travaillent dans les rues libanaises. Ils pourraient être trois fois plus.

Au moins 1.510 enfants, dont trois-quarts de syriens, vivent ou travaillent dans les rues du Liban. Ils pourraient être trois fois plus. AFP PHOTO/JOSEPH EID

Le souvenir de ses deux années passées à vendre des billets de loterie et des mouchoirs en papier dans les rues de Beyrouth semble aujourd'hui bien lointain pour Ibrahim, 18 ans. Occupé à confectionner des bouquets chez un fleuriste du quartier de Cola, ce réfugié syrien confie: "Mon état d'esprit a beaucoup changé. Grâce aux fleurs, j'oublie ce qui nous est arrivé, j'oublie nos soucis".

Ibrahim fait partie des 24 jeunes Syriens et Libanais vivant ou travaillant dans la rue, sélectionnés pour participer à un programme de l'ONG International Rescue Committee (IRC) qui leur permet de suivre durant trois mois une formation en apprentissage. Dans cet article, leurs prénoms ont été changés à la demande de l'ONG.

Les participants reçoivent une petite rémunération en échange de leur assiduité. Chez le fleuriste, Ibrahim a appris à nettoyer les fleurs et à confectionner de jolies compositions florales. "Apprendre à faire des bouquets a eu un impact positif sur mon état d'esprit, raconte-t-il. Dans la rue j'étais exposé à un vocabulaire grossier. Ici, j'ai appris le respect mutuel et un nouveau métier".

 

(Lire aussi : Le travail des enfants syriens a atteint des proportions alarmantes)

 

Mouchoirs en papier
Au moins 1.510 enfants, dont trois-quarts de syriens, vivent ou travaillent dans les rues libanaises, selon un rapport publié l'année dernière par des agences de l'Onu, des ONG et le ministère du Travail. Le Liban accueille plus d'un million de Syriens ayant fui la guerre, dont un grand nombre de familles vivant dans la pauvreté et forcées d'envoyer leurs enfants travailler dans la rue.

Les auteurs du rapport s'accordent toutefois à dire que le vrai nombre d'enfants dans les rues pourrait être trois fois plus important. Au moins 43% d'entre eux font la manche et 37% vendent des bricoles comme des mouchoirs en papiers ou des chewing-gums. D'autres portent les sacs de courses ou cirent les chaussures, pour une rétribution quotidienne comprise entre 3 et 12 dollars (2,7 et 10,75 euros). Beaucoup sont exploités y compris dans la prostitution et touchent entre 21 et 36 dollars par jour (18,8 et 32,2 euros).

"Ce projet donne l'opportunité aux jeunes des rues d'acquérir une formation qui les aidera dans leur avenir et leur permettra de passer moins de temps dans la rue", explique Sara Mabger, responsable du programme à l'IRC.

 

(Lire aussi : Azzi lance un site de lutte contre le travail des mineurs)

 

'Plus jamais la rue'
Plusieurs boutiques d'habillement, des cafés et des pâtisseries participent à l'initiative.
Fadi Jaber, 36 ans, gérant d'un magasin de fleurs, raconte comment l'ONG lui a proposé de former Raed, un jeune Syrien de 16 ans, arrivé d'Alep il y a trois ans. "J'ai accueilli l'idée favorablement. S'il veut un jour exercer ce métier, il pourra le faire dans son pays au lieu de perdre son temps dans la rue", dit-il.

Le programme inclut également de jeunes Libanais, parmi lesquels Assaad, 20 ans, originaire d'un quartier pauvre de la ville de Tripoli, au nord. Dans une petite boulangerie dans le centre de Beyrouth, il prépare le pain pour une importante clientèle d'habitués.  "J'ai appris à préparer la pâte, la quantité de sel à utiliser et la façon d'étaler les pains qui sortent du four", raconte-t-il fièrement.

Le propriétaire de la boulangerie, Mohamed Qassem, est un Syrien de 30 ans qui habite au Liban depuis des années. "J'ai quitté la Syrie en étant jeune et j'ai rencontré quelqu'un qui m'a donné une opportunité. Je voudrais à mon tour pouvoir donner une chance à quelqu'un dans le besoin", explique-t-il.

Même si les organisateurs ne peuvent pas garantir que les participants ne retourneront pas dans la rue après la formation, ils espèrent recevoir les financements nécessaires pour soutenir ceux qui souhaiteraient poursuivre leur apprentissage. Pour certains jeunes, comme Raed, le choix est déjà fait. "J'ai juré de ne plus jamais retourner dans la rue".

 

 

 

Pour mémoire
Cri d'alarme de l'Unicef : plus de 12 millions d'enfants non scolarisés au Moyen-Orient

Les trois quarts des enfants des rues sont syriens, seuls 10 % sont libanais

Le souvenir de ses deux années passées à vendre des billets de loterie et des mouchoirs en papier dans les rues de Beyrouth semble aujourd'hui bien lointain pour Ibrahim, 18 ans. Occupé à confectionner des bouquets chez un fleuriste du quartier de Cola, ce réfugié syrien confie: "Mon état d'esprit a beaucoup changé. Grâce aux fleurs, j'oublie ce qui nous est arrivé, j'oublie...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut