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Liban - Les archives racontent...

La rentrée des « 3 ans » Symphonie pour pleurs et grincements de dents

Dans « L'Orient-Le Jour » du 3 octobre 1974

Pour des centaines de petits enfants libanais, la journée d’hier a été des plus larmoyantes. Les grandes eaux, et pour cause… c’était leur première rentrée. Ils quittaient le cocon familial pour la maternelle. Et ce voyage ne s’est pas fait sans bruit…

Mercredi 2 octobre. 7 heures 30.
Des « hauts comme trois pommes » portant des cartables qui contiendraient toute l'Encyclopédie Larousse trottinent près de leur maman, papa, grand-père ou grande sœur en direction du « Petit » lycée de la rue de Verdun. Le pas est encore alerte.
Petit arrêt devant le portail de l'école, petit arrêt sans grincement de dents. Les « trois pommes » serrent, peut-être un peu plus fort, la main qui les accompagne. Dans la cour, les petits tabliers (...) se regardent sans, réellement, comprendre encore ce qui arrive mais commencent à s'agripper aux ourlets, aux basques, aux vestes. Ils sentent, confusément, que ce dont on leur parle 10 fois par jour depuis 10 jours se rapproche dangereusement. (...)
Il est bientôt 7 heures 45 et les parents entraînent leur progéniture de l'autre côté d'une barrière où des demoiselles toutes roses les attendent, avec le sourire, pour inscrire leur nom sur leur tablier. (...) Voilà que soudainement le chérubin aux yeux bleus (...), le marmouset à la fossette rigolarde, le pitchounet tout tendre (...) se transforment en véritables sirènes hurlantes. (...)
L'émotion commence à gagner tout le monde (...)
8 heures 10. Le (grand) Lycée franco-libanais. Je fonce chez les trois ans. (...)
Des marmots s'installent sur une chaise et commencent à bricoler comme si de rien n'était. D'autres versent quelques larmes vite séchées. Mais pour la plupart, quel chagrin ! (...) Ils trépignent, ils sanglotent, ils se roulent par terre, ils donnent des coups de poing à un adversaire imaginaire, ils titubent, ils débitent des phrases incompréhensibles (...) Ils serrent leur gros cartable, se clouent devant la porte de sortie, tournent sur eux-mêmes, foudroient du regard la jardinière... Et celle-ci, sereine comme si elle écoutait le Philharmonique de New York, de dire : « Vous savez chanter Frère Jacques ? ». Personne ne répond : « Frère, Jacques, Frère Jacques... dormez-vous?... » Pas d'écho encore. Elle dessine un lapin sur le tableau (...) et les yeux suivent. (...) Bien sûr, le coléreux continue sur sa lancée mais sans la même conviction. Une autre chanson... et le tour est (presque) joué. (...)
Si tous les chagrins du monde pouvaient ainsi...

Marie-Thérèse ARBID

Mercredi 2 octobre. 7 heures 30.Des « hauts comme trois pommes » portant des cartables qui contiendraient toute l'Encyclopédie Larousse trottinent près de leur maman, papa, grand-père ou grande sœur en direction du « Petit » lycée de la rue de Verdun. Le pas est encore alerte.Petit arrêt devant le portail de l'école, petit arrêt sans grincement de dents. Les « trois...

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