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Économie - Liban - Événementiel

La billetterie en ligne peine à s’installer au Liban

À l'instar de nombreuses activités de commerce en ligne, les ventes de tickets sur Internet sont loin de suivre la tendance mondiale. En marge des gros acteurs du secteur, quelques start-up croient pourtant en l'avenir du marché.

Selon les professionnels du secteur, la généralisation de la vente de billets en ligne au Liban n’est pas encore pour demain. Photo Spectral-Design/Bigstock

Si le marché de la billetterie libanais a, aux dires des professionnels du secteur, moins pâti de la conjoncture politico-sécuritaire que d'autres secteurs cet été, il fonctionne toujours à rebours de la tendance mondiale vers la dématérialisation des ventes. Alors que les ventes de tickets en ligne connaissent des taux de croissance annuels de l'ordre de 15 % en France, où elles absorbent 20 % des ventes de billetterie (en volume) en 2014 ; que, selon des estimations informelles, les ventes en ligne représentent environ 15 % des ventes au Moyen-Orient ; au Liban, elles plafonnent encore à 7 % chez Virgin et 8 % à la Librairie Antoine.

 

Obstacles
Contrairement à leurs homologues mondiaux, les poids lourds libanais de la billetterie franchissent timidement le pas. « L'année dernière, nous avons investi dans des scanners pour les billets électroniques ainsi que dans l'application mobile, qui ne représente que 1 % des ventes, mais nous n'avons pas de nouveaux projets pour le moment », témoigne Abdo Husseini, directeur général de Ticketing Box Office, qui gère la billetterie du leader du secteur, Virgin. « Il faudra encore attendre 10 à 15 ans avant que le paiement en ligne devienne la norme », pronostique-t-il, pointant du doigt une série d'obstacles. À commencer par la qualité des connexions qui « (l')empêche d'installer des machines de distribution connectées. De plus, les connexions 3G faibles sont facilement coupées lors de grands événements par le matériel de brouillage utilisé par les VIP, entraînant des problèmes d'utilisation du scanner des billets électroniques », déplore-t-il. « Le Libanais craint des connexions Internet qui peuvent être coupées, des transactions mal faites, des coupures d'électricité », ajoute Joyce Roux, responsable de la billetterie à la Librairie Antoine.
Autre obstacle : la législation libanaise, qui permet au client de demander le remboursement de son billet électronique s'il n'est pas allé à l'événement, et ce jusqu'à trois mois plus tard. En cas de fraude, l'organisateur n'est pas couvert par son assurance. « À la porte, nous sommes obligés de demander au client sa carte d'identité ainsi que la carte de paiement utilisée. À la fin, nous appelons les clients qui ne sont pas venus afin de savoir s'ils vont faire une réclamation », explique Abdo Husseini.

 

Points de paiement
Délaissée par les grands acteurs, la vente de tickets en ligne suscite néanmoins les convoitises de start-up spécialisées, bien plus optimistes quant au potentiel du marché. « D'ici à 2020, 80 à 90 % des billets seront achetés sur Internet : c'est clairement l'avenir », veut croire Sami Tuéni, qui a lancé fin février Ihjoz, une plate-forme de billetterie électronique. Mais comme son concurrent Presella, seule la moitié des 150 000 tickets qu'il a vendus depuis 2013 l'a été en ligne. « Grâce à un bon marketing, on a pu atteindre l'année dernière le ratio de 90 % de ventes en ligne lors d'un concert avec Beirut Jam Sessions », s'enorgueillit Walid Singer, directeur général de Presella, qui revendique une croissance de 37 % et l'équivalent d'un million de dollars de vente de billets en deux ans. Reste que pour accompagner cette croissance, il a choisi de compléter son offre avec un maillage de 500 points de ventes temporaires via des partenariats avec des librairies ou des cafés. Une stratégie également suivie par Ihjoz : « Au Moyen-Orient, 70 % des achats en ligne sont payés en espèces à la livraison, une option difficile pour nous car on ne livre pas un produit numérique. On a résolu ce problème en créant un réseau de 140 points de vente et 600 points de paiement », explique Sami Tuéni.
Autre défi : briser le quasi-monopole de Virgin auprès des organisateurs d'événements. « Au début, on s'est focalisé sur les événements non couverts par les acteurs traditionnels, comme des ateliers ou des cours de photographie. Cela nous a permis d'acquérir une réputation et de couvrir de plus gros événements », ajoute Sami Tuéni. Pour convaincre les organisateurs, les start-up misent sur des commissions moins élevées en moyenne, 0,99 dollars par ticket plus 2,5 % de frais de billetterie par exemple pour Ihjoz contre 4 à 5 % chez Virgin, ainsi qu'une certaine flexibilité d'utilisation. « Sur notre plate-forme, un organisateur peut créer un événement en ligne en quelques minutes. Mais il est plus difficile de convaincre certains dinosaures de changer leurs habitudes », concède Walid Singer. Les start-up doivent aussi trouver une certaine force de frappe financière : les fondateurs de Presella, qui ont déjà levé plus de 425 000 dollars, cherchent 1,5 million de dollars pour développer leurs activités dans la zone Mena.

 

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